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_ Oh Sehun, fis-je en ouvrant la porte du cabinet.

Un jeune homme attendait avec sa mère dans la salle d'attente. Il me jeta un regard sombre et dirigea ses yeux lançant des éclairs dans ceux de sa mère qui le poussa à me serrer la main. Il se reconcentra sur moi et fit la moue avant de serrer mollement ma main tendu et de rentrer dans le cabinet.

_ On s'installe où ? Demanda-t-il.

_ Où tu veux. Tant que tu me laisses mon fauteuil...

Il s'installa sur le canapé et sa mère se calla entre deux coussins, près de sa progéniture.

_ Bien. Je suis M. Jung. Heureux de faire ta connaissance Sehun.

Le jeune homme ne décontracta même pas la mâchoire et ce malgré le regard assassin que lui lançait sa mère.

_ Excusez le docteur, murmura Mme Oh, gêné par l'attitude de son fils, il a du mal avec les inconnus.

_ Je ne suis pas fou, malade ou quoi que se soit. Est ce que je peux sortir ? Demanda Sehun d'une voix froide.

_ Je n'ai jamais dit que tu étais fou ou malade, déclarai-je.

_ Alors pourquoi je suis ici ? C'est à cause de M. Park ? C'est ça ?

_ Je ne dirais pas vraiment "à cause"... Mais oui c'est ça.

_ Je lui avais pourtant dit que j'allais bien.

_ Et qu'est ce que ça veut dire, pour toi, aller bien ?

Sehun se tut et sa mère ne pipa mot. Elle assistait à l'échange comme si elle regardait un film.

_ C'est être heureux, dit finalement l'adolescent.

_ Et qu'est ce que c'est, pour toi, être heureux ?

_ Connaître l'amour, répondit-il du tac-au-tac, mais le véritable amour : l'amour avec un grand A et j-...

Il se stoppa alors que sa mère le dévisageait, un sourire collé au lèvres. L'adolescent se laissa glisser dans le fond du sofa laissant son développement se ternir. C'était sa mère qui le bloquait. Un adolescent n'aimait pas vraiment parler coeur devant sa mère. Et puis Sehun n'avait pas l'air très fleur bleu au premier abord. Avec son t-shirt décoré de l'ange sur l'album In Utero du célèbre groupe Nirvana, ses cheveux en bataille et ses nombreux percing aux oreilles, il faisait plus jeune rocker qui teste les limites des tympans de ses parents plutôt que garçon romantique, tombeur de ces demoiselles.

Et dire que j'avais trouvé une brêche, j'aurais dut demander à Mme Oh de sortir dès le départ.

_ Mme Oh, est ce que vous voulez bien regagner la salle d'attente ?

_ Pour quoi faire ? Demanda-t-elle.

_ Il faudrait que je parle à Sehun seul à seul, dis-je en souriant.

Elle soupira, visiblement agacé de raté les déclarations de son fils et se leva alors que je l'accompagnai jusque la porte. Puis je revins vers Sehun et me réinstallais dans mon fauteuil.

_ Tu peux continuer ce que tu étais en train de me dire ?

_ Non. Je viens de me rendre compte que mon raisonnement était totalement con. On peut très bien être heureux sans amour.

_ Alors avec quoi peut-on être heureux ?

_ Euh... L'argent... ?

Il ne paraissait lui même pas convaincu par sa réponse.

_ Et qu'est ce que tu penses de l'amour ?

_ Il n'existe pas.

_ Et comment peux-tu le savoir ?

_ Parce que je le sais, c'est tout.

_ Et si on supposait que j'avais une femme que j'aime et qui m'aime en retour.

C'est faux mais je voulais connaître sa réaction vis-à-vis de ça.

_ C'est exactement de ça que je parle.

De la tristesse passait dans ses yeux.

_ Vous avez une femme. Moi je n'en aurais jamais.

_ Pourquoi ? Demandais-je.

_ Parce que je préfère les hommes.

Je bloquai. Il paraissait mal à l'aise. Je n'étais pas homophobe, loin de la, mais je ne m'y attendais pas du tout et la surprise avait pris le dessus sur le professionnalisme. Je devais vite trouver quelque chose à dire avant qu'il n'interprète mal mon silence. Et puis, de toute façon, en temps que psychologue je devais avoir un regard objectif sur tout ce que disait mes patients et en aucun cas tenir compte de mon avis personnel.

_ Mais tu peux très bien trouver un homme qui t'aime aussi, rétorquai-je.

Il poussa un soupir que je qualifierai de las et poursuivit :

_ Ne vous fatiguez pas. J'ai compris. De toute façon personne ne peut comprendre l'homosexualité dans ce pays.

Il se leva alors que je le dévisageai. Il jeta un furtif coup d'oeil sur l'écran de son téléphone et dit d'une voix neutre :

_ C'est l'heure non ?

_ Euh... Oui.

Il s'avança vers la porte alors que je me levai et le rattrapai à grande enjambé.

_ Docteur ?

_ Hmm... ?

_ Vous ne direz rien à ma mère ? Dit-il, une lueur inquiète dans le regard.

_ Non. Je suis tenu au secret professionnel. Même si ta mère me colle un procès pour savoir se que tu m'as dit, la justice sera de mon côté. Et je t'ai callé un autre rendez-vous la semaine prochaine, même heure.

Il hocha la tête et je baissai la poignée pour que Segun rejoigne sa mère.

_ Au revoir M. Jung, fit Mme Oh.

_ Au revoir à la semaine prochaine.

Je fermai la porte du cabinet après que les Oh aient quittés la salle d'attente. Le prochain patient n'était pas encore la je me fis donc et petit café et était allé voir si Jimin était réveillé.

Il dormait toujours paisiblement sous sa couette. Je me demandais comment j'allais faire pour l'école... Je n'étais pas assez disponible pour lui faire l'école à la maison et je me voyais mal le mettre dans une école, même spécialisé, avec son actuel état psychologique. Je ne savais pas si Jimin serait capable de supporter les autres enfants de sa classe, ils étaient encore jeunes à cet âge là et certains n'étaient pas encore conscient de tout le mal qu'il pouvait faire en posant d'innocentes question aussi blessante qu'un coup de poignard. Et puis Jimin était toujours muet comme une tombe, impossible pour lui d'avancer dans une quelconque pratique d'un domaine scolaire...


Il y a vraiment des jours où je me disais que j'aurais vraiment dû faire des études de marketing...

Le Sourire du Soleil |Yoonseok|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant