Chapitre 3 ✨[ Un souvenir aux oubliettes]

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...
Je sais ce que je dois faire.

C'est impardonnable mais je ne suis pas à ça près.

Il n'y a pas d'autre solution.

J'ignore la sensation de vide qui creuse mon ventre alors que je resserre discrètement les doigts autour de ma baguette.

- Oubliettes !

...

Soirée du départ de Harry et Dumbledore

Pdv Hermione :

J'ai mis longtemps à retrouver mes souvenirs de cet après-midi. Trop longtemps. Il n'existe pas de contre-sort aux sortilèges d'amnésie, un sorcier puissant doit faire remonter les souvenirs enfouis par la force de sa volonté. Je ne pouvais m'adresser à personne ni le faire moi-même - les risques sur mon esprit sont trop grands- alors j'ai du utiliser des exercices mentaux pour la mémoire. Tous les soirs et pendant plusieurs heures, je m'accrochais à une phrase, une image et essayais de retrouver la suite. Un travail de fourmi, surtout que la tension dans ma poitrine ne cessait de grandir. Je sentais confusément que le temps était compté mais je ne pouvais pas faire autrement. Et petit à petit, des mots, des sentiments me sont revenus. Pour finir par former la scène en entier.

Les larmes sur le visage de Malfoy, son air bravache mais son regard terrorisé, le tatouage immonde sur son bras gauche, la peur dans sa voix. Mais surtout, l'horreur de sa situation. J'ai déjà eu peur pour les garçons, mais jamais je n'ai dû tuer pour les sauver. J'ai imaginé sa vie au manoir avec Voldemort, la déchéance des ses parents adorés, l'humiliation alors qu'il a toujours été choyé. L'incompréhension et la solitude. Le sentiment d'abandon et de désespoir quand il a réalisé que rien ne pourrait l'aider, que sa place et ses amis étaient devenus inutiles. Le poids sur son cœur, la souillure qu'il devait ressentir.

Malfoy est un idiot, cruel et prétentieux. Mais il n'est pas un tueur. Juste un adolescent imbu de lui-même, fier de sa naissance, plein de préjugés. Mais je ne crois pas qu'il soit vraiment mauvais et qu'il soit prêt à commettre des atrocités pour ses idéaux racistes. Je refuse que Voldemort l'y oblige, qu'il ait du sang sur les mains à dix-sept ans. Et qu'il se perde parce qu'un adulte cruel l'a décidé pour punir son père. C'est une bouse de dragon mais il ne mérite pas ça. Personne ne le mérite.

Quand mes souvenirs sont revenus, mon premier réflexe a été de prévenir Dumbledore. Mais je ne pouvais risquer d'attirer l'attention en y allant moi-même. Je lui ai écrit une lettre pour l'avertir et lui demander de faire quelque chose pour les parents de Malfoy. Je l'ai glissé dans une boite de bonbons que le directeur aimait à avoir sur son bureau grâce aux elfes de maisons et j'ai attendu. J'ai commencé à surveiller Malfoy comme Harry le faisait, mais discrètement et surtout la nuit, quand je pouvais emprunter la carte du maraudeur sans qu'il me voit. Je m'en suis voulue de ne rien pouvoir leurs dire mais j'étais tellement inquiète et tellement concentrée sur le moyen de le sauver que je n'ai pas trouvé le temps de les avertir. Et puis Harry avait à faire avec les missions de Dumbledore, et Ron m'énervait tellement... J'ai cru pouvoir l'aider seule, discrètement, sans que personne ne le sache et surtout pas le principal concerné.

Mais les choses se sont trop rapidement enchainées.

Ce soir, avant sa leçon avec Dumbledore, Harry est venu nous demander de patrouiller dans les couloirs. J'ai su instinctivement qu'il avait raison, qu'il allait se passer quelque chose. Je ne sais pas si Dumbledore m'a écoutée, mais il ne s'est passé que trois jours entre ma lettre et cette soirée. Je n'ai pas eu de réponse de sa part, alors je suis la seule restant à l'école pouvant stopper Malfoy.

Ron me jette un regard d'incompréhension après que notre meilleur ami soit parti en trombe. Je suis déjà debout, et je réfléchi comme je peux. L'appréhension me mord le ventre. Il y a beaucoup à protéger ce soir.

- Je vais chercher les pièces de l'A.D et Ginny. Ron, réveille Neville s'il te plait. On se retrouve là dans deux minutes, puis on ira devant la bibliothèque ensemble.

- Tu... Tu crois vraiment que...

- Oui, j'en suis sûre. Dépêche-toi !

Quand tout le monde est là, on part en courant vers la bibliothèque. Je serre la carte du Maraudeur et ma baguette convulsivement. Arrivé à l'endroit prévu, je soupire de soulagement. Presque tout le monde a répondu à l'appel des pièces, même si les visages sont majoritairement las ou agacés.

- Bonsoir.

Le silence se fait doucement. Je les vois chercher Harry des yeux, mais aujourd'hui les leaders seront Ron et moi.

- Merci d'être venus. On vous a appelé à la demande d'Harry. Ce soir, lui et Dumbledore vont chercher un moyen d'abattre Voldemort.

Ca frissonne parmi eux, mais je n'y prends pas garde.

- L'école sera sans protection, et nous savons qu'il peut se passer quelque chose. C'est pourquoi nous allons patrouiller dans les couloirs, pour donner l'alerte au moindre truc suspect.

- Mais... Qu'est-ce qu'on cherche ? Qu'est-ce qui va arriver ?

Ernie Macmillan... Celui-là, s'il s'était perdu en chemin le jour où on a créé l'A.D, les choses seraient plus simples. Je ne peux pas tout leur expliquer. Alors je mens un peu.

- On ne le sait pas précisément, mais on est certain que Voldemort veut entrer dans l'école. Celui qu'il a toujours redouté s'en va ce soir. Vous n'avez pas remarqué que le directeur évite de s'absenter pendant l'année ?

- Oui, mais...

- Non ! On n'a pas le temps. Vous nous faites confiance ?

Je regarde Ron droit dans les yeux en disant ça. Je sais qu'il se pose des questions, mais je dois pouvoir compter sur lui. Je vois sa réponse dans son regard et ça me réchauffe. Un murmure d'assentiment parcourt les élèves rassemblés autour de nous. Quelqu'un donne un coup de coude à Ernie, qui ouvrait déjà la bouche pour répliquer.

- Merci. Vous allez tous prendre quelques gouttes de la potion Felix Felicis, et on fera des groupes de deux. On va devoir couvrir tous les étages. Si vous croiser un professeur, partez en courant. Les retenues sont sans importance, mais il faut que tout le monde soit disponible ce soir. Si vous remarquez quelque chose, prévenez avec les pièces. S'il s'agit de quelqu'un... Prévenez aussi, cachez-vous puis quand il est passé et faites un maximum de bruit, criez et courez pour faire venir les profs qui patrouillent forcément aussi. De la lumière, des explosions... Comme vous voulez mais il faut réveiller toute l'école. Mais surtout ne prenez aucun risque, ne vous séparez pas et rejoignez une autre équipe en cas de danger. OK ?

Il y a un silence. Puis tout le monde s'agite. Ron distribue la potion, je fais les groupes et on se sépare. Seuls Ginny, lui et moi restons devant la bibliothèque. L'inquiétude envahit le visage de la rouquine, mais on n'a pas le temps. Je lui presse la main et je me retourne vers Ron.

- Tu vas faire équipe avec ta sœur.

Il ouvre déjà la bouche mais je pose la main sur son bras pour le couper.

- Je suis désolée mais j'ai un truc à faire avant de vous rejoindre. Et je dois le faire seule. Je te jure que je vais tout t'expliquer après, mais le temps presse. Faites attention surtout, hein ?

Il acquiesce lentement sans me quitter des yeux. Mon cœur se serre, et je sais qu'il voudra vraiment tout savoir pour me pardonner cette petite trahison. Je lui souris, puis je me détourne et je pars en courant.

Sur la carte, je vois le point avec le nom de Malfoy sortir de la salle sur demande, et se diriger tranquillement vers la tour d'astronomie. Sauf que... Il est suivît par de nombreux autres points, portant des noms que je n'aurais jamais cru y lire. La gorge nouée, je préviens les autres immédiatement, en augmentant la chaleur des pièces pour qu'elles brûlent presque leurs poches. Le danger est réel. Très réel. Je cours toujours en réfléchissant. J'entends vaguement des cris et des bruits sourds, et ma tension s'allège un peu. Ils ont eu mon message. En passant devant la porte du bureau de Flitwick, je profite de l'occasion pour la faire exploser. Et toujours en courant, je lance plusieurs maléfices lumineux et sonores qui vont ricocher partout dans les couloirs. L'un d'eux s'égare dans la galerie aux armures sur ma gauche, et le bruit de ferraille est assourdissant. Des portes s'ouvrent derrière moi. L'école est réveillée. Et en alerte.

Parfait.

Et si c'était elle qui m'avait vu pleurer ?  || FIN || Où les histoires vivent. Découvrez maintenant