18 juin, lycée Lalande, Bourg
Drrrring !
- Good bye ! Et n'oubliez pas d'apprendre votre texte pour demain !
- Good bye, Sir !
Une fois tous les élèves partis, Henri sortit à son tour de la classe. C'était sa dernière heure de cours de la journée mais les conseils de classe approchaient, et le directeur avait eu la bonne idée de faire une réunion préparatoire.
Mais Henri devait avouer que rester au lycée, avec ce beau temps de juin, plutôt que de flâner dans les rues ensoleillées de Bourg ne l'enchantait pas.
Malgré l'évidente tension qui y régnait, le Bourg restait agréable et les dernières nouvelles de la guerre, que la France était en train de perdre, ne suffisait pas à troubler l'apparence calme de la petite ville.
La veille, le maréchal Pétain avait parlé à la radio, et son discours pacifique avait plu à Henri. Mais il n'avait pas pu voir sa sœur depuis des semaines à cause des conflits au Nord, et entendre chaque jour le nombre de morts lui donnait mal au cœur.
Si certains évoquaient l'honneur et le patriotisme pour continuer la lutte, lui parlait de raison et de repos. Son pays n'était pas fait pour se battre éternellement, n'en déplaise à sa sœur, vengeresse dans l'âme.
Henri arriva devant la porte verte de la salle des professeurs du lycée et entra dans la pièce envahie par l'odeur du café noir de ses collègues.
Henri et la jeune professeure de musique, Anne Berthet, étaient les seuls à ne boire que du thé, habitude que Henri avait prise durant ses études en Angleterre.
Henri s'en prépara une tasse et s'installa à la table de la salle des profs pour corriger des interrogations sur les verbes irréguliers.
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Une heure plus tard, le professeur d'éducation sportive entra à son tour.
- Bonjour Henri, je viens de croiser Jean, la réunion commence dans 15 minutes, en salle de lettres.
- Parfait, je viens de finir, dit Henri en rangeant le paquet de copies dans sa sacoche.
- Vous avez entendu le discours du Maréchal ?
- Oui, qu'en avez-vous pensé ? l'interrogea Henri en mettant à nouveau chauffer de l'eau dans la vieille bouilloire.
- Je suis déçu que le gouvernement veuille abandonner la lutte, mais je ne pense pas qu'ils signeront l'armistice. Ce serait une honte pour la France, fit le professeur de sport, en essayant de couvrir le son de la bouilloire. Dieu, cette bouilloire fait un boucan de tous les diables.
19 juin
- To be or–
- Oh non, ça suffit ! fit Henri, coupant l'élève en train de réciter. Les deux du fond, vous viendrez me voir à la fin du cours, je ne tolère pas que l'on ne respecte pas le travail des autres. Et ne recommencez pas ou vous aurez des heures de permanences. Start again, Mister Gabin.
- To be or not to be, that's the question...
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- Alors messieurs, pouvez-vous me dire ce qui justifiait d'interrompre votre camarade ?
Henri regardait sévèrement les deux garçons debout devant son bureau.
- Eh bien, commença le plus grand, nous parlions du message du Général De Gaulle.
- C'est passé hier sur la BBC, fit l'autre d'un air gêné.
- Pardon, un général français sur la BBC ?
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Frères de guerre [TERMINÉ]
Ficción históricaEn juin 1940, les Allemands ont envahi la France et l'armistice s'apprête à être signé. Catherine et Henri sont séparés par des centaines de kilomètres : elle est à Dunkerque pour une affaire de testament, et lui est resté dans leur ville d'origine...