Chapitre 1

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Mercredi 10 mai 1996. De cette date est né le sublime Mike. D'après les contes de ma mère, c'était une soirée ensoleillée. Maman se rouait de douleurs en se lamentant dans tous les sens. Je ne lui rendais pas la vie facile. C'était pourtant compréhensible car je suis un guerrier depuis ma procréation. Je lui donnai de violents coups sur le ventre comme pour dire que j'étais pressé de découvrir le monde des humains. Mon père assistant à toute cette scène savait que sa dulciné mettrait au monde un vaillant garçon, si vaillant qu'il saurait assurer la pérennité de son nom. Une heure, deux heures, cinq heures passèrent et toujours rien. Mon père n'avait toujours pas de nouvelles de sa femme et de son petit marmaut. Cette attente intenable le rendit agressif. Il brutalisait aussi bien physiquement que verbalement les infirmières car la seule chose qu'elles avaient à lui dire était qu'il se calme car sa femme est entre de bonnes mains.
Quand on en parle souvent à la maison, il nous dit que c'était cette réplique qui l'anxiétait le plus. En réalité, l'accouchement ne se déroulait pas très bien. Ma très chère mère était entre la vie et la mort. Elle reconnait par elle même qu'elle se sentait plus morte que vivante en ce temps là. L'exercice de ma venue au monde avait débuté le 9 mai à 16h pour s'achever à 1h du lendemain. Enfin je naquis. Vite fait, mon père fut informé. Ma mère venait de mettre au monde un mignon garçon. Tout de suite il voulu nous voir, mais pas moyen. Les visites n'étaient pas encore autorisées. Aussi tôt arrivé, le ciel voulu me rappeler à lui. Je ne poussais aucun cri. Je perdais la vie. Ma mère très éprouvée par mon accouchement, était inconsciente. Grâce à Dieu, de cette tumultueuse aventure, je triomphai.
Toujours inconsciente, on ne savait pas exactement si on l'avais perdu ou non. Ce n'est qu'au tour de 5h heures plus tard qu'elle nous reviendra. Me voir lui donnera des forces peu à peu. Elle pourra désormais me prendre dans ses bras si tendre dans lesquels je m'épanouissais. Si j'aimais ses câlins ? Je ne pouvais pas savoir. J'étais très petit. Que savais-je du bien et beau ? Tout m'étais égal. Elle aurait pu perdre sa vie en bataillant pour la mienne. C'est MON TRÉSOR A MOI

A MA MÈRE

« A toi, femme d'influence
A toi, femme en or.
A toi, femme d'importance
A toi, femme dont la parole ne cause point de tort.
A toi, femme, essence de mon être.
A toi Mère.

Avec force tu m'as enfanté
Avec attention tu m'as bercé
Tu m'as aimé, comblé et chouchouté
Tu m'as blâmé, corrigé mais au final aimé.

Même au plus bas de ta vie, tu as parfait la mienne
De tes bontés je m'enivre

A ma mère, à qui j'attribue un caractère suprême,
Je lui dédie en quelques vers ce message:
Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai. »

Amenti Donald

Nous rentrâmes chez nous. Je n'étais pas issue d'une famille riche. Encore mieux, si le mot précarité n'existait pas, j'aurais été ravis de dire que nous en sommes les auteurs. Notre condition de vie n'était pas des plus misérables mais elle mérite d'en parler. C'était à peine si nous prenions trois repas par jour. Je m'étais habitué à la bouillie d'une espèce de farine que maman faisait fondre dans de l'eau plate avant d'y mettre du sucre. Au départ c'était pénible mais avec le temps, je la buvais sans gêne. Je ne sais plus exactement ce que mangeaient mes parents. Cette mauvaise alimentation est à l'origine de bons nombres des maux sur ma santé . Sans alimentation, comment avoir les vitamines?

Je devais avoir trois ou quatre ans. J'étais l'un des rares enfants de ma génération à ne pas aller à l'école. Ce n'était certainement pas la faute à mes parents. Eux qui depuis toujours n'ont fait que se battre afin de ne pas perdre face à la vie. Le fait qu'ils aient été pauvre signifiait avoir rater le train de la vie? La réponse ne m'appartient pas. J'étais très timide et je ne m'exprimais en public pour aucune raison. Quand je n'étais pas d'accord avec une situation, je l'acceptais en silence. Je préférais souffrir intérieurement que de dire le fond de ma pensée. En vrai, j'avais toujours voulu m'exprimer mais je manquais de manière. Depuis petit, on m'a ancré le respect aussi bien des ainés que celui des plus jeunes. Aujourd'hui, je vois que j'avais confondu la notion de respect à celle de la naïveté. Avec le temps, j'ai compris qu'être trop obéissant, c'est être hypocrite car par respect, on s'épargne de dire certaines vérité de "peur de manquer de respect".

Je n'étais surtout pas pressé de commencer l'école. Me réveiller chaque jour à 6h? Se faire taper dessus comme un âne pour un peu? Ne plus pouvoir jouer quand je veux à cause des devoirs? NON!!! Disais-je en mon fort intérieur. Néanmoins, j'étais tenté d'y aller. Je voulais savoir pourquoi tout le monde y allait. Et aussi je voulais me faire de nouvelles connaissances. Je m'ennuyais quand mes amis étaient à l'école. A leur retour, j'étais ravi car le jeu pouvait commencer. Le moment le plus triste fit quand nous nous racontions notre journée. Ils avaient toujours de nouvelles histoires. Un jour ça pouvait dire qu'on a appris à colorier la canne du parapluie, un autre qu'on a utilisé la pâte à modéler. Moi je n'avais que pour passe temps le sommeil, et l'amusement. De quel genre de jeu s'agissait-il? Notre maison était entourée de grands arbres dont les branches mortes me servaient de ce qu'on appelle dans notre jargon familial "bodomes". Dans ma tête, je me les représentais comme des figurines télévisées. C'étaient pratiquement les seuls jouets durables que j'avais. A mon anniversaire ou à Noël, j'avais toujours de la nouveauté mais hélas. Ils ne faisaient qu'au trop une semaine. J'avais toujours cette folle envie de vouloir démonter mes jouets pour voir de quoi ils étaient fait. Une fois détruits, je regrettais mon geste et vite fait, je me redirigeais vers mes branches adorées. Bien que je n'étais pas scolarisé, j'étais "écolement" parlant plus chargé intellectuellement qu'eux. Chaque soir j'étais assis sur le banc des accusés. Mon père me donnait des additions, des soustractions à résoudre grâce aux tiges d'allumettes qui me servaient de bâtonnets. Il nous arrivait parfois de ne travailler que sur l'alphabet. Je n'avais l'autorisation de me lever qu'une fois que je produisais de bons résultats. A ces exercices austères on y mettais largement du temps. Parfois deux heures, voir trois. Je n'avais donc pas grand chose à envier à mes amis scolarisés. J'étais même peut être en avance sur eux. Dans tout ça, ma mère était tout autant serviable que mon père. C'est elle qui le calmait quand il était sur le point de me porter main. Elle avait cette petite sensualité qui savait l'apaiser même au paroxysme de son amertume. Pendant qu'on y ai, la santé de ma mère se détériore depuis un moment...

Pas comme les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant