Chapitre 5

11K 824 69
                                    

April


 Cela fait plus d'une heure que nous sommes tous rassemblés à l'appartement pour fêter la victoire de notre équipe. Les hommes sont installés sur le canapé, une bière à la main, et refont le match. Seul Zeke manque à l'appel. Il doit certainement être en train de faire sa petite affaire avec Kelly, avant de venir.

Talia s'est posée vers son homme, et Abby en profite pour m'attirer dans ma chambre. Je sais parfaitement de quoi elle souhaite me parler. Elle est bien trop curieuse pour ne pas me poser de questions, et bien trop impatiente pour attendre que nous soyons seules lundi, à la librairie. Elle referme la porte derrière nous, et, sans préambule, me demande :

— Chérie, vu ce que j'ai aperçu ce soir, j'ai besoin que tu m'expliques exactement ce qu'il se passe !

Elle affiche un air à la fois déterminé et désapprobateur, ce qui me fait sourire. Je n'échapperai pas à cette discussion, même si le ciel s'écroulait sur nos têtes. Je m'allonge sur mon lit, les bras tendus au-dessus de moi. Mon amie s'allonge également sur le côté, un bras replié sous sa tête, attendant que je me lance.

— Hier soir, je suis partie à la salle de bains, chez Jo.

Je marque un temps d'arrêt.

— Et... ? m'incite-t-elle à continuer.

— Il m'a plaquée contre le mur, laché-je après un long soupir.

Elle se redresse d'un bond.

— Quoi ? Et tu m'as caché ça ! Raconte ! m'ordonne-t-elle. Je veux tout savoir.

Et c'est ce que je fais. Je lui confie sa proposition avec la drogue, puis le rapprochement que nous avons eu. Je n'omets rien. Pas même le fait que je l'ai laissé faire un instant.

— Et c'était comment ?

— Abby ! la rabroué-je.

— Ne me dis pas que tu as détesté, je ne te croirai pas.

— Cet homme m'énerve. Ce n'est qu'un sale con, prétentieux et arrogant, qui croit qu'il lui suffit de claquer des doigts pour obtenir ce qu'il veut. En particulier venant des femmes.

— Mais tu as aimé ça... m'oppose-t-elle, sourire aux lèvres. Admets-le.

— Disons que... ça m'a légèrement troublée, en effet.

— Pas seulement légèrement ! s'esclaffe-t-elle.

Honteuse, je me cache quelques instants sous l'oreiller qui était placé non loin de là. Puis, après mûre réflexion, je lui balance ce dernier en pleine figure.

S'ensuit alors une bataille sans pitié lorsqu'elle décide de me le renvoyer. Les coussins volent, puis c'est au tour de tout ce qui nous passe sous la main. Je finis par me dissimuler sous ma couette tout en quémandant un temps mort. J'ai l'impression d'être retournée en enfance. Quand elle relève le pan de la couverture qui me recouvre, essoufflée et cheveux ébouriffés, nous sommes prise d'un fou rire incontrôlable.

Dieu, que j'aime cette femme... !

Lorsque nous reprenons nos esprits, Abby retrouve tout son sérieux.

— Promets-moi de faire attention. Je ne le connais pas vraiment, mais derrière sa belle gueule, il a l'air d'être le genre de mec qui traîne tout un tas d'embrouilles avec lui.

— C'est promis. C'est juste que... je ne sais pas. Il y a quelque chose en lui qui m'interpelle, mais en même temps, mon intuition me crie de le fuir à tout prix.

Hide Out [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant