Ralph était clairement éberlué. Une situation aussi saugrenue sur Terre n'aurait jamais pu être possible normalement. Au fond, Ralph savait que cela devait arriver plus fréquemment qu'il ne s'y attendrait. Jamais il n'aurait cru que de petites créatures violettes s'attaqueraient si violemment à une grosse chose énorme humanoïde qui désirait le tuer. Il s'avérait donc effectivement que oui. Après l'attaque, l'Hasgaron se volatilisa comme s'il s'était téléporté, et les Krisps s'avancèrent gentiment tandis que Wika essayait de revenir à la berge avec peine et dureté. Le Krisp qui se battait avec quelque eau stagnante finit par claquer maladroitement des droits et se retrouva sur la tête d'un des trois autres qui faisaient désormais place devant Ralph.
- Wika ! Descends de là !, s'exclama celui du milieu d'un ton furieux en essayant d'atteindre le haut de sa tête de ses petits bras. Bonjour Ralph Ordwoka, dit-il en souriant et se rendant compte de l'homme devant lui. Je m'appelle Izwi, voici Loka et Manié.
- Euh ... Salut.
- Nous avons appris que vous étiez un Oreal justhan, dit le dénommé Manié. C'est un honneur de vous rencontrer !, s'exclama-t-il en sautillant sur place.
Lorsque Wika réussit enfin à descendre de la tête de son congénère Izwi, il vint à la droite de Ralph.
- Bas les pattes !, dit-il.
- C'est bon, Wika, tu n'as rien à craindre !
- C'est le mien, s'énerva le Krisp le plus près du protagoniste.
Tous froncèrent les sourcils, énervés, et les trois Krisps qui avaient combattu l'Hasgaron claquèrent de leurs petits doigts violets et Ralph n'eut le temps d'apercevoir que quelques étincelles blanches ou dorées avant d'être secoué et de se sentir mouvoir pour atterrir dans un stade de football vide. Il s'aperçut que Wika lui tenait un bout de son jean.
- Que ...?
- Je vous ai téléporté ici Ralph Ordwoka avant qu'ils ne vous fassent du mal, l'interrompit le Krisp.
- Pourquoi ?, demanda Ralph, intrigué. Ils avaient l'air sympa pourtant ...
- Vous vous méprenez, lui répondit Wika. Toutes les créatures peuvent vouloir votre peau, et même des Krisps, s'ils sont payés ou menacés. Alors faites attention, lui conseilla-t-il.
- Mais toi ...
- Méfiez-vous, c'est tout.
Wika n'avait jamais paru aussi courageux, alors que cinq minutes avant, il avait essayé de s'enfuir sur le lac à la vue d'un Hasgaron.
Voilà en quoi consistait donc la vie de Ralph maintenant : éviter de mourir une deuxième fois dans d'atroces souffrances. Autrement dit, ça serait totalement compliqué cette histoire ( Non, vraiment ? ).
Il n'était vraiment pas près pour ça !
Il alla alors s'asseoir sur les gradins du stade aux couleurs rouges et blanches, ses mains tremblantes, et y posa sa tête. C'était vrai que mourir était plutôt une bonne chose pour lui - étant donné sa vie compliquée - mais, à ce point ? Était-il nécessaire qu'il devienne un ... un Oreal ? Ne pouvait-il pas simplement mourir et se retrouver parmi les délaissés de l'univers en Enfer - enfin, au Sirhin ? Il aurait juste aimé être normal ...
*
*
*
Lorsqu'il leva enfin la tête d'entre ses paumes, Ralph ne se trouvait plus dans le stade où l'avait emmené Wika. Il était assis dans un parc qu'il connaissait bien, trop bien. Cela lui rappelait de nombreux mauvais souvenirs.- Je me suis ... téléporté ?
Évidemment, personne ne lui répondit malgré la nombreuses population qui gambadait, jouait ou pratiquait des loisirs et hobbies tous plus fous les uns que les autres. Assis sur un banc vide, il pouvait voir au loin une femme étrangement vêtue en train de dessiner ou bien peindre sur un large bloc-notes sur un trépied. Il détourna son regard et perçut alors un groupe de quatre personnes, deux femmes deux hommes, en train de s'étirer avant de s'engager dans un jogging amusant et endiablé. Le simple fait de les voir lui pinça le cœur, et le rendit encore plus malheureux et mélancolique. Il se sentait tellement triste ... Pour beaucoup trop de raisons à la fois ...
Il se leva, marcha machinalement le long d'un sentier de gravier crème très bien tracé au milieu de zones d'herbe bien fleuries ou arborées. Il sortit par un petit portail d'élégance gothique et s'engagea dans la rue, traversé par une femme d'une quarantaine d'années poussant une poussette qui entrait dans le large parc. Enfin, il atterrit dans un endroit qui le fit s'arrêter. Devant un pavillon, c'était la maison de ses parents. Une rancœur énorme lui rongeait d'un seul coup les entrailles et, lorsqu'il vit sa mère sortir de la maison et se diriger vers le garage, il sentit ses joues rosir, malgré qu'il ne fût plus qu'un fantôme. La porte du garage s'ouvrit toute seule avec une violence inouïe tandis que sa mère en était encore loin et distraite. Puis, elle retomba toute seule à nouveau avec encore plus de violence. La mère de Ralph ne put la réouvrir et appela alors le père de ce dernier :
- Judah ! La porte du garage ne s'ouvre plus ! Elle m'inquiète à faire de drôles de choses !
Peu de temps après, un grand homme, sévère, pas très accueillant apparut et rejoignit sa femme pour régler ce problème. À la vue de cet être abject, Ralph eu un pincement au coeur ( fictif, bien sûr ) et crut qu'il allait vomir, mais évidemment c'était impossible.
- Attend Mathilde ! Tu fais n'importe quoi !
Sa colère était monstrueuse, et il put même l'apercevoir lorsque son étrange poudre d'or s'approcha langoureusement de ses parents, mais, véritablement, il ne voulait pas leur faire de mal, ça avait dû être déjà si dur de perdre leur seul enfant - ou pas.
Il entra dans la maison avec pour objectif d'aller voir sa chambre - il se doutait que ses parents l'auraient soit aménagée en une nouvelle salle de bain ou alors n'y auraient pas touché. Lorsqu'il monta les escaliers, il se rendit compte que, justement, il pouvait monter les escaliers, et même qu'il ne passait pas au travers. Le pire, ce fut que, sous son poids, les frêles planches de bois grincèrent, ce qui l'étonna au plus haut point. Alors, une pensée lugubre et mesquine lui vint en tête, mais il l'oublia rapidement.
Il se retrouva face à cette porte en chêne, nue et usée. Voilà qu'ils avaient enlevé les petits accessoires qui faisaient la singularité de la porte de sa chambre. Il tenta de l'ouvrir, mais passa au travers. En effet, les morts passaient au travers du bois. Et là, ce fut la surprise totale.
Son lit était toujours present, Les draps en lin violet tirés à quatre épingle surmontés d'un gros oreiller rouge avec un traversin bleu. Il n'avait jamais aimé cet ensemble de couleurs, mais ça lui ressemblait. Son bureau blanc n'avait bougé, mais il était vide de la paperasse qu'il eut contenu. Son armoire en hêtre était poussiéreuse et vieille était la même que dans ses souvenirs. Sa guitare électrique violette et bleue à laquelle il n'avait jamais touchée était toujours posée verticalement contre cette armoire, proche de la fenêtre.
De sa chambre, il pouvait observer le jardin de la maison voisine. Ralph avait oublié le nom de cette famille parfaite, à l'opposé de la sienne. En bas, leur enfant cadet jouait au ballon autour d'un noyer. Ralph tourna la tête alors que celui-ci levait la sienne. Ses quelques peluches avaient disparu, mais ses posters étaient toujours bien présents, sauf celui d'Alec Lightwood, un personnage de la série fantastique Shadowhunters, incarné par l'incroyable Matthew Daddario, et son drapeau LGBTQ+. Ça ne l'étonnait pas de ses parents, eux qui l'eurent jeté de chez eux il y a quelques années pour ce qu'incarnaient ces drapeau et poster. Il admira alors ceux qui restaient sur le mur, puis ses livres sur la bibliothèque collée à son bureau, et revit des exemplaires de Harry Potter qu'il avait oubliés d'emporter avec lui quand il avait ... Attendez ! Le petit garçon de ses ex-voisins venait de le remarquer ?!
Il retourna à la fenêtre avec plus de virulence qu'escompté, et il traversa le mur de bois et plâtre de sa chambre, et atterrit violemment sur le jardin de ses propres parents, séparé par une simple barrière de bois de celui des voisins. Là, l'enfant avait les yeux rivés sur lui, d'un air à la fois intrigué et désintéressé.
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Universalys
FantasySur Terre, s'entremêlent autant la guerre que la paix. Ce n'est pas le cas dans les hautes-sphères, où règne la paix la plus impartiale. Ni dans les basses-sphères, où le chaos est impromptu à la douceur et au respect. Vous m'avez vraiment cru ? Mh...