ANA

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Au collège, nous nous connaissons tous. Du moins, nous nous sommes tous déjà croisés un nombre incalculable de fois. Assez pour se faire une idée de chaque individu.

Il y avait cette fille, Charlie.

Pas si différente des autres. Elle se fondait parfaitement dans la masse des manteaux incolores, dépourvus de personnalité.

Ses cheveux étaient bruns, comme la plupart. Son style était basique et ne se démarquait nullement du reste des adolescentes.

Pourtant, cette brune aux apparences si banales m'avait touché en plein cœur.

Par ses yeux.

Le fait qu'ils soient verts n'était qu'un détail. Ce qui m'avait interpelé était ce qu'on pouvait y voir. Son histoire. Son bonheur. Elle était heureuse. Cette joie brute, pure, que je pensais disparue, elle, elle l'avait. Je n'avais jamais eu besoin de lui parler une fois en 3 ans pour le savoir. Mais seulement de croiser son regard par hasard.

Un jour, elle passa pour la énième fois devant le banc sur lequel je m'asseyais quotidiennement. La flamme semblait s'être éteinte. Ses kilos semblaient avoir fondu. Peu importe le sourire jusqu'aux oreilles.

J'aurais aimé aller lui parler. Avoir eu ce courage de changer le cours des choses. De raviver cette étincelle si précieuse et rare.

Durant cette même semaine, elle est repassée devant moi. Plusieurs fois. Sans me voir. Durant tout le mois. Le suivant aussi.

Il ne restait plus rien de la fille au tempérament de feu, remplit de cette rage de vivre qu'on lui enviait tous. Ce n'était qu'un sac d'os à présent, qui ne pensait plus par elle-même, terrorisée par chaque aliment qui pourrait lui remplir à nouveau le creux béant des joues.

Le soleil qui se levait était une torture pour la brune exténuée, devenue invisible.

Qui souhaiterait trainer avec ce dont 'elle est devenue : le vide, le néant.

Elle s'était engagé dans une bataille contre le diable. Contre ses démons. Contre elle. Je le voyais, elle était exténuée de se battre sans cesse.

Mais aujourd'hui, je peux le sentir dans chaque parcelle de mon corps.

Charlie ne passera pas.



*ANA = Anorexie.

« Le mystère de la vie n'est pas une question à résoudre. Mais une réalité à vivre. »

-Frank Herbet-

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J'espère que cette première nouvelle très courte vous aura plus. Certaines seront parfois plu longues ou de cette taille environ. J'ai plusieurs idées de sujets pour les suivantes. Mais s'il y en a un qui vous tiens particulièrement à cœur faîtes le moi savoir :-)!

 

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