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_ M. Min ouvrez cette porte !

_ Dégagez, j'ai pas besoin de votre aide ! Fit la voix étouffée par la porte.

Je poussai un soupir. Décidément, Min Yoongi n'était pas un de mes patients les plus faciles...

Nous étions déjà Jeudi et je donnais encore une fois une consultation gratuite à Min Yoongi dans le bureau de mon ex-collègue Seokjin à l'hôpital de Séoul centre.

_ C'est M. Jung... Ouvrez s'il vous plaît.

_ Nan ! Foutez moi la paix. Vous me saoulez à exposer votre bonheur à tout le monde.

_ Comment ça : exposer mon bonheur ?

_ Vous êtes heureux et vous le montrez, ça me saoule, grogna-t-il.

_ Qu'est ce qui vous fait dire que je suis heureux ? Demandai-je.

La porte cliqueta et s'ouvrit doucement sur l'homme au cheveux vert menthe.

_ Vous souriez contastement... Et ça se voit que vous êtes heureux.

_ Vous en êtes sûr ? Et si ce sourire n'était qu'une façade ?

Il parut un moment dérouté et fronça les sourcils :

_ Putain, même à travers cette fichue porte vous arrivez à me faire faire votre foutue thérapie.

Je lui souris. Sourir était comme un automatisme chez moi. Et j'aimais aussi voir les gens sourir. C'est comme ça que j'avais trouvé ma vocation... Enfin j'avais longtemps voulu être humoriste aussi...

_ Vous ne voulez pas que l'on aille dans le bureau de M. Kim ?

_ Si vous y tenez, marmonna-t-il.

Il me suivit dans les couloirs et nous étions tous les deux entrés dans le bureau de Seokjin.

_ Bien... La dernière fois nous avons terminé sur votre notion du malheur.

Il ne dit rien alors je poursuivais :

_ Qu'est ce que c'est pour vous, le malheur ?

_ Tout le contraire de vous.

_ Et quel est-il, mon contraire ?

_ Moi.

Simple, clair et rapide. Si je comprenais bien M. Min, ici présent, il se considérait comme l'incarnation même du malheur.

_ Vous vous considéré comme le malheur ?

_ Non. Moi je suis un fléau.

J'avais soupiré doucement :

_ M. Min, si vous ne me racontez pas votre passé je ne peux pas vous aider...

_ Vous me cassez les couilles.

Il y eut quelques secondes de silence occupées par le tic-tac régulier de l'horloge murale dans le bureau de mon collègue.

_ J'étais une erreur. Un enfant non désiré. Mes parents étaient pauvres et ils n'avaient jamais voulu une troisième bouche à nourrir. Ma mère était une junkie. Elle est morte d'une overdose d'héroïne quand j'avais huit ans. Je suis resté avec mon père qui me battait jusqu'à mes quinze ans, il m'a chassé quand il a découvert que j'aimais les hommes. J'ai été receuillis dans un foyer où je n'avais aucun ami. Une fois majeur j'ai dû partir. J'ai trouvé un bouleau de serveur dans un bar malfamé de la capitale. Je sortais avec un de mes collègues. Mais je l'ai quitté quand j'ai découvert qu'il était avec moi uniquement pour le cul. J'étais anéantie alors j'ai foutu le feu au taudis dans lequel je vivais pour crever une bonne fois pour toute mais les pompiers ont défoncé la porte avant que je ne puisse mourir. Comme quoi, la pute qui s'appelle la vie tient vraiment à me faire souffrir jusqu'au bout !

Je ne disais mot. Yoongi n'avait pas eu une vie facile. Moi qui avais toujours eu des parents aimant et une bonne condition de vie j'avais du mal à me représenter cette façon de vivre.

Un sanglots résonna dans la pièce. Je sortais de mon état de léthargie et relevait la tête vers M. Min. Il pleurait.

_ Putain, vous avez réussi à me faire chialer. J'espère que vous êtes fière de vous.

Puis se fut un déluge de larme.

_ J-j'en ai tellement marre. J'en p-peux plus. P-pourquoi personne n-ne veut me co-comprendre ?

Poussé par un élan de bonté je me levai de ma chaise et m'approchai de mon patient pour le prendre dans mes bras. Je n'avais jamais fait ça : je n'en avais pas le droit. Au début il fut peu réceptif mais il finit par mettre ses bras sur mes épaules et termina par s'accrocher à mon pull tel une bouée de sauvetage.

_ Calmez vous... Calmez vous. Je suis la pour vous aider...

Il continua de sangloter contre moi mais je ne lachai pas. Je voulais lui montrer que je n'allais pas l'abandonner.

_ S'il te plaît Hoseok, sauve moi.

***

Dès que je passai la porte d'entrée, la voix de Seulgi me parvint au oreille. Elle était d'accord pour garder Jimin tous les Jeudi pendant que je donnais ma consultation à M. Min à l'hôpital.

_ "Mère grand, comme tu as de grands yeux"

Elle fit une pause prenant une voix plus grave :

_ "C'est pour mieux de voir mon enfant."

Je restai dans l'encadrement de la porte du salon. Seulgi était dos à moi, Jimin était assis à côté d'elle, pour ne pas dire, collé à elle. Il avait un plaid sur les épaules et détaillait attentivement les détails de chaque illustration présentes sur le livre que tenait sa baby sitter.

_ "Mère grand, comme tu as un grand nez !" "C'est pour mieux de sentir mon enfant" "Mère grand comme tu as de grandes oreilles" "C'est pour mieux t'écouter mon enfant."

Un toussotement de ma part les fit sursauter.

_ Oh Hoseok ! Tu es là !

Étonnement, Jimin ressera sa prise sur Seulgi qui lui rendit son câlin sans s'appercevoir que cet élan d'affection était provoqué par la peur qu'elle s'en aille.

_ J'ai passé une bonne après midi avec toi, dit-elle en claquant un bisous sur la chevelure de l'enfant.

Mais malgré ça Jimin ne semblait pas vouloir la lâcher. Ce qui surpris Seulgi, qui ne put s'empêcher de m'adresser un regard désolé. Je ne lui répondis que par un faible sourire alors que Jimin jetait sur moi, un regars noir, les lèvres pincées vers l'avant et les sourcils froncés.

Je m'approchai d'eux et m'installai près de Jimin qui eut l'air soudainement très troublé de se retrouver entre Seulgi et moi. L'air un peu perdu, il relâcha le bras de sa baby sitter, ses yeux passant des miens à ceux de Seulgi.

_ Au revoir mon petit Jiminie, sourit-elle en claquant un bisou sur la joue de Jimin.

Je souris à mon tour, decouvrant la mine effaré de l'enfant et me levai pour raccompagner Seulgi jusqu'à la porte d'entrée, mais quand je revins dans le salon, Jimin n'y était plus.

Le Sourire du Soleil |Yoonseok|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant