Chapitre 13 (PDV: Jena)

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Les pulsations du cardiogramme étaient régulières, tout comme les mouvements de sa respiration, malgré tout cela son état physique en était tout le contraire. J'avais tellement besoin de la voir en si bonne forme que cela en était tellement frustrant.

Ma fille semblait si mal, et je ne pouvais guère l'aider, je ne pouvais pas agir parce que je n'étais pas dans la bonne contrée, et cela me révulsait.

Un homme courrait dans les rues, alors qu'il venait de violer ma fille. Il venait de faire ce que je combattais depuis plus de douze ans. Il avait enfreint la loi que nos ancêtres avaient créée pour protéger sa population. Il avait provoqué ce que les parents redoutent le plus quand ils ont un enfant... L'inquiétude, mais aussi la haine. La haine de voir son enfant souffrir sans avoir été présent pour le protéger, la protéger.

Nous étions trois, et aucun de nous n'eut l'occasion de l'aider, d'intervenir, et nous n'en n'aurons guère l'occasion par la suite. Excepté l'envoyer face aux tribunaux, si et seulement si nous le retrouvons avec des indices, des preuves, des aveux, tout ce qui pouvaient encore ne pas être pris en compte, si les aveux d'Evalia n'avaient pas été cognitivement troublés, ce qui arrivait dans nonante-cinq (= quatre-vingt-quinze) pourcent des cas, surtout en vue des événements. Je n'avais donc pas de doute pour savoir qu'Evalia allait n'être touché moralement, pas seulement d'avoir été salie, mais d'avoir raté sa sortie de secours : le suicide.

Je ne la quittais pas du regard, j'avais besoin de vérifier personnellement ses constantes, toujours stables, ce qui était opposé à nos comportements à Tony, Didier et moi-même. Tony avait le regard rempli de colère, de haine, mais aussi de larmes. Il pleurait, ce que je pouvais comprendre. Ses larmes étaient tout de même retenues, amers, mais ce n'était pas tout, la totalité de ses membres tremblaient en lui tenant la main, donnant l'impression de prier moralement. Didier, quant à lui, restait calme bien qu'il essayait malgré lui d'entrer en contact avec la police de New-York, bien évidemment sans succès, je ne pouvais pas comprendre comment la police de New-York ne bougeait pas alors qu'une adolescente était à l'hôpital suite à un viol. Tout viol doit être condamné, il n'y avait pas à bouger que si l'adolescente était l'enfant d'une personnalité. Non, on devait bouger pour tout le monde... TOUT LE MONDE ! Et cela était exaspérant autant pour les garçons que pour moi-même, moi qui essayais de rester calme, de rester moi-même. Mais il en était impossible.

Totalement impossible.

Ma fille souffrait intérieurement et je ne pouvais que la regarder, que rester là à rien faire. Mes larmes refoulées coulèrent, enfin, pour quelques-unes seulement, avant qu'un coup de revers les efface toutes.

Prise d'une incapacité à rester assise, je me permis de me lever, de m'approcher d'elle et ensuite caresser ses longs cheveux bruns. Malgré ses hématomes, ses contusions, ses mutilations, je continuais de voir la magnifique jeune femme qu'elle était et qu'elle sera toujours, bien qu'elle construise une carapace bien plus difficile à ouvrir pour la suite de sa vie.

J'avais peur qu'elle devienne sombre, qu'elle devienne l'opposée de ce qu'elle était, comme la plupart des filles dans son état. J'avais peur...

Je ressentais enfin ce que ressentait la dizaine de parents que je prévenais chaque mois pour annoncer ce qu'il venait de se passer avec Eva...

Le viol détruit énormément de jeunes, filles comme garçons, adultes comme enfants, mais cela ne détruit pas seulement une personne, mais cela détruit aussi la famille, bien que pas de la même manière. La famille n'aura plus confiance envers les inconnus, envers les membres de son entourage, mais sera très unie entre elle-même, plus personne ne va lâcher la victime, ils vont se reconstruire ensemble... Et devenir plus fusionnel qu'auparavant. Et connaissant parfaitement le schéma, il est inévitable que cela nous arrive avec Eva. Car c'est ensemble que nous avancerons.

Dans l'ombre de mon père [Marvel/Iron-Man]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant