Trois ans plus tard.
Je m'affale dans mon canapé comme une grosse merde, épuisée par la journée harassante que je viens de vivre. Entre le nettoyage des boxes, l'installation du parcours d'agility, les sorties quotidiennes, les vérifications des stocks, les demandes de subventions, les besoins de parler de nos habituées, le nettoyage des parties communes du Mas, je suis lessivée. Je me sers une limonade bien fraîche, des gouttelettes glissent le long de mon verre, tant il fait chaud. Je soupire et ferme les yeux en sentant ma boisson couler le long de ma gorge.
Un gros poids vient me comprimer le ventre, je passe ma main dans son pelage sans avoir besoin de regarder de qui il s'agit. Eros se met à me lécher le visage tandis qu'un autre museau me soulève la main et qu'un aboiement couvre le silence temporaire. J'ouvre un œil puis l'autre quand Eros colle sa tête contre moi
- J'ai compris, j'ai compris. Vous voulez sortir hein ?
Pour toutes réponses, Athéna et Mahigan me rapportent leurs laisses.Puis tout les cinq vont s'asseoir devant la porte. Je souris comme une débile devant leurs airs enjoués. J'attrape mon téléphone sur le comptoir de la cuisine, et appelle ma colocataire.
- Déesse du sexe, à votre écoute. Que puis-je pour vous ?
- Navéa, tu es où ?
- Je suis chez Sylvain, pourquoi t'as un soucis au mas ?
- Sylvain, c'est qui lui ?
- Le nouveau prof de yoga.
- Et bah tu les collectionne, dis-je en rigolant. Donc je ne compte pas sur toi pour venir sortir tes monstres ?
- Laisse moi deviner, ils attendent devant la porte ?!
- Bingo. Je vais les sortir dans Montpellier un peu, pour les changer du mas.
- Tu veux que je rentre ?
- Non, non, ça ira.
- N'oublie pas..
- Les muselières, les papiers de détention et le spray au poivre, je sais maman. la taquinai-je.
- C'est bien ma fille, si t'as un soucis appelle, je débarque.
- Ça marche, à plus dans le bus.
Je raccroche, ouvre le placard destiné à nos monstres pour prendre le nécessaire. Une fois le spray dans la poche et les chiens préparés,j'ouvre la porte puis celle de mon petit fourgon où ils prennent leurs places, puis nous quittons notre refuge.
Je me gare près du centre ville, et les fait descendre un par un, je décide de nous promener du côté de la Comédie donc pour ce faire, nous passons par des petites rues désertes ou quasiment, les chiens sont plutôt calme et profitent de la promenade. Soudain un bruit de verre qui explose retient notre attention, Calypso se met à grogner mettant les autres en état d'alerte. Anko commence à tirer sur sa laisse dans la direction du bruit. Je suis contrainte de le suivre, Eros se colle à moi d'un côté et Athéna de l'autre, laissant devant Mahigan et Calypso qui forment une ligne de front avec Anko.
Je perçois des bruits de lutte, de grognements, de plaintes, un frisson me parcours et j'étouffe rapidement tout sentiment qui pourrait remonter, je garde mon sang froid et enlève les deux muselières de mes gardes du corps et rappelle Calypso pour ôter la sienne également, puis nous arrivons dans la ruelle. Les chiens m'entourent et grognent au fur et à mesure où nous approchons. J'essaie de les apaiser quand je vois Eros la queue entre les pattes.
- Hey, qu'est ce que vous faites là ? Dis-je d'une voix forte, qui se veux assuré.
Trois types plutôt costauds se retournent pour me faire face, rigolent et se remettent à frapper un type déjà à terre. Je ne peux pas laisser faire ça, et le temps que j'appelle les gendarmes, ce type sera peut-être mort.
- Lâchez le ! Criai-je.
- Qu'est ce que tu veux pétasse ? soit tu te casses, soit tu es la suivante. dit un des assaillants.
- Allez-y, je vous attends.
Un des mecs s'avance, mais Calypso et Mahigan se mettent à montrer les crocs encourageant les trois autres à grogner plus fort, cela arrêtant immédiatement le type en question
- Nous sommes trois, tu es seule, dit celui qui à l'air un peu plus téméraire.
- Erreur Sherlock, vous êtes trois et moi je suis accompagné d'un husky pratiquant le mordant, un chien loup tchécoslovaque craintif de l'homme donc qui pourrait se montrer agressif très rapidement, regarde d'ailleurs tu ne vois pas son dos hérissé et ses crocs ? Puis à côté tu as, un rottweiler éduquer à me protéger depuis bébé, puis enfin tu as deux amstaffs, qui ont été maltraités et n'ont pas confiance en l'homme. Oh et j'oubliais, ils obéissent tous au doigt et à l'œil, tu veux une démo ?
Je siffle, attirant l'attention des chiens, je claque des doigts et leur montre le sol, ils obéissent immédiatement et s'assoient,puis je re-claque des doigts et leur fait signe de se lever, ils répondent aussitôt à cette demande, et enfin je leur demande d'aboyer et sans surprise ils obéissent.
- Alors, je continue la démo en demandant d'attaquer ou vous faites marche arrière et vous partez
- C'est bon on se casse.
Puis ils partent en courant sans demander leur reste. Je rassure et félicite les chiens en les récompensant avec des caresses et des bisous, puis j'avance vers le corps au sol. J'ai l'impression qu'on vient de me balancer un seau d'eau froide en pleine face,je suis figée par la peur, et le doute, que dois-je faire?L'individu au sol, grogne et essaye de se relever. Je voudrais bouger mais je suis bloquée, les chiens ne comprenant pas ma réaction m'entourent et montrent des signes d'inquiétudes. Puis quand la personne réussi enfin à tourner la tête vers moi, il cligne des yeux à plusieurs reprises et me cloue sur place.
- Princesse, c'est toi ?
L'Homme m'a reconnu. J'ai devant moi la raison de tout mes changements,la raison pour laquelle j'ai failli mourir, la raison qui m'a permis d'ouvrir les yeux. La raison qui m'a offert mon second souffle. Je m'écroule à terre, et laisse les larmes dévaler mes joues.
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Second Souffle
RomanceQuand Zven est entré dans ma vie, je n'étais plus que l'ombre de moi même. Je ne me reconnaissais plus et me sentais prisonnière de mon quotidien. Mais ce grand blond et son odeur de pain d'épices va causer le déclic qu'il me manquait pour reprendre...