L'agence du destin

Chapitre 15 : Enfance gâché

Jack est le garçon le plus brillant de son orphelinat. Aimé par tous, il devient vite intéressé par les sciences et la nature. Il est l'un des seuls enfants qui ne posent pas de questions sur ses parents et sa possible famille qui l'a abandonné. Brooklyn est son terrain de jeu où faire un footing en sautant par-dessus les barrières et slalomant entre le vendeur ambulant est devenu un passe temps à part entière. Un jour pourtant ses idéaux de vie ont basculé quand il avait découvert un colis au pied de son lit. Le carton était fait d'une matière étrange et aucune adresse ou nom d'expéditeur ne figurait dessus. Il l'avait ouvert par curiosité et discrètement au milieu d'une nuit orageuse il en avait sorti une grande lettre très bien manuscrite et à son nom. Un doux parfum s'était échappé de la fausse boîte et des fleurs non identifiable ornait la lettre qui était étrangement accompagnée par 5 magnifiques enveloppes numérotés. Cette nuit là, la vie entière de Jack Ayard avait été remise en question, il devait marcher sur les anciennes traces laissés par ses parents à New-York alors qu'il faisait tout pour ne pas les imaginer.

Deux jours après avoir lentement digéré la subite apparition de son frère, Rose aidée par Kim, partit à la récolte finale des témoignages et coordonnées de chaque personne prenant part à ce long processus. Elle contacta également deux juges et trois avocats, tous réputés dans ce genre d'affaires houleuse, et une fois seulement les procédures administratives lancés, elle quitta sa chambre en saluant ses meilleures amies. Logan l'attendait à l'autre bout de Manhattan. Veste en cuir sur le dos, des veilles basket de ville dans les pieds et des écouteurs visés dans les oreilles, Rose marcha à vive allure à travers la ville en surprenant quelques badauds par son empressement. Sa seule hâte est de rejoindre les bras protecteurs de son copain et de ne plus penser à rien le temps d'une soirée plateau télé en tête à tête. L'agence l'avait encore bien eu sur ce coup-là.

Elle marchait le long d'une falaise, la mer à ses pieds, sa robe fleurit voletant au grès du vent. Des mouettes au loin et le doux bruit des vagues, elle tirait le bras sa maman qui la suivait de près. Un sac sur le dos, un bateau gonflable sous le bras, sa mère riait face à son enthousiasme pour la mer. Un pied sur le sable fin et l'enfant courait, déjà en maillot de bain, pour se jeter dans les vagues. Sa mère préparant un espace pour les affaires qui la rejoignait avec le bateau. Les deux complices passèrent l'après-midi, ne sortant que de l'eau pour faire une pause lecture. Un sandwich maison en main, elles contemplèrent le coucher de soleil et rentrèrent au clair de lune, dans leur maison de vacances.

Rose sursaute brusquement et manque d'en tomber du lit. Ce n'était qu'un rêve. Un rêve qui lui paraissait très lointain. Elle souffle un grand coup quand elle aperçoit Logan endormi à ses côtés, un sourire bien heureux qui flotte sur ses lèvres, un bras musclé qui enserre son oreiller. Elle se lève étourdie et se rapproche de la fenêtre pour laisser passer un rayon de soleil fuyant sur son visage apeuré. Les yeux fermés, un esprit ailleurs elle reste ainsi cinq minutes.

Ce rêve datait de ses dernières semaines de vacances en Corse, le dernier été ou elle a vécu avec son père et sa mère sous le même toit. Elle regrettait cette période où elle n'était qu'une petite fille de 10 ans qui n'avait comme seul problème le choix de ses chaussures chaque matins.  Elle avait eu de la famille côté paternel en Corse, chaque été ils restaient dans la maison de ses grands parents et Rose passait la majeure partie de son temps avec sa maman. Son papa préférait l'intérieur des terres pour faire des randonnées, elle avait ainsi créé des merveilleux souvenirs avec sa maman. Une fois son père partit, sa vie avait pris une teinte grisâtre et sa mère avait changer de comportement. Elle avait adoré la Corse et ses multiples facettes culturels, étant petite elle était fière de prendre le ferry à chaque voyage et de regagner la maison de ses grands-parents.