OS - Peut-être, ou peut-être pas.

922 76 36
                                    

Le bruit sourd de mes pas semble éveiller la rue sombre et silencieuse dans laquelle je me trouve. Mes chaussures claquant contre le bitume provoquent un écho dans cette petite ville perdue et complètement morte si je puis dire.

Je ne sais pas où je vais, je ne sais pas où je suis et je n'en n'ai aucunement peur. Je respire l'air frais de cette nuit humide et replace mon manteau sur mes épaules en me les frottant légèrement avec les mains. L'air est bien trop froid par rapport aux vêtements que je porte. En plus de cela, je suis complètement perdu et ne reconnais absolument rien. Peut-être devrais-je commencer à m'inquiéter, mais pourtant, je n'en tire aucune émotion.

Une habitude. Voici ce que c'est, une habitude. Le seul sentiment qui puisse émaner est l'habitude de ressentir ce sentiment de frustration. Pensez-vous qu'il est normal de foncer continuellement dans un mur sans pouvoir y faire autrement? Comme-ci cela était votre destin et que rien n'y pourrait changer quoi que ce soit. Moi je pense que cela est fort anormal et pourtant je viens de vous partager le résumé de ma vie, une porte fermée qui ne présente ni poignée, ni serrure. Ridicule, n'est-ce pas?

Je trébuche et sors brutalement de ma rêverie. Je me rattrape grâce à un mur et passe ensuite ma main dans mes cheveux blonds afin de les remettre dans ce que j'appelle une "bataille organisée". Je continue ma marche en tremblant toujours à cause de ce maudit froid. Je ne croise personne, je suis seul, cela doit être encore une fois mon bloody destin.

Pas un autre signe de vie que moi dans ces rues noires et monstrueuses. Pas même un chat, on pourrait dire. Parfois je me demande qui compte vraiment sur moi. Est-ce que quelqu'un chaque soir pense à moi en se demandant comment je vais? Si j'ai passé une bonne journée? Ou bien tout simplement si je suis toujours là? Non, je ne pense pas. Je ne me le demande déjà pas à moi-même, qui d'autre pourrait donc se le demander?

Mes jambes me mènent maintenant sur une place immense totalement vide. Ma soirée se résume finalement à du vide, aussi bien dans cette foutue ville que sur les mots que je tente de placés sur mes sentiments. Je décide de m'asseoir sur un banc mouillé en attendant que mon corps me demande de rentrer, ou que mon esprit me supplie de s'en aller.

Vous n'avez pas besoin de me connaître, je vous l'assure. Si je vous racontais ma vie, vous me répondriez assurément : quoi de plus normal? Et vous avez raison, bravo. Ici, la vie se résume à cela, le tort ou la raison, sans jamais de juste milieu. C'est triste me dis-je intérieurement.

Vous n'avez pas besoin de connaître ma situation familiale ou professionnelle pour connaître le fin fond de mes sentiments. Vous avez simplement besoin de tendre l'oreille et de rester attentif à ce qui vous entoure. Être trop curieux entraîne parfois la cause principale de nos problèmes, croyez-moi.

J'aimerais être avec un ami, là, tout de suite. Rester sur ce banc qui me trempe le derrière et discuter de tout et de rien jusqu'à l'aube. Seul problème, je ne peux pas. Non pas que je sois un être totalement solitaire et exclus de ce monde mais je n'en ai pas la force. Vous savez, quand chaque jour vous vous battez contre vous-même pour sortir de votre propre solitude sans y parvenir, le courage s'éloigne et l'espoir n'est plus qu'un lointain souvenir pour vous.

J'ai bien un ami, un asiatique, drôle, sarcastique et attentionné à la fois. Je ne vous en dirai pas plus sur lui car, encore une fois, vous n'avez pas besoin d'avoir une description détaillée de sa vie pour connaître la place qu'il occupe dans la mienne. Non, ce n'est pas un de mes amis d'enfance mais c'est une des rares personnes sur laquelle je peux compter. Voyez-vous, cette personne qui vous écoute continuellement et connaît les moindres détails de vos troubles émotionnels, qui tente de vous aider, qui y parvient un moment, mais lorsqu'elle n'est plus à vos côtés durant même un court instant, son aide se volatilise instantanément. Voici une des rares personnes à qui j'essaie de penser le plus fort possible lorsque je vais mal ou que je me demande pourquoi je suis toujours ici. Voilà, vous savez le principal sur lui.

J'aperçois en face de moi un immeuble, il y a des escaliers qui donnent un accès sur le toit. On doit avoir une vue incroyable en haut! Criais-je à moi même. Et oui, parler à moi-même est bel et bien un des nombreux signes de ma profonde solitude.

Je décide donc d'emprunter ces escaliers afin de monter sur le toit. Je m'avance jusqu'au bord et me penche lentement pour apercevoir comment donnait la ville vue d'en haut. Et bien, toujours peu accueillante mais très impressionnante constatais-je. Je m'accroupis et m'assois sur le rebord du toit, les jambes pendant à l'air libre. Je n'ai pas peur, je n'ai jamais peur.

Ma contemplation s'arrête au moment où un rire vient perturber ce pesant silence nocturne. Je cherche d'où me parvient ce bruit jusqu'à ce que j'aperçoive deux jeunes traverser la place pour, au final, s'y arrêter au milieu. J'y observe une fille brune qui rie aux éclats et qui, en ce moment, a l'air particulièrement heureuse. Et à côté, il y a ce brun aux multiples grains de beauté. Il rie également en regardant la fille à ses côtés avec une grande fierté. Ils ont l'air heureux, mais le sont-ils vraiment? Ça, c'est une autre grande question.

Ils ont l'air de tenir l'un à l'autre et bien que je ne connaisse pas le fruit de leur relation, qu'elle soit amicale ou bien amoureuse, ils ont l'air de profondément s'aimer l'un l'autre. J'ai toujours voulu connaître ce sentiment, être profondément aimé et admiré par une autre personne dont ce sentiment est partagé. Malheureusement, j'ai remédié à ce sentiment lorsque j'ai remarqué que cela était impossible que quelqu'un ne s'intéresse à toi lorsque, dès le départ, tu ne t'acceptes pas toi-même. En effet, comment veux-tu que quelqu'un t'aime si déjà, tu n'apprends pas à t'aimer? Plus facile à dire qu'à faire Newt, merci. Ah, je vous ai dit mon prénom. Ce n'était pas volontaire, je vous ai dévoilé un détail de ma vie personnelle sur lequel vous pourriez déjà me juger alors qu'ici n'est pas le problème. Enfin, passons.

J'observe ces jeunes ayant l'air particulièrement heureux avec une boule au ventre, que je ne connais que trop bien. J'ai ce sentiment d'avoir loupé quelque chose, d'être devenu la mauvaise personne, celle que je ne voulais pas être. Ce sera toujours les autres avant moi. Moi? Je ne serai que le remplaçant. Or, je ne souhaite pas devenir une option, je ne l'ai jamais voulu.

Qui suis-je? C'est une question bien trop compliquée que tu me poses maintenant. Tu dois me trouver barbant pour un jeune qui devrait profiter de sa vie avant que celle-ci ne le rattrape, n'est-ce pas? Je te l'accorde oui. Mais s'il-te-plaît, avant de me juger, écoute-moi. Pas seulement moi, écoute-nous. Nous tous qui ressentons ce sentiment d'abandon qui nous plonge dans une dure et profonde solitude qui nous perd nous-même.

Je regarde ce garçon. J'aurais aimé le connaître. Peut-être aurions-nous été amis, peut-être pas. Ça, je ne le saurai jamais. Je me relève du toit tout en restant au bord. Je fixe le sol, ou plutôt le visage de cet inconnu ensoleillant ce noir absolu. Je le regarde sourire.

T'aurais pu être celui qui aurait tout changé, ou peut-être pas. T'aurais pu être celui-là. Peut-être que tu m'aurais détesté, ou peut-être pas. En tout cas, pas plus que je ne me déteste déjà. S'il-te-plaît, continue de sourire, je t'en prie. Souris pour moi, qui n'ai plus la force de le faire.

Il tourne la tête vers moi et perd son sourire qui se transforme en une moue désignant son incompréhension. Je lui souris en le remerciant d'avoir été là dernière chose que j'aurais pu voir avant de m'enfoncer dans un autre vide, plus immense que moi-même, mais qui se termine plus rapidement. Nos yeux se transpercent, et je sais qu'au fond, il comprend ce que je lui dis.

Je ferme les yeux, prêt à m'enfoncer dans les ténèbres, prêt à foncer vers l'inconnu. Peut-être que ma situation future sera meilleure que mon actuelle, ou peut-être pas. Je fixe une dernière fois ce vide devant moi juste avant de le rejoindre en sautant de ce toit que je trouvais si impressionnant.

J'ouvre les yeux, mais ne vois que du blanc, de la lumière. Peut-être que c'est cela le paradis me dis-je, ou peut-être pas. Ou peut-être que tout cela n'était qu'un simple rêve, ou peut-être pas. Dans tous les cas, tu ne le sauras jamais car la seule chose que je voulais te partager était mes sentiments. Or, tu sais déjà tout, maintenant c'est à ton tour. Que vas-tu faire aujourd'hui grâce à tout ce que je t'ai partagé?








D'habitude je n'aime pas particulièrement les OS mais j'avais une soudaine envie d'en écrire un et je ne sais pas du tout quoi en penser. Je suis vraiment désolée si cela ressemble à brouillon ou si parfois c'est incompréhensible mais l'histoire m'est venue pendant l'écriture et je n'ai pas voulu la changer.
J'espère tout de même que cela vous aura plu.

~~

Peut-être, ou peut-être pas. [Newtmas OS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant