Les mots qui étaient peut-être plus appropriés étaient plutôt « j'essayai d'entrer» . En effet, la poignet ne voulait pas tourner, bloquée. La porte semblait barricadée par une chaise, comme je faisais quand j'étais petite.
Je toquais, mais personne ne répondit.
Énervée, je commençai à taper frénétiquement en criant : « Ouvre ! Qui que ce soit derrière, ouvrez la putain de porte ! »
Qu'est-ce que je faisais ? Ce n'était pas en tapant comme une forcenée que j'allais aider mon cas. Pour sortir de cet établissement, je devais adopter un comportement calme, même si cela revenait à le feindre. Je repassai les pans de ma chemise avec mes mains pour qu'il n'y ait pas de plis, glissai mes mèches blond cendré derrière mes oreilles. Je toquai de nouveau.
- Europe, dis-je presque en murmurant, laisse-moi entrer.
Un bruit retenti. L'intéressée déplaça la chaise et ouvra lentement la porte. Je découvrit enfin son visage. Elle avait des traits asiatiques et des longs cheveux noirs comme l'ébène. Ses yeux étaient très frappants. D'un marron presque noir, décorés de longs cils, où se mélangeait innocence et peur. Que faisait une personne comme elle dans un asile de fou ? Mais les apparences pouvaient être trompeuses.
- Comment tu sais mon prénom ?... pétasse ! rétorqua-t-elle, manquant d'assurance.
- Et bien, la méchanceté ne te va pas. Tu as écrit ton prénom sur la feuille accrochée à ta foutue porte, imbécile ! J'espère que vous êtes pas tous aussi bête ici ! m'exlamai-je en montrant la feuille.
- Ah oui c'est vrai, mais ça fait tellement longtemps que cette feuille est là. Donc toi, c'est Cassandre. Et chapeau, tu te débrouilles vraiment très bien pour une nouvelle, répondit-elle impressionnée, mocheté blonde débile !
- C'était du sarcasme ? Car dans ce cas tu es encore plus mauvaise en ça que pour dire des insultes, t'es vraiment tarée !
- On ne t'as donc pas expliqué ? Chaque jour a un thème, ou une sorte de règle un peu sotte décidée par le directeur de Valsante. Aujourd'hui c'est le Jour de la Méchanceté et des Insultes. On est donc obligé de faire toutes sortes de remarques désobligeantes aux autres sous peine de punition, m'informa-t-elle. Je n'aime vraiment pas ce jour, espèce de conne, ajouta-t-elle en soupirant.
Elle était décidément pas très créative en matière de grossièretés.
- Ah d'accord. Même le directeur est taré. Génial.
- Plus on est fous plus on rit, non ? Au passage, tu as oublié de m'insulter !
- «Sale cadavre visqueux en putréfaction qui n'attire même pas les vautours tellement il est repoussant » ça te va comme insulte ?
Europe me félicita, j'avais apparemment un don pour être méchante. La jeune fille me fit entrer et me donna un calendrier, parce que Valsante avait aussi d'autres noms pour les mois, mais à ce stade, je n'étais même plus étonnée. Ce jour là nous étions le 15 novembre, mais d'après le "Calendrier Valsant" nous étions le 15 Afteror. Mon anniversaire qui était conventionnellement le 17 décembre, était ici le 17 Sombrume. Les "thèmes" des jours étaient aussi indiqués.
Je contemplais "notre" chambre. Ma première impression était qu'elle était extrêmement propre. Même trop. Elle était aussi parfaitement symétrique, à la droite il y avait la partie d'Europe et à gauche la mienne. Dans chaque partie il y avait un lit en hauteur avec un bureau en-dessous pour économiser de la place, une étagère, une armoire et un miroir. La seule différence était que l'étagère de ma colocataire était remplie de livres, classés par couleurs. Une rangée de gels désinfectants et de mouchoirs était posée sur son bureau. Pour le reste, il n'y avait aucune décoration. Pas de posters, ou d'affiches, rien de superficiel. Les murs étaient nus, d'un blanc immaculé. Était-elle une maniaque de la propreté ?
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Valsante
ParanormalMara Flamand, 16 ans, a des hallucinations. Elle se fait donc interner dans l'hôpital psychiatrique Valsante, ou plutôt connu du nom "le manoir des fous". Un hôpital psychiatrique fait déjà peur, mais l'adolescente découvrira que ce n'est pas un si...