Mauvaise foi

537 30 29
                                    

- Ça va ?

Je me retourne, sursautant, vers l'entrée du salon. Rémus me sourit, me regardant d'un air attentif. Je sais qu'il attend vraiment la réponse, et qu'il va y prêter attention, parce que c'est ce que fait Rémus Lupin.

- Oui, et toi ?
- Je vais bien.

Il s'assied sur le coin du canapé. Je croise son regard ambre et, vraiment, il a des beaux yeux. Ce n'est pas ma couleur préférée, mais ce n'est définitivement pas d'un marron trop banal comme les miens. Un autre regard, gris celui-là, s'impose à ma pensée et je le repousse.

- Qu'est-ce qu'il y a, Marlène ?
- Ben, rien. Enfin, il y a un match de rugby tout à l'heure mais j'aime pas tellement, c'est un sport de bourrins.
- Tu es batteuse de Quidditch, Marlène. Tu revendiques être un bourrin. De toute manière tu vois ce que je veux dire.

Ben non, je vois pas, j'entends. Il est pas très au point sur l'anatomie, lui. Ou alors c'est les métaphores, va savoir. Peu importe, je vois très bien, effectivement, et c'est précisément pour ça que je détourne la conversation. Et vu son regard de jugement, Rémus en a parfaitement conscience.

- Écoute c'est juste... Personnel.
- J'avais compris, oui. C'est toujours personnel quand tu refuses d'en parler.
- Nan ! Pas toujours... Juste quand j'ai pas envie.

Il se marre.

- Le jour où tu auras envie, fais moi signe.

Hé, c'est déjà arrivé plein de fois ! Enfin, au moins une. Je m'en souviens, c'était en cinquième année... la fois où James m'avait lancé un sortilège de confusion. Enfin bref, c'est déjà arrivé.

- De toute façon c'est pas grave, je te jure.
- C'est à propos de Sirius ?

J'éclate de rire d'un coup. Puis, tout aussi soudainement, j'arrête et lui lance un regard totalement blasé.

- Mais bien sûr. En fait je suis amoureuse de lui mais j'assume pas parce que je suis une petite fille au cœur fragile, au fond, tout au fond de moi, je lance d'une traite et d'un ton niais.

Il soupire. Puis regarde le mur, et d'un totalement détaché qu'il aurait employé pour parler de la tapisserie, réplique :

- J'aurais plutôt dit que t'es tellement solide que tu sais pas comment exprimer tes doutes, de peur de paraître fragile ou de le devenir.

Je reste figée, mon souffle s'étranglant dans ma gorge. Puis, avec un sourire à l'air un peu trop forcé :

- Tu compte lancer une agence matrimoniale ? Parce que tu ferais fortune.
- Merci. J'y ai pensé mais finalement je crois que je vais écrire des romans harlequin.

Je souris brièvement, puis ramène mes jambes contre moi, enserrant de mes bras mes genoux repliés, contre lesquels je pose ma joue. Alice appelle ça auto-câlin, Lily dit plutôt position fœtale. Peu importe, ça réconforte. Et j'en ai besoin pour mener une discussion personnelle avec ce mec, sérieusement beaucoup trop perspicace.

- Je vois pas pourquoi tu penses ça. Sérieusement, on s'est juste engueulés.
- Ouais. Je suis désolé mais on a jamais vu ça entre vous. Quand vous en avez marre ou que vous êtes en colère contre quelqu'un, Sirius se barre et erre dans les rues et tu t'enferme ou passe des heures à voler.  Mais hurler l'un sur l'autre comme ça...

Je soupire et joue avec un badge, agacée. Je sais très bien que c'est pas mon style, merci. Mais j'ai juste pas pu m'empêcher de répondre... Ça a juste dégénéré je crois, mais le truc c'est qu'on en est venu à des choses plus intimes. Genre, sentiments et tout. J'ai du mal à gérer tout ça. Alors je l'ai insulté et je suis partie. Mais lui-même avait l'air d'avoir envie de se barrer, alors...

- Ok. Admettons que y'a quelque chose sous cette dispute. Pourquoi forcément ça ? Le pas de l'amour à la haine, c'est bon pour tes futurs romans, mais dans la vraie vie c'est pas comme ça.
- Je sais pas, vos regards...

Je le regarde l'air de dire "me prend pas pour un botruc" et il ajoute :

- ... Et le mélange de vos odeurs plusieurs fois de suite.
- On s'est juste battu !
- En fin de soirée, ou tôt le matin, au point de mêler vos odeurs ? Je suppose que si tu rougis c'est parce qu'il fait chaud ici ?

Merde, il a étouffé mon excuse dans l'oeuf. De toute façon y'a pas de chauffage, j'étais pas crédible.

- ... Non... Je fais une allergie.
- Une allergie à quoi ?
- Aux poils de loup-garou ! D'ailleurs, tu ferais mieux de sortir de la pièce, je crois que ce serait mieux pour nous deux.

Je le regarde avec un sérieux extrême et il sourit avant de se lever et de quitter le salon. Je regarde la porte et souris légèrement à mon tour, parce que Rémus est quand même... Rémus. Et puis je me remets à bouder.
... De toutes façons, j'ai le droit d'être inquiète, non ? Quand on le laisse tout seul il fait que des conneries. C'est vraiment le gamin de service, Sirius. Heureusement que je suis là pour relever le niveau.

Voilà ! C'est assez court mais j'ai eu un bon délire. Si le contexte était pas clair, Sirius est en mission pour l'ordre et Marlène stresse. Ils ne sont pas à proprement parler en couple (pas encore... 😏) mais leur comportement à attiré l'attention de Rémus John Génie Lupin, qui va donc voir Marlène, ce qui donne lieu à ce petit dialogue ^^

Édit : J'ai modifié ce texte qui était un peu trop sérieux et que j'avais, sûrement, publié un peu trop vite.

Recueil d'OS BlackinnonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant