CHAPITRE I

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« Eyrin!»

Je sursautai. Mon père venait de me rappeler à l'ordre alors que je pensait à ma prochaine évaluation tandis qu'il racontait pour la énième fois l'histoire de la famille. La raison pour laquelle nous avions tous un miroir au creux de la gorge.

« Oui papa?

—J'aimerais que tu m'écoutes quand je parles, c'est un principe élémentaire de politesse jeune fille!

— Mais je la connais par coeur cette histoire!

— Ce n'est pas une raison, tu écoutes bien Daphné quand elle te racontes des centaines de fois la rencontre avec son Prince charmant.»

Daphné était ma meilleure amie et il fallait reconnaître qu'elle avait une légère tendance à parler. Légère.

«Oui mais c'est pas pareil! dis-je, réplique bien connue des adolescents de quinze ans »

Mon père ouvrit la bouche pour répliquer mais ma mère nous sauva :

« Allez, il est temps d'aller au centre »

Mon père lui lança un regard assassin et ouvrit la bouche pour répliquer mais elle lui sourit et il fondit.

Nous nous précipitâmes à l'étage avec mon frère puis une fois habillés il y eu notre traditionnelle bagarre pour que l'autre arrête de prendre tout le miroir de la salle de bain. Mattéo était infernal, il faisait exprès de dépasser le milieu du miroir pour m' embêter. Qu'est-ce qu'il pouvait être énervant à douze ans. Malgré nos disputes nous nous entendions très bien et étions très complices.

Je profitai de cet instant pour me regarder dans le miroir. Mes yeux gris me fixèrent et s'attardèrent sur mon chignon fait à la va-vite de mes cheveux châtains. Ce portrait était peu reluisant du fait que j'étais en train de me brosser les dents mais habituellement je n'avais pas de complexe. J'étais comme j'étais et ce n'était pas de s'inquiéter qui allait changer quelque chose. Ce sont nos défauts qui font notre charme.

Après un dernier regard noir à Mattéo, je regagnais ma chambre. Je me concentrai un instant et, tandis que le miroir incrusté au creux de ma gorge s'allumait, mes habits volèrent vers moi. Ceci était dû à mon ancêtre Eileen Dicastel née Ayenel qui avait fait un séjour dans un miroir. L'histoire préférée de mon père. Il aimait la raconter à tous nos amis «magiques». Ceux qui, comme nous, possédaient une ou plusieurs capacités surnaturelles.

Je sortais sur le perron et pour faire passer le temps je sortais un cristal de ma poche. C'était en apparence un simple cristal de roche avec une chaîne accrochée. Mais en réalité c'était un moyen de communication et une source d'information. Une image de Daphné légèrement transparente apparut et des textes dans des bulles montrèrent nos précédentes conversations. Un tel moyen pouvait paraître indiscret mais seuls ceux qui touchaient le cristal émetteur pouvaient voir les images.

En me concentrant, un petit texte s'écrivit et d'une simple pression je l'envoyai à mon amie. Elle m'en en renvoya un presque immédiatement. C'était un de ses talents, sa rapidité à prendre des décisions. Le but de notre utile communication était de savoir quand je déciderais de partir de chez moi. Enfin, mon frère daignat sortir et nous nous mîmes en route pour le Centre.

Après quelques minutes, nous arrivâmes en vue de l'immense bâtiment scolaire destiné aux «enfants possédant des caractéristiques de perception extra-sensorielles et psychokinésie(PES et PK)».

Une tornade de cheveux noirs et le parfum à la pomme de Daphné m'assaillirent.

« Enfin j'ai cru que tu n'arriverais jamais, Tempête!»

Ma très chère amie avait un don pour les surnoms et celui était en raison de mes yeux gris. C'était la seule à avoir fait cette comparaison. J'avais tout un panel de surnoms donnés à tout âges et toutes situations et qui variaient en fonction des humeurs de Daphné.

« C'est pas de ma faute si la diva qui me sert de frère ne sait pas ce que veut dire se dépêcher!

— Mouais… Allez, on va réviser l'astronomie sinon on va se faire tuer par le prof.»

Elle leva le doigt et des petites planètes dorées apparurent autour et se mirent à orbiter. Elle souffla dessus et elles disparurent. Daphné pouvait faire apparaître et disparaître des formes selon sa volonté et son énergie. Elle se servait en général de ce pouvoir pour illustrer ses propos.

Nous nous installâmes sur un banc et sortîmes nos cahiers. Le contrôle portant sur la nébuleuse du Cancer, nos cahiers s'animèrent et les révisions commencèrent.

Les deux heures d'astronomie passèrent, stressantes mais dans l'ensemble je pensais m'en être bien tirée. Notre professeur était grand et maigre et, s'il était passionné, il était très sévère et ne tolérait aucun bavardage. Mais ses cours étaient très intéressants.

La journée se passe normalement et j'allai au réfectoire. Après avoir pris mon repas, je retrouvai Daphné qui m'exposa en long, en large et en travers la raison pourquoi elle avait selon elle raté son contrôle. Selon moi elle l'avait réussi comme tous les autres.

Le premier cours de l'après-midi était histoire. Notre professeur était une jeune femme de moins de vingt-cinq ans qui avait un véritable don pour donner vie à ses récits. Deux heures avec elles n'en paraissaient qu'une. Elle avait selon les garçons de ma classe un certain charme avec ses longs cheveux roux et ses yeux bleus très clairs. Elle était douce et tenait tellement à son emploi qu'elle ne ratait aucun jour de cours et ce depuis les deux ans que je la connaissais.

Mais en entrant dans sa salle, nous apprîmes qu'elle était absente.


Un Petit Miroir Au Creux De La Gorge Où les histoires vivent. Découvrez maintenant