Ruby Anne-Éléonore Perins - Parenthèse 1 -

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( Point de vue Ruby )

I Parenthèse 1 I

Le visage à demi caché par la planche de bois, Ruby observait attentivement la lumière filtrant de la surface vitrée de la chambre. Des particules plus fines que de petit grain de sable effectuait un curieux manège. Un silencieux ballet où se mêlait à la perfection mouvement fluides et mouvement circulaires. Une danse frénétique ou se rencontraient et se séparaient chacune des pellicules translucide. A jamais contrainte de se croiser, sans jamais pouvoir s'unir. Une triste représentation songea-t'elle. Un sombre spectacle que laissait s'étendre les haillons lumineux du soleil. Ainsi, même une si douce lumière pouvait pourtant révélé une si épouvantable cruauté...

Comme rien était épargné en ce bas monde pensa t'elle, les mains jouant distraitement avec le tissus voile de la moustiquaire du lit en baldaquin.

Plus petit plus que celui de tante Marthe, son lit n'avait que quelques centimètres en plus de sa petite taille. De largeur suffisamment correct par ailleurs pour qu'elle puisse se tourner à ses aises, elle comparait cependant ce petit espace en un sanctuaire de tranquillité et de paradis immaculé. Suspendu au ciel de lit, la voilure de la moustiquaire fine et opaline laissait entrevoir diverses formes brumeuses. Il lui paraissait être alors, entouré d'un délicat nuage protecteur ou rien ne pouvait l'atteindre, sauf la clarté apaisante du jour.

Elle pouvait alors tout voir, tout sentir, tout entendre sans jamais n'être dérangé par quelconque futilité extérieur. Elle pouvait ainsi restait des heures allongé fixant les planches avivées de la tête du baldaquin. Une paisible affaire contenu de l'agitation quotidienne de la demeure. Soufflant doucement sur le voile transparent du drapé du plumard, elle imita de la main les ondulations causé par ses soufflements. Le crépitement habituel du bois vivant constellant la pièce, accompagné foncièrement le bruissement de sa respiration.

Sa chambre était anodine. Un plancher auburn recouvrant le sol, un cabinet en bois d'ébène, une chaise désuète, une armoire bedonnante de robes de mille couleurs, un miroir de taille humaine dont le reflet assiégeait froidement toute la pièce et une petite fenêtre donnant vue sur les hauts arbres entourant la maison. Un petit espace neutre satisfaisant à ses yeux contrairement au dispendieux appartement de tante Marthe.

Une pièce dont elle n'avait ni le droit de franchir, ni le droit d'en admirer les attributs tant l'accès était constamment clos. Elle en savait cependant suffisamment sur le coût élevé du meublier qu'elle avait aperçu lors de l'emménagement, pour savoir qu'elle devait laisser tout étranger franchissant son seuil ridiculement pantois. Tout à l'image d'ailleurs de son hôte !

Ruby pouffa de rire et se reprit immédiatement. Ce n'était pas bien de se moquer des autres ! Dieu lui, ne se moquait de personne alors elle n'avait en rien le droit de le faire.

Sur ces bonnes pensées, la jeune fille écarta d'un coup sec la moustiquaire et sortit du lit dans un grand bond sonore. Il était temps de prendre l'air !

S'éclipsant de ses petits appartements, elle déboucha sur le grand couloir du premier étage donnant accès à de multitudes de pièces diverses. Allant des chambres des invités à la bibliothèque personnelle des maîtres de maison.

Parcourant les mètres la séparant des escaliers principaux reliant rez-de-chaussée et second étage, elle s'attarda par ci et là sur les portraits muraux de diverses gens dont elle ne connaissait aucun des noms. Elle avait vite compris qu'il s'agissait des membres de la famille de son père, quand jadis elle n'avait point saisit pourquoi aucune des personnes représentées n'avaient la peau noire.

Noir Désir - La couleur de la convoitise EN RÉÉCRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant