Interdiction

568 104 16
                                    

- La petite Louise Lienhart va se mesurer à la terreur de Dournal.

Noah, Théo et Arthur me regardent.

- Quelque chose que vous, hommes forts de Dournal, n'avez jamais su faire.

- As-tu besoin de compagnie ? me demande Noah.

- C'est mon affaire.

- C'est de la folie ! s'exclame Elise.

Je roule des yeux. Ils ne savent pas. Ils ne savent rien.

Il m'attend et personne ne peut m'accompagner. Je dois y aller seule. J'ai l'impression qu'il m'a choisie. Et c'est comme si mon âme l'avait également choisi.

- Tu sais ce qu'on dit sur le château, Louise...

- Je sais, Théo.

- Pourquoi irais-tu alors qu'il est abandonné ?

- Il n'est pas... Laissez tomber. Vous ne comprenez pas. Vous ne savez pas. Vous ne voyez rien.

- Voir quoi ? Il n'y a rien dans ce château. Pas même des fantômes. Ces histoires sont totalement ridicules. Elles ont été inventées par nos ancêtres pour que personne ne s'approche de ce vieux château qui pourrait nous tomber dessus.

Je regarde mon amie. Elle ne croit en rien. Pas en ces histoires, pas en un Dieu suprême. Elle ne croit même pas en la mort. Noah ne croit pas non plus en toutes ces histoires qui nous ont fait grandir. Théo et Arthur y croient tellement qu'ils en tremblent chaque fois que quelqu'un en parle. La fois où ils y étaient allés, s'arrêtant juste devant le portail, ils ont failli faire un malaise.

Ils ressentaient une étrange puissance. Ils ressentaient tout ce que les personnes étant décédées dans ce château avaient ressentit au moment de leur mort. Théo et Arthur ont été quelque peu traumatisés par cette expérience. À l'inverse de Noah qui continue à dire que ce ne sont que des conneries.

- Louise, tu... Tu ne peux pas y aller.

Je me lève du banc sur lequel j'étais assise. De l'école, nous voyons parfaitement le château sur la colline. J'arrive à percer la brume pour voir sa silhouette. Il est encore là. Il n'est pas parti. Il prépare mon arrivée. Il sait que je viendrais. Il entend tout ce que je dis à mes amis, je le sais.

- Il ne va rien m'arriver, Arthur. Il ne me fera rien, murmurais-je en le regardant.

Mes amis me regardent, me prenant certainement pour une folle. Peut-être bien que je le suis. Peut-être qu'il n'y a personne dans ce château. Peut-être ai-je inventé toute cette histoire pour qu'il se passe quelque chose de palpitant dans ma vie.

Ce soir, j'en aurais le cœur net. Je saurais si je suis simplement devenue folle ou s'il m'attend, s'il m'appelle tous les soirs depuis dix mois.

La puissance de DournalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant