Bécasse

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Hey bécasse,

C'est maman qui m'a prévenue il y a quelques semaines de cela de ton départ. A vrai dire, on pouvait le lire sur ton visage : tu souhaitais juste partir le plus loin possible d'ici. Tu as toujours voulu t'en aller de toute manière, alors au fond, si c'est le mieux pour toi, j'aimerais affirmer que ton bonheur est le mien.

Mais j'en suis juste incapable. Pour tout te dire, ton absence inattendue m'a juste déchirée le cœur. Je t'en veux tellement de m'avoir arraché ce rôle de grande sœur ! A croire qu'on aura passé le plus clair de notre temps à se détester pour s'aimer...

La maison est vide sans ta présence que, certes, je jugeais sans arrêt insupportable. Tu chantais, dansais à mes côtés durant mes révisions et je ne pouvais jamais me concentrer à cause de toi ! Tu vas trouver ça dingue, bécasse, mais aujourd'hui le silence que tu as laissé m'empêche de retenir ne serais-ce qu'un mot de mes leçons ennuyeuses.

Pendant quelques jours, j'ai oublié. Oublié que tu t'en étais allé avec seulement quelques photos dans ta poche, pour ne pas nous sortir de ta mémoire. Oublié que tu étais partie sans l'intention de revenir. J'ai oublié ma douleur.

Mais il y a certaines choses que je n'oublierai pour rien au monde :

Je n'oublierai jamais tous ces étés passés à patauger dans l'eau salée avec toi.

Je n'oublierai jamais tes yeux remplis de larmes quand ton premier copain t'a quitté.

Je n'oublierai jamais tes cernes qui te faisaient ressembler à un panda durant l'adolescence.

Je n'oublierai jamais nos engueulades stupides et nos joies enfantines.

Je n'oublierai jamais, malgré que je prétende l'inverse, que tu avais la voix d'un ange.

Je n'oublierai jamais ton besoin constant de plaire aux autres, qui n'en ont jamais valu la peine.

Je n'oublierai jamais tes sourires comblés de l'innocence de l'enfance.

Je n'oublierai jamais ce que tu as représenté pour moi.

On m'a toujours dit qu'une sœur était la meilleure amie qu'on pouvait avoir. Il n'existe pas de paroles plus vraies que celle-ci. Je te remercie de l'avoir été.

Je ne t'ai jamais vraiment parlé de ce que je ressentais, ma fierté d'aîné me freinait souvent. Il est un peu tard pour commencer. Mais bécasse, je suis morte de trouille.

Je pense que tu as dû le remarquer à mon écriture tremblante. J'ai peur de finir cette lettre. Je panique à l'idée d'y mettre un point final par peur de me retrouver seul face à ce que j'ai toujours chéri.

Pourtant, c'est bel et bien terminé. Bientôt, je me lèverais pour porter ma lettre de papier aussi éphémère que ta vie, jusqu'à cette boîte terreuse que je maudis.

Et quand elle se refermera pour toujours, je crois bien que je ne tiendrais pas le coup.

Même si cette lettre est remplie d'accusations, sache que tu as fait de moi la plus heureuse des sœurs. Mais il est temps que je te laisse t'en aller reposer parmi nos anciens, sœurette.

Et souviens-toi...

                                                                                                                  Je te hais de tout mon cœur Bécasse.


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Alors ? Que pensez-vous de cette nouvelle ci ? Vous-êtes vous laissé avoir en pensant que sa sœur était partie vivre ailleurs ?

WhateverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant