Chapitre 10

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« C’est au moment où j’ai posé le pied sur l’île que j’ai senti que quelques choses clochaient. Ce bout de terre n’était pas inhospitalier comme l’île de Milos mais vide. Et c’est ce vide qui la rendait aussi dangereuse. J’aurais beau hurler, il n’y avait personne pour m’entendre. J’étais pris au piège, sans aucun moyen de fuite. Comme une souris effrayée bloquer sous les griffes d’un chat.

Dès que nous sommes arrivés, mon tortionnaire a changé de visage. Il a laissé tomber le masque pour dévoiler une cruauté sans pareille. Le monstre avait enfin révélé sa véritable nature.
La première chose qu’il a faite a été de m’enfermer dans la cave du seul cabanon se trouvant sur ce morceau d’Enfer. Il m’a attaché au mur de cette petite pièce plongé dans une totale obscurité et m’y a laissé. Des heures, des jours, des semaines je ne sais pas. Je n’avais plus aucun repère.

J’ai hurlé, j’ai supplié, mais rien n’y a fait. Mes forces et mes espoirs ont fini par me lâcher me laissant seul avec mes peurs, mes doutes et mes démons.

Au bout d’un moment, je n’avais même plus conscience de se qui m’entourait. J’avais sombré, je ne savais même plus qui j’étais. Je m’étais perdu dans les affres de la folie.

Le jour où, la porte c’est ouverte sur cet homme, mon esprit y a vu un sauveur. Je ne savais plus qui m’avais enfermé ou même quand j’avais été enfermé. Alors quand il m’a ôté mes chaînes et pris dans ses bras je n’y ai vu que la délivrance.

Tu vas sûrement te dire que j’étais stupide et c’étais sûrement un peu le cas. Mais que veux tu que je te dise. J’étais resté dans cette pièce sans manger, dormir ou boire durant des jours. Je n’arrivais même plus à différencier l’illusion  de la réalité. Donc quand cet homme m’a sorti de là, j’ai vraiment cru voir un ange. Si j’avais su ce qui m’attendait vraiment.

Le gars m’a mis dans un lit et m’a laissé dormir. De toute façon, j’étais trop faible pour lui servir à quoique ce soit. Il savait qu’il avait réussi à me briser mentalement, il pouvait se permettre de me laisser récupérer physiquement.

Durant cette courte période, il c’est occupé de moi comme le ferait comme un père avec son enfant malade. Il prenait soin de moi comme personne ne l’avait jamais fait. J’étais tellement perdu que je ne voyais plus que lui. J’avais confiance en lui. Il m’avait sauvé, pourquoi le rejeté. J’étais faible mais heureux, ironique non ? Il avait réussi à détruire tous mes repères pour en prendre la place.

Quand j’ai enfin réussi à de nouveau tenir sur mes pieds, il a vraiment commencé ses jeux sadiques. Cet homme qui avait pris de force la place de mon père avait fini par me trahit. La blessure n’en a été que plus profonde.

Je crois que j’ai eu le droit à tout : fouet, mutilation, électrisation, simulation de noyade, fractures volontaires, privation de nourriture. Il m’a même marqué au fer rouge. Vous pensiez que toutes ces cicatrices dataient des entrainements, bah non…

J’ai un « L » marqué au bas du dos qui ne partira sûrement jamais. Une marque qui me rappellera toujours que j’ai été assez crédule pour faire confiance à un type qui ne cachait même pas le fait de me vouloir du mal.

Il avait dit ça avec un sourire sarcastique, le sourire de celui qui a tout perdu mais qui tente tout de même de voir le côté positif des choses. Mais les larmes coulant maintenant librement sur son visage racontaient une toute autre histoire.

Toutes ces choses qu’il avait vainement tenté d’oublier remontaient à la surface et ça faisait mal, très mal. Il avait l’impression de sentir toutes ses vieilles cicatrices se rouvrir une à une. La douleur en était presque physique. Les bras de son compagnon d’arme étaient la seule chose qui l’empêchait encore de retomber dans ce cauchemar.

Destinée croiséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant