Enamorarse lentamente

- Cuarto capítulo -

       

            Nous nous dirigeons dans la pièce qui joint la cuisine et l'entrée et prenons place à table que Solène a gentiment pris le temps de dresser. Je remarque qu'une veste de costume est passablement posée sur une des chaises, elle a l'air trop grande pour appartenir à Pablo.

Sa mère ramène un énorme plat bouillant de la cuisine et le pose sur la table avant d'aller chercher...une de ses filles, difficile de dire laquelle, et un homme surgit du couloir, la deuxième petite tête blonde dans les bras. Il l'a dépose dans son siège avant de me dire :

- J'avais bien vu qu'il y avait un couvert en plus !

- Pablo a invité une camarade de classe à diner. Elle s'appelle Nina, présente Solène.

- Enchantée, Nina. Je suis son papa, heureux de constaté que tu t'es déjà fait des amis, mijo.

Je souris à cet homme qui doit être Ilyès d'après les dire de Solène quelques instants plus tôt. Pablo a l'air gêné et baisse le regard en direction du plat contenant la tortilla qui sent extrêmement bon. Solène se saisit alors des assiettes de ses filles avant de s'emparer de la mienne pour me servir.

- Comment en veux-tu ?, me demande-t-elle.

- Une petite part, s'il vous plaît.

- Oh tu es sûre ? Tu peux en prendre plus tu sais, il y en a pour faire !

- C'est gentil mais je n'ai pas très très faim pour l'instant.

Solène semble gênée de ma remarque, et l'air désespérée, elle me répond :

- Je suis désolée, il faut vraiment que je m'habitue à m'adapter aux « heures espagnoles ». Même avec les origines d'Ilyès, à la maison, en France, nous mangions comme tout le monde. Mais c'est vrai qu'ici on vit la nuit plus qu'ailleurs. J'aurais dû attendre avant de servir le repas...

- Oh non ne vous en faites pas, je la reprends, ce n'est pas grave vous savez, je comprends.

Solène me sourit et m'offre une petite part comme je lui avait demandé.

- Alors, me lance le père de Pablo, tu as toujours habité dans le coin ?

- Oui, je n'ai même jamais déménagé de maison depuis ma naissance.

Après que tout le monde ait été servi, nous pouvons enfin commencer à manger.

- Tu as des frères et sœurs ?, me questionne sa mère.

- Je suis fille unique, et heureusement, mes parents travaillent trop pour s'occuper de deux enfants.

- Ah oui ? Quels métiers font-ils ?

- Maman, réprimande Pablo, c'est quoi cet interrogatoire ?

- Oh, pardon ma jolie, je ne voulais pas être abusive.

- Vous ne l'êtes pas. Ma mère est chef de la chirurgie cardio-thoracique à l'hôpital.

- Waouh, ce doit être épuisant comme métier.

- Ça l'est, mais nous arrivons quand même à passer des moments avec elle quand elle n'est pas de garde.

- Et ton père ?, me demande Ilyès.

- Oh, mon père est...

Une sonnerie de téléphone m'interrompt. C'est celle du téléphone du père de Pablo. Il saisit son portable dans sa poche et se lève de table pour répondre.

- Excusez-moi, je reviens tout de suite.

Nous terminons de diner tranquillement en papotant de tout et de rien et je me dis que j'apprécie beaucoup cette famille. Les deux petites sont adorables, leur père est aimant, et j'envie Pablo d'avoir une mère douce comme la sienne.