Chapitre 2 : Sinistre lieu

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Pas Elle.

Pas maintenant.

Allait-Elle vraiment me suivre partout pour toujours ?

Ne serais-je plus jamais seule ?

Il était vrai qu'Elle faisait des apparitions de plus en plus souvent ces derniers temps. C'est pourquoi j'avais essayé une nouvelle technique : l'ignorer. Je ne pouvais pas continuer à crier et gesticuler à chaque fois que je la voyais. Peut-être que mes parents ne remarqueraient pas que j'étais en train de la voir et oublieraient ma supposée folie de cette façon. Mais même si je ne criais plus, je serrais mes poings jusqu'à faire saigner mes paumes, ce qui me trahissait.

On sorti de la voiture et on alla à la majestueusement triste porte du bâtiment. Le regard d'Elle me suivait toujours. On arriva enfin, en traversant d'abord un long corridor, à une sorte de réception. Une dame est assise, son nez qui rivaliserait avec celui d'un aigle penché dans un livre, qui me semble être un Harlequin.

— Madame ? dit poliment mon père.

La drôle de concierge surprise, se lève brusquement, le regard ahuri.

— Oh désolée ! J'étais vraiment ... passionnée dans ma lecture, comme vous l'avez peut-être remarqué, s'exclama-t-elle, gênée. Votre nom ?

— Je suis Mathieu Flamand, et ma femme s'appelle Lorelei Weissman. Nous venons pour notre fille, Mara Flamand, informa-t-il la concierge.

— Oh oui, vous êtes bien registrés dans le système de l'hôpital. Bonjour Mara, je suis Mme Careille, mais tu peux m'appeler Lise. Tu vas voir, tu vas bien te plaire ici. Les chambres sont très spacieuses et confortables, mais tu ressortiras probablement vite et les autres pensionnaire sont des véritables amours ...

« Oui des amours, pensais-je, sûrement pour ça qu'ils sont dans un hôpital psychiatrique ....»

— Pardonnez-nous Mme Careille, l'interrompt ma mère, mais nous sommes assez préssés ...

La concierge me laisse en plan, et parle brièvement avec mes parents, leurs communiquant et demandant des informations importantes, comme le numéro de téléphone de l'hôpital en cas d'urgence. Avant que mes parents partent, nous cédons aux effusions et nous nous embrassons. Même s'il m'ont envoyée ici, je sais que je les aime et qu'ils me manqueraient.

Mme Careille et moi étaient enfin seules.

Elle papota beaucoup avec moi, étant assez bavarde. Mes manières sarcastiques ne semblaient pas la déranger. Je l'aimais bien, avec ces cheveux frisés bruns qui partaient dans tous les sens et ses yeux de chouette, mais je sentais que c'était le genre de personne qui pouvait vite devenir agaçante. Elle m'expliqua que l'hôpital avait 3 parties : la partie W, L et S. Chacune de ces parties avaient 20 chambres, et dans chaque chambre résidaient deux patients. À son maximum, Valsante pouvait donc contenir 120 pensionnaires, mais ce n'était guère le cas puisqu'il n'en contenait que 71. Elle m'emmena dans ma chambre, la chambre 17, située dans la partie W de l'hôpital, et j'allais avoir une colocataire d'à peu près le même âge que moi. Bon dieu, n'y avaient-ils seulement des couloirs tortueux ici ? Ce "manoir" était vraiment très poussiéreux. En passant, je remarquais beaucoup de dessins qui semblaient avoir été faits par des gamins en colère, il y avait aussi beaucoup d'affiches qui annonçaient une soirée karaoké par exemple. Tout était fait pour rassuré, mais c'était plutôt l'effet inverse chez moi.

Après ce qui semblait comme quelques kilomètres de marche, Mme Careille et moi étions arrivés à ma porte.

— Mara, avant que tu ailles rencontrer ta camarade de chambre, dit soudainement la concierge, il faut encore que je te demande et dise quelques chose.

— Vous allez m'annoncer de ne pas sortir de ma chambre à minuit parce qu'il y des fantômes ou je ne sais quoi qui traînent dehors ? Ou alors que ma "camarade de chambre" est une dangereuse fille qui a tué toute une famille au Guatemala ? lui répondis-je sarcastiquement.

Pour une fois, ça ne la fit pas rire.

— Quel est ton nom ? me demanda-t-elle sans répondre à ma question.

— Euh, vous veniez de le dire à l'instant. C'est Mara. Mara Flamand. Vous l'avez déjà oublié ? Ce n'est pas le nom le plus mémorable au monde, je vous l'accorde, mais c'est quand bizarre de l'oublier si ....

— Quel est ton nom ici ? me coupa-t-elle.

— Je ne comprends pas.

— Écoute, répliqua Mme Careille, nous n'avons pas le même nom ici que dans le monde extérieur, pour des raisons de sécurité. C'est une des premières règles ici. Généralement les pensionnaires choisissent un nom qui vient de la mythologie grecque si ça peut t'aider.

Elle référait aux adolescents ici toujours comme des pensionnaires, jamais comme des patients.

Je réfléchissais donc. Un nom de la mythologie grecque. Pour bien m'intégrer, je devrais sûrement choir un prénom qui soit dans le même genre des autres. Je n'avais pas vraiment envie de faire mon ado rebelle, "différente", et choisir un nom complètement différent, comme Applebubble ou je ne sais quoi. La mythologie grecque, c'était bien. J'avais eu une sorte de phase "mythologie grecque" quand j'étais petite. Courte mais intense. Je connaissais presque tous les mythes par cœur.

— Cassandre. Je m'appelle Cassandre, lui déclarais-je.

— Bienvenue, alors, Cassandre.

Elle s'en alla.

J'étais seule devant cette porte étrange. Une feuille était collée dessus, il y avait écrit " CHAMBRE DE EUROPE ET ................". Europe, c'était donc le nom de ma colocataire. Europe, la jeune princesse phénicienne enlevée par Zeus, séduit, sous forme de taureau blanc. Son nom avait-il un rapport avec son histoire ? Je pris un bic dans ma poche (oui, je garde un bic dans ma poche) et écris mon nom à côté du sien, sur les pointillés.

"CHAMBRE DE EUROPE ET CASSANDRE"

Je pris une grande inspiration, et j'entrai.

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Un chapitre plus long cette fois ;) , presque 1000 mots, waw ! je me surpasse. Vous pouvez écoutez le morceau en multi-média, qui correspond très bien à mon histoire et qui est juste sublime à écouter. J'aurais dû le mettre en multi-média plus tôt, tiens. Les vrais savent d'où je l'ai trouvé !

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Tchô les toons,

Awennor la mélomane.

ValsanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant