Homme ténébreux

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Lentement, je pivote sur mes pieds. Mes yeux tombent face à un torse en apparence quasi-squelettique enfermé dans une chemise noire. Je déglutis tout en levant les yeux, et donc la tête, face à la grandeur de cet homme.

Et je ne sais pas si c'est sa beauté ou son regard plus noir que le noir lui-même, mais je suis subjuguée. Mon souffle se coupe. Je détaille chaque parcelle de peau de son visage. Sa peau est semblable à la mienne. Presque aussi blanche que la neige, aussi lisse que de la porcelaine. Pas un seul poil de barbe ne pointe le bout de son nez. Ses lèvres fines et rosées qu'il coince entre ses dents le rendent si... Attirant. Son nez fin, ses sourcils fournis et aussi obscure que ses cheveux. Cheveux en bataille comme s'il venait d'avoir une lutte acharnée avec quelqu'un. Il est à la fois sexy, ténébreux, intimidant et menaçant.

J'arrive à prononcer, sans comprendre comment ma voix est revenue :

- Qui êtes-vous ?

- Souhaites-tu vraiment le savoir, Louise ?

- Vous m'avez fait venir, moi. Vous saviez que je demanderais.

- En effet.

Il me pointe un fauteuil, proposant de m'asseoir. Je lui obéis. Je ferme mes jambes comme si cela changeait quelque chose. L'homme au regard ombrageux s'assied face à moi. Il cale sa cheville droite sur son genou gauche. Je ne peux m'empêcher d'être captivée face à chacun de ses gestes.

- Qui êtes-vous ? répété-je.

- Tu es perspicace. N'as-tu donc jamais entendu les légendes de Dournal ?

- Elles disent seulement que le château est habité par des fantômes étant morts ici-même.

- Ce n'est pas tout à fait faux. Tes amis l'ont senti, non ?

- Mais moi, je ne les sens pas.

- Parce que je suis là.

Je fronce les sourcils.

- Tu voudrais les sentir ?

- Est-ce que j'en souffrirais ?

- Tu peux supporter beaucoup plus que ça. Tes amis ne sont pas assez forts contrairement à toi.

Je hoche la tête, acceptant de sentir ces âmes en peine. L'homme dont je ne connais toujours pas le nom me demande de fermer les yeux. Je m'exécute.

J'entends alors des cris, des pleurs, des rires. J'entends des chuchotements au creux de mon oreille. J'entends une langue différente de la mienne. Et ce qui m'étonne le plus est que je la comprends.

« Rejoins-nous. »

« Tu fais partie des nôtres. »

« Louise Elisabeth Lienhart, tu es à nous. »

J'ouvre brusquement les yeux et je les vois, tous.

- Qui êtes-vous ?

La puissance de DournalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant