Il était assis en face de moi sur un banc, les jambes croisées. Cela lui ajoutait une touche féminine qui avait le don de me faire sourire.
L'artiste aux cheveux bouclés changeait la page de son carnet à dessin, faisant tourner ses crayons entre ses doigts agiles. Il chantonnait, mais j'étais bien trop loin pour savoir de quelle chanson il pouvait s'agir. Je me contentais d'observer le mouvement de ses lèvres roses accrochées à des paroles inconnues pour m'abandonner à des pensées utopiques.
Je ne voyais que lui.
Et lui, n'avait d'yeux que pour ses croquis, qu'il esquissait avec le monde pour modèle le plus fidèle.
Ses yeux d'un marron au ton glacé croisèrent soudainement les miens. Dans la surprise de cet échange, son carnet qui était la seule raison de notre lien dérisoire, semblait s'être évaporé à travers l'expression que renvoyaient nos yeux. Aucun de nous deux ne baissa le regard durant une vingtaine de secondes délicieusement infinies.
Son crayon finit par heurter la nouvelle page : ça ne faisait aucun doute, c'était bien moi qu'il reproduisait sur sa feuille vierge. Je ne pouvais pas y croire. En un temps-record un sourire illumina mon visage. Je pouvais même sentir mes joues virer au rouge.
Mais je me mis à rire maladroitement, stupidement. Je n'avais aucune idée de la réaction que j'étais censée avoir, bien trop surprise pour y penser sur l'instant.
Ce n'était apparemment pas celle à laquelle il s'attendait non plus : le dessinateur ne me regarda plus.
Une grande tristesse et déception étranges m'envahirent subitement, tout comme la vague qui se brise sur la plage impose sa fraîcheur et sa violence au sable fin et chaud d'un été rayonnant.
C'est fou de se rendre compte du pouvoir qu'une personne peut exercer sur nous, et plus fou encore de savoir qu'elle ne s'en rendra parfois jamais compte.
Mais malgré que nous connaissions le danger de cette dépendance amoureuse nous ne pouvons y résister, pour la simple raison qu'elle nous fait exister
Alors si telle est la définition de tomber amoureuse, je m'autorise à aimer : je m'autorise à tomber.
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Whatever
Historia CortaJe classe mon histoire adulte pour me laisser la liberté de pouvoir traiter tous les sujets. Certaines nouvelles nécessitent un point de vue mature. Mais vous découvrirez ça en me lisant donc, peu importe. Je suis responsable de ce que j'écris pas d...