La rencontre

514 97 19
                                    

Malgré la brume, je trouve le chemin jusqu'à la porte d'entrée. Je suis terrifiée de l'intérieur. Pourtant, je sens qu'il ne m'arrivera rien. Il ne me fera pas de mal.

Alors lorsque la grande porte en bois s'ouvre d'elle-même au moment où je m'apprêtais à toquer, c'est sans hésitation que j'entre. Je me tourne quand elle se referme toujours sans l'aide de personne. J'observe à peine les lieux. C'est l'escalier en marbre qui m'attire. Je dépose ma main sur la rampe en bois tout en montant les marches une à une.

- Est-ce qu'il y a quelqu'un ?

Tout d'un coup, je me demande si je ne me suis pas vraiment trompée. Je pourrais avoir tout inventer, imaginer. Qui pourrait entendre ce qu'il se passe ici tout en étant dans ma chambre ? Personne. Parce que personne ne peut avoir l'ouïe si développée. Pas même moi.

Passant nerveusement une main dans mes longs cheveux ébène, j'atteins le pallier. Ce sont mes pieds qui me guident jusqu'au feu crépitant que j'entendais du rez-de-chaussée. Je m'en approche, attirée par sa chaleur et sa lumière. Le lustre mêlant bronze et cristal est éteint. Serait-ce uniquement la lumière de la cheminée que je voyais de ma petite chambre ?

Cette chambre est décorée d'un grand lit à baldaquin datant du Moyen-âge, habillé de rideaux rouge sang au même titre que les draps. Des fauteuils de la même époque sont disposés devant le feu de cheminée.

Je reste près de la chaleur, réchauffant mes mains. Il n'y a personne. Je suis seule dans ce château. Je me suis trompée. Ma vie est si minable pour que je me mette à inventer des histoires pareilles.

Avant que je ne me retourne, prête à partir, je l'entends murmurer :

- Tu es là.

C'est comme s'il était soulagé. Comme s'il pensait que je ne viendrais pas. Pourtant, il aurait dû savoir que je viendrais. Je ne me retourne pas. J'ai peur. J'entends ses pas s'approcher dans mon dos.

- Ton cœur bat vite, Louise.

Sa voix me fait frissonner. Grave, sensuelle, sexy. Je sens sa carrure derrière moi. Grande, puissante.

- Je pensais que tu ne viendrais pas.

- Mais je suis là.

- Je le vois.

Je l'entends sourire et cela suffit à ce que mon cœur rate un battement. Je suis certaine qu'il a un sourire magnifique. Cet homme dégage quelque chose. Bien que je sois de dos, je le ressens. Encore plus fort que lorsque j'étais dans ma chambre.

- Veux-tu me voir ?

- Je... Oui, soufflé-je.

- Tourne-toi.

La puissance de DournalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant