Chut, Secret

Chapitre 1

Nous sommes en septembre, plus précisément la veille de la rentrée scolaire dans ma nouvelle ville. Je viens d'Acapulco, l'espagnol est ma langue maternelle et je parle couramment l'anglais, mais suite à un problème dans mon ancien lycée qui a duré plus d'un an, je me suis retrouvé du jour au lendemain à déménager à 2590 km de là où je viens pour atterrir à Denver au Colorado.

Ce qui fait qu'en ce moment même, je me trouve devant l'aéroport en attendant patiemment notre voiture, je ne peux pas dire que cette ville m'attire particulièrement. Ça fait au moins une bonne demi-heure avec ma mère qu'on patiente pour la voiture qu'elle avait achetée sur un site internet de voitures, des mois plus tôt. Alors que je suis sur le point de soupirer pour la centième fois de la journée, une BMW X6 E71 rouge bordeaux, se gare juste devant nous. Elle est sublime ! Et je m'y connais en voiture, surtout depuis que j'ai huit ans, mon père, qui lui, est resté pour son « travail » à Acapulco, m'a tout appris.

Ma mère me fait signe pour mettre nos bagages dans le coffre, je sais que mon père avait fait le nécessaire pour le camion de déménagement qui devrait être devant notre nouvelle maison. On roule pendant deux, trois heures et quand on arrive enfin, j'en reste bouche bée. Elle est grandiose, plus grande que celle où je vivais avant la façade de la maison est peinte en grise et des petits escaliers en bois de couleur blanche sont visible de là où je me tiens, on décharge la voiture et au même moment, je vois le camion arriver, je jette un coup d'œil à ma droite puis à ma gauche et remarque que toutes les maisons se ressemblent, sauf peut-être, la couleur qui change à chaque fois. Plus tard dans la journée, je suis en train de déballer les cartons de ma chambre, les déménageurs ont déjà placé les meubles un peu partout dans la maison.

J'entends ma mère qui m'interpelle d'en bas :

— Emma, peux-tu venir m'aider avec le dernier carton, je suis dans la cuisine.

— Deux secondes, je finis avec le mien !

— D'accord.

Je finis de déballer le carton de ma chambre, puis je descends les escaliers et me dirige vers la cuisine.

— Je suis là, où est le carton ?

— Celui qui est derrière toi.

Je le récupère et le pose sur le plan de travail, en commençant à le vider.

— J'ai hâte que tu te fasses de nouveaux amis ! me dit-elle.

— Mamá, on en a déjà parlé toi et moi, quand ils apprendront qui je suis, ils auront peur de moi.

— Mi princesa, ne dis pas ça...

— On peut changer de sujet s'il te plaît ?

— Très bien, qu'est-ce qu'on fait ce soir ?

— Soirée pizza et film ?

— D'accord, mais c'est moi qui choisis les pizzas !

Il est vingt-deux heures quarante-cinq, ma mère s'est endormie au bout de trente minutes du film. Je la secoue doucement pour qu'elle se réveille.

— Mamá réveille-toi, tu seras mieux dans ton lit.

Elle se réveille et me sourit encore un peu endormie.

— Tu n'es pas allé te coucher ? Tu as cours demain.

— Je ne voulais pas te laisser dormir sur le canapé, buenas noches.

— Gracias, mi querida. Buenas noches.

Je monte l'escalier et me dirige vers ma chambre, je récupère mon téléphone posé sur mon lit et le mets en charge, puis je m'y allonge et repense à ma vie d'avant, ceux qui se disaient mes « amis » avant d'apprendre qui j'étais... Je secoue la tête pour arrêter d'y penser, je ferme les yeux et m'endors rapidement.

Le lendemain, il est six heures quinze, je me réveille en grognant et me dirige vers ma salle de bain, après m'être douchée et brossé les dents, je décide de porter, un jean noir déchiré au niveau des genoux et des cuisses avec un débardeur blanc et un gilet long troué par-dessus, puis j'enfile mes bottes noires et récupère mon sac, je descends les escaliers et trouve ma mère en pyjama une tasse de café à la main.

— Alors prête pour ton premier jour ?

— On peut dire ça.

— Ça va bien se passer, je te le promets.

— Si tú lo dices... Est-ce que papá t'a appelé hier soir ? demandé-je avec une petite voix.

— Non pas encore, mais tu ne dois pas t'inquiéter.

— Ouais comme à chaque fois, je t'attends dans la voiture.

— Je mets mes chaussures et j'arrive.

Je sors de la maison, claque la porte et marche vers la voiture, quelques minutes plus tard ma mère arrive et s'installe à mes côtés.

— J'espère qu'ils n'ont pas fait d'erreur, et qu'ils ont bien mis mon nom de jeune fille au lieu de notre nom de famille.

— Je l'espère aussi... murmurais-je.

Je l'espère tellement.