06 - Lien manquant

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15e jour de la saison du ruisseau 2441 — PDV Azéna

Le Festival de la Paix, la seconde plus grande fête en Daigorn se déroulait en ce jour. Les gens se rejoignaient au centre-ville de la capitale, certains originaires de d'autres royaumes : Dètmor et Elthen. Bien sûr, c'était le temps pour célébrer la sérénité, l'empathie et le calme. Aucune arme était permise sur les lieux à l'exception des gardes ce qui était une loi renforcée que durant ce jour. C'était donc la parfaite occasion d'aller visiter Fayne sans trop d'inquiétude, quoique cela n'avait jamais arrêté Azéna. Celle-ci se faufilait entre les gens qui s'offusquaient lorsqu'elle les frôlait par accident.

— N'oses pas toucher à ma bourse, petite crapule ! gueula une dame à la chevelure grisonnante attachée en chignon.

Azéna l'ignora malgré son envie de lui lancer une insulte car oui, elle avait appris des vilains mots en compagnie de roturiers. Cela faisait maintenant plus d'une année qu'elle connaissait les Litfow et elle avait bien gardée ce secret de sa famille. Elle était supposée être avec la sienne, mais comme à son habitude, elle s'était éclipsée en douce.

— Bah au moins ce n'était pas « la sorcière », se dit-elle dans une tentative de se remonter la morale.

Elle vira dans une allée déserte. Sa destination: la demeure de Fayne où elle devait la rencontrer bientôt. Un chat brun s'éclipsa à sa vue comme si sa vie en dépendait. Comme elle adorait ces créatures félines, Azéna le suivit du regard, admirant son beau pelage tigré.

— Hé attention ! hurla une voix plaintive. Hé ! Hé !

Mais Azéna ne sut s'arrêter à temps ; elle fonçait trop rapidement. Les membres des deux individus s'entremêlèrent et ils finirent par s'écrouler lourdement sur le sol carrelé malpropre.

— Bah ça alors ! s'exclama le garçon.

Il leva le regard pour examiner celle qui l'avait bousculé. Les deux se reconnurent du premier coup d'œil et comme un miroir, ils serrèrent les poings en parfaite synchronisation.

— Toi ! beugla Bentrh en repoussant sa chevelure en bataille d'un coup de tête. Je t'ais avertis que -

Il avait encore grandi ; il était maintenant sur le point de débuter son adolescence. Ce n'était pas bon signe ; il était bien plus fort qu'Azéna, beaucoup plus costaud qu'une fille de huit ans, mais elle devait lui tiendre tête.

— Que tu allais me botter le cul la prochaine fois que tu me verrais dans ton quartier délabré, termina Azéna pour lui.

— Déla quoi ? questionna le garçon, prit de confusion.

— En train de tomber en ruines, mon grand génie, insulta la fillette avec véhémence. Il n'y a que la Corne Blanche qui retient de sa dignité dans cet endroit. 

L'instant suivant, un poing rageur fut balancer contre sa joue droite. Elle retourna là où elle était tombée la première fois, frottant sa blessure en grimaçant. Elle était consciente qu'elle l'avait méritée celle-là. Les mots complexes faisaient normalement réagir les roturiers avec rogne. En plus de cela, elle s'était permise de s'en moquer.

— Tu oses t'en prendre à mon éducation alors que toi, sale petite sorcière vorace, tu as eu la chance, seule Elysia sait pourquoi, d'avoir accès aux mentors les plus renommés de la région ! rugit Bentrh en appliquant de la pression sur ses jointures pour les faire craquer. T'es vraiment un moins que rien, une ordure, juste comme tous ces nobles !

En temps normal, si on avait dit ces paroles exactes à un noble, ce dernier se serait transformé laisser posséder par un mauvais esprit juste pour maudire son instigateur. Un roturier n'insultait pas un noble. Mais Azéna était différente ; elle n'aimait pas s'associer à un groupe social. Alors, elle laissa passer ces mots injurieux et se leva dans le calme.

0 - Aube d'argentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant