Mes journées étaient rythmées par les repas ( apportés par de graves et silencieux enfants ), les siestes, les visites d'Askari – mon infirmier aux cheveux verts- et les tentatives de communications avec mes geôliers – Askari n'était pas toujours là, me laissant parfois des heures seule ; il ne pouvait pas me reprocher d'avoir désobéis à ses consignes dans ces conditions !-
Mes gardiens n’étaient que deux, et , bien qu'étonnamment jeunes (ils ne devaient guère avoir plus de 14 ans)ils étaient d'une rigueur -et d'un ennui- exemplaire, et je ne parvins même pas à entrapercevoir une quelconque expression sur leur visages.
Pourtant, ils m'écoutaient ; puisque, lorsque, excédée de tourner en rond sans aucune occupation, je réclamai un quelconque moyen de me divertir, j’eus la surprise, à l'heure du repas, de constater qu'on m'avait également apporté un puzzle, ainsi que des livres -qui occupèrent une grande partie de mes journées, tant ceux-ci étaient différents des récits tristes ou ennuyants que n'offraient mes parents-.
Le matin du sixième jours, alors que je tentais de déchiffrer un livre à propos d'un dragon de lumière et d'ombre, il me semblait, mais l'ouvrage était écrit dans une sorte de language poétique incompréhensible, Askari entra dans ma chambre, la mine sombre ; je me souvint alors qu'une épreuve m'attendait.
« -Quand ? Demandais-je simplement.
-Demain, à 9 heures. Je viendrais te réveiller une heure avant, et je t'apporterais des vêtements plus pratiques. »
En effet, bien que j'eus pu me changer me changer et me laver régulièrement depuis mon enlèvement, les vêtements que l'on me fournissaient étaient comfortables mais peu aptes à toute activité autre que le repos : les chemises bien trop grandes pour moi et les pantalons grossiers de l'infirmerie risquaient de me gêner.
Je remerciais Askari doucement, puis il y eu un silence...étrange. Tendu.
Askari était du genre bavard -très bavard. De tels silences ne pouvaient exprimer qu'une chose : il était aussi tendu que moi.
Et en un sens, ça me rassurai.
« - Tu es prête ? Me demanda alors Askari.
-Absolument pas. »
Me surprenant alors, il tendit les bras, en une invitation silencieuse. Y répondant, je me blottis contre lui.
Au fil des questions, il avait appris à me connaître : il savait désormais que je détestait la solitude, qu'en plus de l'enfemement, j'avais une peur panique de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un chien, que je rêvais de voyager, et que je serais prête à tuer pour Aulei, qui était comme ma petite sœur pour moi. Qu'évidemment je ferais tout pour ramener les désillusionnés, que tous ceux que j'avais connus avant me manquaient chaque jours un peu plus. Que je ne disais jamais non à une nouvelle aventure, ayant toujours vécu dans l'angoissante attente de ne plus rien vouloir faire. Que les repas surgelés m'avaient toujours écoeurés, mais que ceux que cuisinait ma mère le dimanche n'étaient guère mieux ; Que malgrés tout, j'aimais mes parents. Que tous les adultes m'effrayaient, avec leurs regards vides. Que souvent, le soir, je pensais que j'allais devenir comme eux, que l'échéance se rapprochait ; que ces nuits là, je dormais peu.
Mais il s'était également un peu dévoilé à moi : je savais qu'il adorait le bleu -et le vert-, qu'il aimait transgresser minutieusement chaque règle que l'on voulais lui imposer, que le silence l'angoissait, qu'il était était très susceptible (une remarques sur ses cheveux m'avait valu dix minutes de silence boudeur) et qu'il adorait la poésie.
C'est ainsi que nous nous étions apprivoisés.
Me tirant de mes pensées et de ses bras, j'essuyais d'un revers de la main les larmes qui menaçaient de couler, et papillonnant des paupières pour empêcher les suivante de s'échapper, j'hochais la tête vigoureusement.
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Les âmes-plumes
FantasyIci, les gens n'ont plus de rêves, plus d'espoirs, plus d'envies. C'est le moyen le plus sûr qu'à trouvé le maître pour tous les soumettre. Mais des oubliés du système décident de se battre. Se battre pour ceux qui n'en n'ont plus l'envie.