Au nom d'Amour (Is It Love - Peter)

II- Philía

Que dire de cette première nuit ?

Déjà, commençons par souligner le fait que j'ai effectivement mes propres 'appartements' – entendez par là qu'en plus d'une vaste chambre, où j'aurais bien la place pour faire des exercices sportifs si j'en avais la volonté, je dispose également d'une salle d'eau personnelle absolument somptueuse – avec douche et baignoire parce que je le vaux bien, semble-t-il.

La veille, je n'ai pris que le temps de ranger mes maigres affaires dans ma penderie avant de m'évanouir sur ce lit divin et moelleux à souhait. J'avoue avoir bien rigolé en voyant le peu d'affaires que j'ai emporté se perdre dans la masse de place inutilisée de l'armoire. Il faudra pallier à ce petit problème.

Pour l'heure, me voilà réveillée de ce sommeil de princesse dans lequel j'ai enfin pu m'oublier. Il aura fallu quelques milliers de kilomètres pour cela mais, pour la première fois depuis longtemps, je sens ce poids sur mes épaules s'alléger. Ce n'est que de la poudre aux yeux, je le sais bien, mais fuir est pour l'heure la seule solution qui me tienne encore. Tant que je ne serais pas capable d'admettre la vérité en face sans souffrir le martyr, je préfère m'oublier dans une routine nouvelle, dans des découvertes alléchantes et dans des relations à bâtir. De la cendre doit naître l'arbuste.

Après un passage obligé à la douche et un plaisir incommensurable face au retour inespéré de mon peigne dans mes mèches blondes – en piteux état, hélas – je me juge suffisamment présentable pour descendre faire la rencontre de la jeune Lorie. J'espère que le courant passera bien entre nous, j'ai vraiment envie que ça fonctionne.

Je sors donc de ma chambre et scrute timidement le couloir à la recherche d'un signe de vie. Ils doivent déjà tous être partis vaquer à leurs occupations. De ce que m'a brièvement appris Nicolae, la chambre de Peter est en face de la mienne et, plus loin dans ce même couloir, celle de Drogo doit traîner quelque part. Quant à Nicolae, il est de l'autre côté de l'escalier principal, pas très loin de la chambre de Lorie.

Ce devrait être facile à retenir, bien que je sente d'avance que je vais perdre quelques précieuses minutes à me perdre entre deux portes.

Armée pour cette nouvelle journée, je suis descendue à la salle à manger pour trouver de quoi me nourrir. A peine entrée dans la pièce, deux paires d'yeux se sont arrêtées sur moi. Nicolae et, vraisemblablement, la petite Lorie. Le premier était en pleine lecture, la seconde jouait avec un lapin en peluche qui en avait vu des vertes et des pas mûres.

« Bonjour »

Je les saluts avec un sourire enjoué, consciente d'être au centre de l'attention. L'aîné me rend la politesse puis ferme son livre comme s'il m'attendait. Elégamment, il se lève de la chaise avec un sourire et me fais signe de prendre place face à sa sœur.

« Bonjour, Aria. J'espère que tu as bien dormi. Laisse-moi te présenter ma sœur cadette, Lorie. Vous allez pouvoir faire connaissance, toutes les deux ».

Je le sens satisfais, il doit aimer son petit effet ; Lorie reste cependant de glace, me fixant comme Drogo l'avait fait la veille.

Il va falloir lui retirer cette mauvaise habitude, elle ne prend pas un bon exemple en suivant son frère.

Pas que je déteste ce grand blond au sourire insupportable, mais on va se dire les choses en face : il est pénible. Peter, lui au moins, il a l'air plus respectable, plus honnête, plus...

J'arrête immédiatement ce listing improvisé, ce n'est pas le moment de vanter les mérites d'un inconnu, j'ai une petite fille à impressionner !

« Enchantée, Lorie. Je m'appelle Aria. Toi et moi, on va passer beaucoup de temps ensemble à partir d'aujourd'hui. J'espère qu'on s'entendra bien ».