Corps et robe rouges // n.h

of

-          Niall ? demande-t-elle d’une voix hésitante.

Je me retourne, je lui fais face. Je la regarde droit dans ses prunelles brunes qui m’ont toujours fait perdre pied avec la réalité. Je perds pied, bêtement. Parce qu’avec elle, on a beau essayé de faire que notre vie soit remplie de surprise, elle reste toujours comblée par les habitudes prises à cause de nos sentiments que l’on refoule. Merde. Notre bulle s’installe, la terre arrête de tourner. Le temps s’arrête, dans nos têtes. Et j’aime cela, même si cela vient après que je le demande : au moins c’est venu. Et j’aime quand cela vient.

Sa main glisse dans la mienne, mes phalanges serrent les siennes, machinalement, et elle me laisse voir sa plus belle figure. Je tente de faire de même, mais je suis sur que je suis ridicule, tout tremblant, gêné comme un gosse à qui l’on présente une inconnue. Elle n’a pas l’air de tilter, mais bon, elle doit avoir pris le pli. Cela m’arrange autant que cela me dérange. Je ne veux pas qu’elle garde l’image de moi d’un sensible tout mignon qui ne sait pas faire homme un instant. Malgré cela, c’est ce que je suis, et je suis contente qu’elle m’aime comme je suis. Même si je ne suis comme cela. Je peux être un battant, contre l’imbattable. Mais l’imbattable, c’est abstrait. Et elle, elle est concrète. Alors, je reste niais, et je l’admire, en oubliant de répondre.

                Mais elle n’a pas l’air de vouloir me parler, en fin de compte. Elle voulait juste me voir, dans les yeux, encore une fois. Et cela me touche. J’essaie de ne pas pleurer, mais mes yeux s’humidifient. Je passe ma main sur mes yeux avec qu’elle n’ait eu le temps de le faire, mais je sens qu’elle desserre l’emprise de mes autres doigts pour enlever les quelques gouttes qui ont commencé à perler sur ma joue du bout de ses ongles, et je pleure de plus belle.

 

                Elle ne me mérite pas.