Chapitre I : L'arrivée

85 11 18
                                    




Nous y voilà. Cinq mois après ma première "hallucination", j'allais dans un hôpital psychiatrique. Ô joie.

J'étais dans la voiture, en train d'écouter de la musique sur mon téléphone, comme n'importe quel autre adolescente de 16 ans. Vous savez, dans le monde des adolescents, on a des noms, des clans pour chaque personne, parce que même si notre espèce à l'air d'être désorganisé, c'est tout le contraire. Nous sommes tous bien classés, bien rangés et ensuite étiquetés pour rentrer dans le moule de la société. Parmi toutes ses sous-espèces, il y a les meilleurs, les "Populaires" (popularus adolescens) bien-sûr, puis les "Intellos" (interligus adolescens) ou encore les "Transparents" (transparens adolescens) et j'en passe. Il y a aussi beaucoup de sous-catégories et, quoiqu'ils soient rares, des croisements, des hybrides. J'ai par exemple déjà connu un "Intello/Populaire" (Interlagusque popularus adolescens). Et oui, notre espèce est très diverse.

Mais pourquoi vous-je raconte ça ? Vous savez probablement déjà tout ça. Car si vous êtes ici, vous faites probablement partie de mon admirable espèce, ou du moins vous en avez fait partie.

Interessons-nous plutôt à mon cas. Car je fais partie d'une sous-espèce peu commune, même carrément en voie d'extinction. Les "Fous", ou d'après le nom scientifique latin que je viens de leur inventer (comme tous les autres) , l'espèce Insanus Adolescens. Whoop whoop. Personnellement, je conteste cette dénomination. Je ne suis pas folle. Je le sais. Mais on ne choisit pas ses étiquettes. C'est les autres qui le font pour nous. Depuis notre premier jour c'est comme ça : nos parents choisissent notre nom, pas nous.  Alors oui, moi, je fais partie des "Fous". À cause de mes hallucinations, à répétition, que j'ai même eu en classe. Toujours cette même fille, "Elle". À chaque fois qu'elle apparaissait, je commençais à crier, hurler, sangloter ... je devenais même dangereuse. Mes camarades de classe avait peur de moi, moi, la fille jugée un peu bizarre mais plutôt sympathique sinon, maintenant une folle à lier.

On m'avait répété maintes fois qu'Elle n'était pas réelle, puisque personne d'autre à part moi la voyait. Que c'était dans ma tête. Je leur avait répondu, en citant Dumbledore dans les Reliques de la Mort, que ce n'était pas parce que c'était dans ma tête que ce n'était pas réel. Ça n'avait pas vraiment aidé mon cas.

On m'a d'abord fait aller chez le psychologue.

Ça n'a pas marché.

Je n'étais donc plus apte à être dans un établissement normal. Ils ont donc eu recours à la solution finale : l'hôpital psychiatrique. Je ne voulais pas y aller. Quand mes parents ont annoncé leur décision, je leur avait crié dessus, disant qu'ils se débarrassaient de moi, leur fille folle. Ils m'abandonnaient. Mes chers géniteurs ont essayé de me convaincre : d'après eux l'hôpital où ils m'envoyaient était très sympathique, avec beaucoup de jeunes de mon âge, et surtout que je ressortirai vite. Mais je ne voulais rien entendre sur ce lieu. 

Dans la voiture, je ne savais rien de où j'allais, seulement son nom : Hôpital Valsante.

Je jetais des coups anxieux au GPS : plus que 20 km, 15 km, 10 km ...

Des noeuds se formèrent dans mon estomac et dans ma gorge. Comme une pieuvre qui projetait l'encre de la peur en moi.

Je me repris à penser à ma vie d'avant : celle où j'étais juste une fille un peu perdue, que tout le monde aimait bien, un peu intellos sur les bords. Je n'étais pas différente. Je trouve prétentieux de dire ça. Comment pouvons nous savoir si on est différent ? On ne sait rien des autres, seulement ce qu'ils laissent paraître. On ne sait pas ce qu'il se passe dans leurs tête. Sommes nous tous différents ou tous identiques ?

Un flux de pensée diverses me traversaient l'esprit comme pour l'occuper, pour faire cesser mon corps de trépigner et tapoter des doigts. Je ne voulais pas penser à l'Hôpital Valsante. Je n'y avait tout simplement pas ma place.

On y était arrivé. Un grand bâtiment, d'un style assez ancien, gris. Un jardin qui se voulait joyeux avec pleins de fleurs et de bancs colorés mais qui ne rendait le tout que plus lugubre. C'est sur un de ces bancs que je la vis, dans sa robe assortie avec les coquelicots. Elle.

Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas folle.

****

Voilà ! Le premier chapitre ! Je n'ai pas encore vraiment de lecteurs, donc n'hésitez pas à laisser un commentaire ! Je suis dans un terrible manque d'avis snif.

À plus les toons,

Awennor la désespérée.

ValsanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant