Killing Score - Chapitre 6 : Joyeux Noël

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Chapitre 8 : Joyeux Noël

Rien ? Rien ! Rien. J'ai fait le tour d'un peu tout, mais rien. Pas un seul travail à pourvoir dans l'une des plus grandes villes du monde.

En cherchant, je regardais nostalgiquement les familles en train d'effectuer leurs derniers achats de Noël. À un moment donné, j'ai vu une famille : un homme, une femme et leur petite fille. Ils sortaient d'un magasin de décorations vendant des décorations de Noël puis le père appela un taxi. Ils avaient tous le sourire aux lèvres, sûrement grâce à ce que beaucoup appellent l'esprit de Noël. Et en voyant leur joie, le chauffeur de taxi se mit lui aussi à sourire : voir cette famille heureuse égayait sa journée d'une certaine manière. Dire que ce chauffeur ça aurait pu être moi. Je me souviens, quand je ramenais chez eux des familles durant les fêtes, parfois ils dégageaient une certaine sympathie qui nous sortais, nous les chauffeurs, du caractère un peu morne de notre profession. Mais je préférais de loin cette « mornitude » à la situation à laquelle je suis confronté et qui est toujours un fléau dans notre société actuelle, et ce quel que soit le pays : le chômage.

Après je pense qu'il est bien plus difficile à supporter pour certains que pour d'autres, je pense notamment à ceux qui ont une femme et des gosses. Dans tous les cas, c'est quelque chose à laquelle on ne veut pas être confronté et je n'y fais pas exception. Surtout la veille de Noël, alors que tout le monde est censé être content, que les gens se retrouve tous en famille et dînent ensemble autour d'un copieux repas et que le lendemain ils s'offrent tous des cadeaux. Tandis que moi, je me retrouve seul, dans une ville immense, sans rien avoir à manger et dans le froid. Me dire que je ne suis certainement pas le seul pauvre type dans ce cas me rassure, en un sens, bien qu'en y réfléchissant à deux fois c'est plus alarmant que rassurant. Personne ne devrait passer Noël dans ces conditions...

Tout de même, ce midi, j'ai pu manger quelque chose car il y avait un lieu de soupe populaire près d'un parc. La soupe était pas vraiment succulente, et ne m'a pas nourri à ma faim mais au moins elle m'a réchauffé un peu le corps. Ainsi, après avoir subi cette succession d'échecs, j'en arrive à devoir me nourrir à la soupe populaire et à me réchauffer près d'un baril en feu qu'il y avait non loin, avec des clochards autour, si bien que j'avais vraiment l'impression d'en être devenu un. Autant vous dire que mon moral, qui était déjà au plus bas, en a encore pris un coup. Et je n'ai aucune idée de l'endroit où je vais bien pouvoir dormir ce soir. Je serai bien retourné au New Jersey mais je n'ai même plus les moyens d'y retourner ne serait-ce que pour acheter un billet de bus ou de train pour passer les fêtes avec mes parents. De plus, ça fait trois ans qu'ils ne m'ont pas vu. Et je n'ai pas envie de débarquer chez eux comme ça, au vu de ma situation actuelle. Ils ne le prendraient pas mal, eux aussi ont eu des mauvais moments. C'est juste que je n'ai pas envie qu'ils me revoient alors que je suis au plus mal de moi-même, je n'ai pas envie qu'ils aient pitié de moi. Si seulement ce fichu accident n'était pas arrivé... Et c'est en y repensant et en voyant l'incessant flux de voitures jaune passer dans les rues que m'est venu une idée.

Je me dirige vers le central des taxis à Brooklyn. J'imagine déjà la tête de mes collègues quand ils me verront, la mine fatigué, sale et puant le feu. Enfin bon pour le peu que j'en connaisse... Car on n'a pas trop l'occasion de se lier d'amitié avec les autres chauffeurs, vu que la plupart du temps on ne fait que se croiser sans jamais vraiment trop parler. Ça m'a pris environ une heure avant d'y arriver. Il devait être environ 15h. Je rentre dans le parking et j'essaie de me faire discret. Heureusement personne ne fait vraiment attention à moi, tout comme on ne fait pas trop attention à un clodo marchant dans la rue, ou disons plutôt que tout le monde fait en sorte de l'ignorer. Personne ne me reconnaît. Je remonte la longue rangé de taxis garés et, comme je m'en doutais, une de mes connaissances se trouve à sa place habituelle. Il s'agit du vieux Blair. Avec ses 56 balais, le métier de taxi c'est toute sa vie. Il a connu le 20ème siècle lui, et a commencé le métier assez jeune, à 21 ans, comme moi en fait. Bon après je sais pas si je serais devenu comme lui si j'avais continué dans le métier, en fait je ne l'espérais pas étant donné qu'il fume, boit, et qu'il a divorcé il y de ça quelques années. Ce qui fait que maintenant il boit et fume plus qu'avant. Mais à part ça c'est un bon bougre qui n'a pas sa langue dans sa poche et avec qui j'aimais bien plaisanter. Là comme il est, il vient de finir sa tournée qu'il a dû commencer vers 6h du matin. Et comme à chaque fois, après être sorti de son véhicule, une Ford Crown Victoria, comme le taxi que j'avais, il s'adosse contre l'une des portières et se sort une cigarette qu'il fume sans tarder. Je m'approche de lui, et lui dit d'un ton plaisantant :

Killing ScoreWhere stories live. Discover now