2. Mauvaise habitude

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-Narration Marie -


 

Je marchais, mon sac de danse se balançait à mon épaule droite.J'avais les yeux fixés sur mon portable à répondre à Andrew, mon meilleur ami, qui me demandait si ma répétition c'était bien déroulée. Je répondis en évitant de parler de l'inconnu qui, plus j'y pensais, plus m'intriguait.

Je n'arrivai clairement pas à faire dévier mes pensées de ses yeux atrocement attractifs et effrayants. Je ne parvenais pas à trouver une raison pour laquelle il était venu me voir, ni même ce qu'il faisait là. Je ne savais clairement rien de lui et ça m'intriguait au plus au point. Aussi bizarre que cela puisse paraître j'avais envie de tout savoir de lui et bien que je n'avais aucune solution pour y parvenir, je gardais un minimum d'espoir. Pour une première dans ma vie, je me laissais le plaisir de croire en quelque chose. Le destin l'avait bien mis sur ma route une fois, il pouvait très bien recommencer. Ou peut-être devrais-je le chercher ?Cette option fut rapidement barrée de mon esprit. Il ne fallait pas que je prenne le risque quelconque de pouvoir rencontrer quelqu'un d'autre. Je me contentais de deux amis qui arrivaient à garder mon secret en sécurité et c'était amplement suffisant.

J'arrivai finalement devant ma demeure. Je soupirai avant de pousser le petit portillon et de m'engager dans l'allée. J'ouvris la porte d'entrée en abandonnant mes chaussures là. Je m'apprêtai à monter à l'étage pour éviter les cris incessants de mon père mais une voix s'éleva du salon :


«Où étais-tu ?»


Je lâchai un soupire en passant ma main dans mes cheveux alors que mon cœur s'affolait de ce qui allait se passer. Le ton de sa voix n'avait rien de rassurant, ni de confient. J'appréhendais ce qui allait advenir de mon compte.


«J'étais à une répétition.

-Viens.»


J'hésitai à entrer dans la même pièce que lui, puis je me résolus à avancer, traînant des pieds. Les yeux rivés aux sols, chacun de mes pas étaient lents, voulant inconsciemment repousser le moment à plus tard encore et encore.


«Approche ! cria-t-il violemment. Je ne vais pas te manger,» ajouta-t-il d'une voix qu'il voulait douce.


Je traînai les pieds jusqu'à lui en baissant la tête et triturant nerveusement mes doigts, je ne voulais clairement pas croiser son regard, il m'en dirait bien trop sur ce qui allait advenir de mon compte. Il pourrait trouver n'importe quel prétexte pour lever la main sur moi, même celle d'obéir.


«Regarde moi.»


Je baissai d'avantage la tête, trouvant mes orteils soudainement très intéressants. Face à cet homme saoul, j'étais bizarrement beaucoup moins forte et dure qu'il y avait quelques dizaines de minutes avec cet inconnu.

Je me mordis furieusement la lèvre pour tenter de faire disparaître le joli visage encore étranger et qui promettait de le rester de mon esprit. J'étais face à un homme effrayant et je trouvais le moyen de penser à lui,à l'interrogation qu'il représentait.

Au moment où je me rappelais de la requête de mon géniteur d'il y avait quelques secondes, il laissa son impatience et l'alcool prendre le dessus en s'approchant maladroitement de moi. Je levai machinalement les bras devant mon visage pour tenter de me protéger des coups à venir. Il attrapa mes cheveux à pleine main et d'un coup sec du bras, il m'éjecta plus loin. Un cri de douleur s'échappa de mes lèvres alors que je faisais un mètre de plus en glissant sur le carrelage. Il déambula lentement jusqu'à moi, sa bouteille de bière en main et son rictus mauvais scotché sur le visage. Je refermai mes coudes autour de ma boîte crânienne dans le seul objectif d'éviter les séquelles que promettait sa violence.

Le bout de son pied atterri rapidement dans mes côtes, déclenchant un nouveau couinement de ma part bien que les larmes ne se montaient toujours pas. Elles se faisaient d'ailleurs de plus en plus rare dans les situations comme ça, on aurait dit que j'essayais de montrer une quelconque manque de réaction face à la situation.


«Qu'est-ce-que tu foutais dehors si tard ?!

-Je-je... commençai-je avant de tenter de me relever. J'é-tais à un-un entraînement pou-pour mon gala... »


Ce que je disais était vrai mais son froncement de sourcil m'indiqua qu'il ne me croyait nullement. De toutes façons, quoi que je dise,il n'y croyait systématiquement pas, je ne cherchais presque plus à me justifier maintenant. Je m'attendais à ses coups, je ne m'y préparais même plus. Ça ne représentait plus qu'une mauvaise habitude.


«Arrêter ton insolence ! hurla-t-il en me relevant par les cheveux. Et avant tout, arrête de me mentir ! me cracha-t-il au visage.

-Je-je ne mens pas... » hoquetai-je.


Il me jeta contre le mur où ma tête cogna douloureusement. Un énième couinement quitta mes lèvres pour mourir dans le silence de plomb qui suivait ce genre de moment. Je sentais mes membres s'engourdirent un à un lentement jusqu'à ce que je me laisse aller au sommeil forcé.

Il recula en marmonnant des injures inaudibles à mes oreilles sifflantes. Sa bière glissa de sa main pour tomber au sol dans un fracas surprenant. Le liquide qui y restait recouvrit lentement le sol, glissant jusqu'à noyer ma joue dans cette odeur répugnante. Je grimaçais en le regardant s'éloigner alors que la douleur commençait à se rependre dans tout mon corps.

Ça allait être au tour de ma mère qui s'affairait au repas dans la cuisine alors que je défaillais ici sans sentir les larmes salées dégoulinaient mes joues. Je détestais mon père.


The Opposites Attract Each OtherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant