Mi and Ash's daily life diary (ミイトアシュラの日常日記！！)

4.[Akira]

4. Akira
                                                                         lundi  29 janvier 2018,

Ça m'a fait mal, j'avoue, que sur toutes les personnes qu'il y a dans mon groupe, ça soit moi qui ai été choisi. C'est vrai, notre Satoshi tout doux tout gentil, en proie à une sorte de crise d'adolescence existentielle, a décidé de passer sa colère sur moi. Alors oui, j'en ai pris plein la figure, moi, Matsuoka Akira qui crie sur tout le monde, Matsuoka Akira qui parle sans réfléchir, mais ce qui m'a le plus touché là-dedans, c'est loin d'être l'action, mais bien le fait que profondément, c'est mon ami.

M'enfin, je ne lui en veux pas, parce que c'est la première fois, et que moi aussi, je l'ai fait, je connais mieux que personne les crises de colère injustifiées, les accusations à tort et les paroles en l'air, sorties sous le coup de la rage, amèrement regrettées après. Puis je le sentais, moi, que ça allait arriver, ça. Il fallait bien qu'il continue comme l'autre jour, qu'il finisse ce qu'il avait commencé, et qu'il se fâche sur moi.

Ça m'a fait réfléchir, assez bien, d'ailleurs.

Quand il est venu, ce matin, alors que j'étais en train de quitter l'université d'Eiji pour aller à la mienne, j'avais senti que quelque chose clochait. Et pour une fois entre toutes celles où j'ai tort au niveau des sentiments, j'avais raison. Parce que presque comme l'autre fois, il a tout de suite commencé à me crier dessus, disant des choses que j'ai pas trop compris, d'autres que j'ai pas trop écouté, et tout ça à propos de mon caractère, mon attitude, même mon physique, ou mon ignorance. Comme quoi, ça peut venir de tout le monde.
Je n'ai rien dit, moi, parce que t'façon ça ne servait à rien, et que je sais qu'il n'en pensait rien. Il a paniqué, s'est excusé, s'est mis aà pleurer. Après, je suis parti. Je suis parti, parce que je n'avais plus ma place là, que je me sentais mal à l'aise et que j'étais en retard.
Je suis allé en cours comme d'habitude, j'ai mangé, j'ai chanté, j'ai joué mes mélodies, fait mes devoirs, et ma routine habituelle n'a observé aucun changement.
C'est seulement dans le bus, celui qui passe devant mon université, que j'ai réalisé deux choses. Primo, les insultes gratuites ne tuent pas. Mais elles font vachement mal, surtout quand elles viennent de quelqu'un de proche. Segundo, je ne me rends vraiment pas compte de ce que pensent réellement les gens. Et je passe ma vie à m'énerver sur eux sans raison, à crier des choses inutiles que je ne pense même pas et que depuis le début, je ne comprends rien à rien et rien à personne.

J'ai respiré un grand coup avant de sortir du bus et le visage d'Eiji m'est venu en tête. Lui, il arrive toujours à faire tout bien sans soucis. Il ne me dit pas les petites choses comme celles-là, pour ne pas m'inquiéter, alors je ne lui dirai pas, non, je ne l'inquiéterai pas. Parce que de toute façon, il s'est excusé, il a oublié, et finalement, il en a été soulagé, donc c'est un peu comme si je l'avais aidé.
Et parfois, c'est ce qui fait le plus souffrir.

Je suis descendu, j'ai marché un peu, et là, j'attends. Perdu dans des pensées inutiles qui ne vont me mener à rien.
Je devrais rentrer, il fait noir et Eiji va s'inquiéter. Je ne dois pas inquiéter Eiji...
Je dois m'empêcher de parler.

                                                                     Mardi 30 janvier 2018,

J'ai fini tôt, et Eiji a encore cours.
Il fait grisâtre dehors, et il tombe des petits flocons.
Je suis seul avec Key dans la salle du conseil des élèves de l'université Aonuma. Je n'avais rien à faire, alors j'suis venu, et finalement, affalé sur la chaise de bureau d'Eiji, emmitouflé dans son pull bleu et blanc, je compte les minutes qui passent.

Key a la tête plongée dans un livre énorme, et je n'ai même pas envie de lui demander ce que c'est. Il y a une sorte de malaise entre nous.
Il faut dire que depuis qu'il est amnésique, je ne lui ai plus vraiment adressé la parole. Son médecin, qui est aussi une des profs d'Eiji, une femme d'une quarantaine d'années, avait promis qu'il retrouverait vite la mémoire, mais ça fait déjà un mois que ça dure, et pour lui, ça doit être long. On dirait que tout a changé, qu'il est différent.
Autant dans ma rivalité habituelle avec lui, autant dans ses blagues, et aussi... Sa façon de me parler, à moi, à Eiji, à Tami, comme s'il ne nous connaissait pas... Et surtout Yuusei. Il doit en voir de toute les couleurs. On a plus vraiment organisé de soirées depuis que Key à tout oublié, mais avant, on en faisait vraiment beaucoup, et ça me manque. Key, le vrai, celui d'avant, me manque vraiment. J'me rends compte de ça en fixant ses cheveux luisants, parce qu'en vrai, je sais que c'est surement pareil pour lui. Au fond de lui, une voix doit lui dire « souviens-toi », et comme il n'y arrive pas, je suis sûr qu'il attend désespérément  le moment où il va pouvoir le faire. Il doit se sentir tellement seul.
Key lève la tête et pousse un grand soupir.
- Akira, tu veux aller prendre un truc à boire à la cafète?
- Hein? Et ton livre?
Il referme brutalement son bouquin à couverture vert pâle et le place délicatement sur le coin de son bureau, en jetant un dernier regard dégoûté dessus.
- Je peux pas, j'arrive pas là, j'ai beau essayer, c'est trop chiant...
Je lui fait un sourire un peu forcé.
- Eiji t'expliquera sûrement si tu lui demandes.
- Je vais pas lui demander de lire le livre à ma place, nan plus... Après, il risque de penser que je suis un sale profiteur...
- Je pense plutôt que ça lui manque, cette partie de toi.
Je sais que je ne devrais pas dire ça, mais depuis une semaine, j'ai l'impression que tout part dans tous les sens, et que je fais n'importe quoi. J'en ai marre que tout aille mal, je me demande si c'est moi qui déconne, ou si c'est le monde qui s'acharne sur moi, et je me surprend à espérer un miracle. Peut-être qu'au moins, Key pourrait retrouver la mémoire, je sais que ça rendrait Eiji heureux....
J'aimerais que pour lui, tout aille bien.