CHAPITRE II

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À quiconque ne connaissant pas mademoiselle Martin, cela aurait pu paraître normal d'être absente. Mais pour elle qui aimait tant son métier, son absence était inquiétante.

« Elle est peut-être en retard? suggéra Alex

- Elle n'est jamais absente, et tu le sais aussi bien que moi, répliqua vivement Daphné

- Alors où est-elle? Demanda Agathe, si elle n'est pas là il faut demander à quelqu'un si on l'a vue.

- On va s'organiser en équipes »

Daphné adorait diriger les opérations et excellait dans ce domaine. Sa capacité à prendre rapidement des décisions lui donnait une légitimité dans ces conditions.

Je me retrouvai donc avec William et Daphné pour aller interroger m. Walver, le professeur d'astronomie.

« Monsieur, vous n'avez pas vu Mademoiselle Martin? demanda William, elle n'est pas en cours

- Je le vois bien, jeune homme, qu'elle n'est pas avec vous! Mais pourquoi me demander cela à moi? Je ne suis pas la directrice!

-Eh bien... , commençai-je, c'est-à-dire dire que nous pensions ... »

Je n'arrivais pas à m'exprimer, me rendant compte de la stupidité de notre demande. Je rougis.

« Laisse-moi faire! dit Daphné, Monsieur, continua-t-elle en se tournant vers lui, nous avons fait des équipes pour demander à tout le monde si on a vu Mademoiselle Martin et nous nous sommes chargés de vous demander. Si mademoiselle Martin est absente, ce n'est pas normal.

- oui, oui je comprends parfaitement vos interrogations et je n'ai pas vu votre professeure mais pourquoi serais-je mieux placé que la directrice pour savoir si quelqu'un est absent?

- Vous n'êtes pas, sans vouloir vous vexer, mieux placé que la directrice mais tout le monde peut être témoin de quelque chose.»

William était passionné de romans policiers et aimait le rappeler à tout le monde. Le professeur hocha la tête et nous prîmes congé.

On rentra dans la salle d'histoire et les autres arrivèrent peu à peu. Aucun professeur ne savait quelque chose .

La directrice arriva et nous laissa rentrer chez nous plus tôt. Puis elle sortit de la classe et nous restâmes à nous regarder jusqu'à ce que Claire, la déléguée nous dise :

« Ben... du coup... on y va?»

Ce fut le signal de nos départs respectifs et j'allai avec Daphné dans un café de la ville. Après avoir commandé des chocolats chauds, la discussion commença:

« Pourquoi elle n'était pas là aujourd'hui?

- Je n'en sais pas plus que toi, Daphné, c'est un mystère insoluble.

- Mais ce n'est pas normal, jamais elle n'est absente ! Il y a forcément quelque chose !

- Je suis d'accord avec toi mais quoi?»

Cette réplique coupa court à l'entrain de mon amie. Après avoir fini notre chocolat, je rentrai chez moi.

Je m'installai sur mon lit et me mis à réfléchir. Si Mademoiselle Martin était absente, il y avait un problème. Mais de là à savoir ce qui clochait, il y avait un gouffre sans fond!

Personne ne l'avait vue. Donc elle n'était pas là ce matin. C'était déjà un début. Mais je ne savais plus que penser ensuite.

Je frottais mon miroir pensivement en implorant de l'aide quand une voix retentit partout à la fois.

« Eyrin!»

*

* *

« Eyrin!»

J'interpellai ainsi celle qui me portait au creux de sa gorge depuis plus de quinze ans. Elle regarda tout autour d'elle pour voir d'où provenait cette voix inconnue. Elle semblait terrorisée.

« Où ...où êtes vous ?

- Regarde dans ton miroir »

Elle se leva et s'approcha de la glace en tremblant. Je me mis alors à scintiller de toutes mes forces. Eyrin me vit et sourit.

« Tu es mon...miroir ? Comment tu t'appelles? Enfin... tu as un nom?

- Je m'appelle Mæl

- En-enchantée. Moi c'est Eyrin. Oh! Euh... tu le sais déjà ...»

Elle rougit. Sa mère cria depuis le rez-de-chaussée :

« Eyrin, tout va bien? Tu es en train de parler toute seule ma chérie.

- Tout va bien maman, je galère sur un exercice de math mais je viens de trouver!»

Eyrin souffla et murmura :

« On l'a échappé belle! Il faudrait trouver un moyen moins voyant de communiquer.

-Essaie la télépathie »

*

* *

Je n'avais jamais essayé la télépathie. Néanmoins je fis le vide dans ma tête et entrepris de fouiller mentalement les alentours. Puis je me rappelai que Mæl se situait au creux de ma gorge et j'introspectai mon cou.

Je le trouvai.

*

* *

Nos esprits s'unirent.

Souvenirs partagés.

Peine transférée.

Connaissances inculquées.

Etoiles communes.

Elle est moi.

Il est moi.

Je suis elle.

Je suis lui.

Nous ne sommes qu'un.

Étoiles jumelles.

Osmose.

Un Petit Miroir Au Creux De La Gorge Où les histoires vivent. Découvrez maintenant