Mi and Ash's daily life diary (ミイトアシュラの日常日記！！)

2.[Akira]

2. Akira
                                                                  Samedi 20 janvier 2018,

Aujourd'hui, Tami a vingt-et-un an.
Et pourtant, on est même pas allé la voir.

Satoshi est chez moi, sous une masse de couvertures et il sanglote.
Eiji n'est pas là, il est chez le médecin, pour son épaule. Depuis son « accident », quand il était au lycée, il a plein de problèmes.

Mais revenons à notre problème, qui est Satoshi, en ce moment. Lui, c'est le petit frère de Miyako, et c'est surtout un incroyable pleurnicheur. Aussi longtemps que j'me souvienne, j'l'ai toujours connu en train de chialer.

Son problème, à lui, c'est Atsushi. Ces deux-là se connaissent depuis le jardin d'enfant, et là, c'est la grosse crise. Pour Atsushi, qui va devenir père, c'est déjà difficile, mais pour Satoshi, on dirait que c'est la fin du monde. Bon, en même temps, je sais pas comment je réagirais si mon meilleur ami me disait qu'il allait devenir père, même si j'pense que je prierais pour que ça soit pas mon cas. Tout le monde dit que je suis un gamin.
T'façon, avec Eiji, il y a pas trop de risques, hein.

Satoshi lève ses petits yeux tristes sur moi et me pose pour la cinquantième fois la question:
Mais Aki, tu crois que tout va changer, quand Shii-chan aura son enfant?
Je soupire. Qu'est-ce que tu veux que j'te dise, moi.

Mais j'en sais rien, moi, tu sais. Bien sûr, que tout va changer, il va devenir père. Mais peut-être que ça sera pour un mieux, alors arrête de chialer et pense un peu à ton meilleur ami. Tu crois pas qu'il est mille fois plus inquiet que toi?

Satoshi me fixe un long moment avant de renifler un grand coup et de se lever. Il prend ses affaires, et se prépare à partir.

Bah.. quoi, qu'est-ce que j'ai dit de mal? J'ai fait que dire la vérité, non ?

Il enroule son écharpe rouge autour de son cou, puis me lâche d'une voix tremblotante :

Tu devrais juste arrêter de parler, alors. Tu comprends rien aux sentiments des autres.

Il sort, et le bruit de la porte qui claque me fait l'effet d'un poignard dans le coeur.
Je repense d'un coup à ce qu'Eiji m'a demandé hier soir.
« Est-ce qu'on a changé, depuis le lycée? »
Qu'est-ce que j'en sais moi.
Je m'accroupis sur la petite marche, devant la porte. On dirait bien que je n'ai pas beaucoup changé, moi. J'comprends toujours rien. Et même si j'dis que Satoshi, c'est un pleurnicheur, qu'est-ce que je dois dire de moi, alors... Je mets mes deux mains sur ma bouche, j'essaye de me retenir, c'est vrai, ça sert à rien que j'pleure, c'est ma faute, si j'comprends rien...
Les larmes coulent toutes seules et franchement, j'ai honte de moi.
Mais... Je sais pas quoi faire.
Parce que si je pleure, c'est parce que quand il a dit ça, une vieille inquiétude m'est revenue à l'esprit.
Une qui date du temps où j'avais pas d'amis, j'avais pas Eiji, et j'faisais tout pour me faire accepter.
Je laisse échapper un petit sanglot, et j'essaye de me reprendre. T'es un mec de presque vingt piges mon gars, t'as plus douze ans, reprends-toi!

Je claque mes deux mains sur mon visage. Je me redresse et je retourne dans le salon. En fait, notre appartement est plutôt étrangement disposé, je trouve. Quand on est à l'entrée, on a la toilette à droite, et deux portes à gauche. La première mène à la cuisine, ou d'ailleurs on a un petit bar, et on peut passer de la cuisine à la salle-à-manger comme ça. La deuxième porte est inutile, parce qu'elle va juste dans le salon, qui est derrière la salle à manger, mais que de toute façon, les trois pièces sont reliées. Les deux murs qui bordent la salle-à-manger sont bordés de photos. Elles ont toutes été faites par mon meilleur ami, Masaki Kaname, que j'ai rencontré à Appollonia quand j'étais en dernière année. Ce mec est d'une timidité extraordinaire qui a tout pour me rendre dingue, mais il a le coeur sur la main... et sur son appareil photo, aussi.
Les photos racontent notre vie, on dirait.