Chapitre 6 : Vers l'inconnu

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" Mesdames et Monsieur, veuillez attacher votre ceinture nous allons bientôt atterrir à New York. Il est 15 heures, heure locale et la température au sol est de vingt-deux degrés. Merci d'avoir choisi notre compagnie pour effectuer ce vol Genève - New-York. "

Excitée et fatiguée par le décalage horaire, Rose pressa le pas pour récupérer ses bagages qui arrivèrent, à son plus grand soulagement, sans retard. Elle sortit ensuite le plus vite possible de l'aéroport à la recherche de sa ligne de métro et une fois dans l'air bruissant des bus et taxi, elle sourit sans retenue en respirant l'air chaud de New York. Une nouvelle aventure commence et elle sent que ces plus grandes questions trouveront leur réponse ici.

Dire au revoir à sa mère a été un moment déchirant mais grâce à la présence de Carl à ses côtés, Rose ne ressent qu'à moitié l'amère impression de l'abandonner.

Durant les 8 heures de vol, son esprit n'a cessé d'essayer d'imaginer la vie à New York. Son appartement, ses études, une toute nouvelle ville à découvrir, des nouvelles connaissances, de nouvelles habitudes. Toujours anxieuse pour un rien, une boule d'inquiétude ne cesse de gonfler dans le creux de son ventre.

" Vais-je avoir le mal du pays ? " Se questionne-t-elle sans cesse, depuis le départ du tarmac à Genève.

Une fois le transfert bus-métro fait, Rose se cale contre une vitre, et se laisse aller à la somnolence, bercé par le bruit lointain et monotone des rails. Lentement ses paupières se fermèrent, mais au moment où elle sombra dans un sommeil léger, un frisson de peur lui parcourt l'échine. Son corps tout entier l'alerte d'un danger proche. Elle ouvre brutalement ses yeux, presque clôt, et observe attentivement autour d'elle. En regardant par la fenêtre, elle constate que le métro passe dans un tunnel et le reflet, sur la vitre foncée, d'une femme perdue lui fait face. Subtilement, une ombre se forme derrière elle, mais le tunnel prend fin et elle disparaît directement. Rose frotte ses yeux à plusieurs reprises et se retourne vivement, le cœur palpitant de peur. Ses yeux affolés balayent le wagon, et les rangées de sièges vide dans son dos mais quand elle l'aperçoit à la troisième ligne sur sa droite, son sang se glace et sa respiration s'arrête le temps d'un battement de cil. L'homme à la cicatrice est là. Celui-là même qu'elle avait assis en face d'elle dans le train Lyon-Marseille, cinq mois plutôt. Reconnaissable entre tous, il semblait ne pas l'avoir vu car son regard est perdu sur le paysage urbain qui défile. Il est toujours vêtu de son long manteau démodé, et de son bonnet troué qui lui aplatit une grande mèche de cheveux blonde, camouflant ainsi le départ de sa cicatrice. Un sourire fugace traverse son visage. Effrayant mais attirant Rose laisse courir, quelques secondes, son regard sur lui. « Il m'a vu, et il sait qui je suis. » Conclut Rose en détournant les yeux au moment où il affiche un sourire triomphant. 20 arrêts plus loin, Rose sent que l'agence a pris en main la tournure des événements au moment où l'étranger se lève pour descendre au même arrêt qu'elle. A quelques mètres de lui, Rose l'observe de dos et respire une effluve floral unique. Lentement son cerveau percute sur cet infime détail. « Je connais cette odeur. C'est la même qui était présente sur le colis, et c'est celle que dégageait les étranges fleurs et lianes qui ornait les lettres. Il vient tout droit de l'agence, voilà pourquoi il m'a suivi à travers l'Atlantique !! Est-ce mon ange gardien ?» Conclut Rose, excitée à l'idée d'avoir résolue une partie du mystère.

Une fois un pied sur le quai du métro à Brooklyn, et dans une pulsion soudaine, Rose décide de le suivre et de lui courir après malgré ses multiples bagages, mais une fois dans la rue, l'homme traverse en zigzaguant entre les voitures et Rose se retrouve bloquée par une camionnette folle qui lui coupe la route et l'empêche de rejoindre le trottoir en face. « Attends-moi au moins ! » Ironise-t-elle à voix basse dans sa langue maternelle. Elle observe sa trajectoire et souligne qu'il tourne dans une rue peu fréquentable mais quand elle y fait face, elle se retrouve confronté à un cul de sac. Elle grogne de mécontentement, triste d'avoir loupé une nouvelle occasion de lever le voile sur l'agence. Un passant la regarde de travers et préfère changer de trottoir pour continuer son chemin tout droit. « Je dois faire peur ! » Se dit-elle avec un bref haussement d'épaule, en signe d'incompréhension.

L'agence du destinWhere stories live. Discover now