Chut, Secret

Chapitre 9

— Ça me blesse vraiment que tu penses ça de moi, dit-il en mettant une main sur son cœur et prenant un ton théâtral.

— Pauvre petit, tu veux une sucette ?

— Ça dépend laquelle, répond-il avec un sourire malicieux.

— Tu sors, maintenant !

— Ok, ok, tu es sûre que tu ne préfères pas dormir comme ça ? me demande-t-il en s'éloignant.

Je claque la porte juste après son départ. Je l'entends rire de l'autre côté, et je souris. Je retire mes sous-vêtements et me glisse dans la douche. J'entends une porte s'ouvrir avant de se fermer. Puis deux voix masculines qui résonnent.

***

La porte de ma chambre s'ouvre et fait apparaître Mélo. Je me lève d'un bond.

— Alex, pourquoi tu es tout seul ?

— Pour rien.

— Mmmh, il y a une fille ici, c'est qui ?

— ¡Nadie!, il n'y a aucune fille !

— Tu vas me dire que ta douche est hantée ?

Il regarde la porte en même temps que moi et je sais très bien à quoi il pense. On se précipite tous les deux jusqu'à la porte, mais Mélo l'ouvre plus vite que moi. Un cri retentit dans la salle de bain.

— Aaaah ! crie Emma se tournant vers nous.

— Ma parole, tu t'es fait Johnson en à peine deux jours ! dit-il en éclatant de rire.

— Dégagez !

Je prends Mélo par le bras et referme la porte. Mélo a toujours un sourire idiot collé sur le visage.

— Arrête de sourire comme un imbécile.

— Tu t'es fait Johnson mec, félicitations.

— Je ne l'ai pas... On a juste mangé ensemble.

— Oui, oui. Du peu que j'ai vu, elle est sacrément bien foutue la tigresse !

— N'y pense même pas ! Elle est à moi.

— ¿Estás loco? J'imagine qu'elle n'est pas au courant ?

— Non, elle ne l'est pas. Enfin pas encore.

Soudain, on entend la porte s'ouvrir et Emma en sort, les cheveux mouillés avec mon tee-shirt beaucoup trop grand pour elle. Elle est vraiment canon.

***

— On n'a absolument rien fait, me justifié-je auprès de Mélo.

— Ne te fatigue pas, je lui ai déjà dit.

— Mais je ne vous crois pas un seul instant.

— Et puis, c'est quoi votre manie d'ouvrir les portes sans frapper ?

— Je voulais juste voir avec qui Alejandro était. Il y a six jours, il nous a ramené une Australienne. Elle était...

— Je crois qu'elle a compris, s'exclame Alejandro en l'interrompant. Tu devrais aller te coucher Mélo, tu es fatigué.

— Tu rigoles ? Je suis comme un gamin à Noël ! déclare Mélo. Et si la tigresse est mon cadeau, je l'accepte avec plaisir.

— Tu as cinq secondes pour bouger de ma chambre !

Il nous regarde tour à tour et sourit.

— J'ai compris, je vous laisse les amoureux.

— On n'est pas amoureux ! crié-je alors qu'il était déjà parti.

— Il est tard, allons-nous coucher.

Je me couche sur le lit d'Alejandro pendant qu'il commence à marcher vers la porte. Je me sens un peu coupable de lui prendre son lit alors qu'il m'a invitée à manger et dormir. Avant qu'il ne franchisse la porte, je l'arrête.

— Martínez ?

— Oui ?

— Je voulais... te demander si...

— Accouche.

— Tu peux venir dormir à côté de moi.

Il me lance un regard suspicieux et croise les bras.

— Quoi ?

— J'attends juste la chute de la blague.

— Il n'y en a pas. Je me sens coupable d'avoir pris ton lit, mais il y a des règles.

— Tu ne viens pas de dire à l'instant que c'était mon lit ?

— Primero, aucun contact physique. Segundo, on va installer un périmètre de distance. Y para terminar, lundi tu ne racontes à personne que j'ai dormi chez toi, et encore moins dans ton lit. C'est clair ?

— Quand tu ne dis aucun contact...

— C'est tout que tu as retenu ?!

— Est-ce que j'ai le choix ?

— Non.

Il se lève et je remarque qu'il est en boxer. À quel moment a-t-il retiré son jean ? Je détourne le regard et lui demande :

— Est-ce que tu aurais des coussins ?

— Ouais, je reviens.

Il part pendant quelques secondes puis revient avec trois coussins.

— On va les mettre au milieu du lit pour le séparer en deux.

— C'est franchement ridicule.

— Je prends le côté droit.

— C'est mon lit, alors pourquoi je ne choisirais pas mon côté pour dormir ?

Je ne lui réponds pas, puis m'allonge. J'ai du mal à m'endormir alors que j'entends déjà Alejandro pioncer, et c'est ainsi que la nuit passe malgré tout. Le lendemain, j'ouvre mes yeux lentement avant de bâiller. Alejandro dort toujours quand j'entends des voix dans la chambre.

— Je n'arrive pas à croire que j'ai perdu, murmure une voix.