Narration Julien
Ce baiser avait développé en moi une sorte de tempête. Des papillons c'étaient envolés de mon estomac et mon cœur avait failli s'échapper pour aller gambader dans la savane en criant son bonheur. Je mourrai d'envie de reprendre possession de ces lèvres, mais je me retenais, pas avant qu'elle m'ait avoué qui osait lui faire du mal.
Je donnai une pression avec ma main sur sa nuque en penchant plus ma tête pour qu'en plus de nos fronts, nos nez aussi se touchent.
« Aller Marie, » râlai-je avec une voix enfantine.
« Ça va t'avancer à quoi ?
- Je― Je sais pas mais je saurai au moins qui a osé d'infliger une balafre.
- Ramène moi chez moi, » lâcha-t-elle en sortant de mon étreinte pour s'asseoir au fond de son siège.
« Pas avant que tu me l'ais dit, » fis-je et elle hésita un bref instant avant de soupirer.
« Roule, je t'expliquerai sur la route. »
Je souris en enlevant le frein à main et pressant l'accélérateur. Je venais de remporter une manche et même l'autorité qui sonnait dans sa voix ne me dérangea pas. Pourtant, Dieu sait que je n'aimais pas le fait que quelqu'un puisse diriger ma vie ou se permette de seulement donner son avis quant à la façon que j'avais de vivre. Je détestais tout bonnement l'autorité quand elle ne venait pas de moi. Pourtant, là...
Je la sentais qui était tendue. Je ne voulais pas lui faire de mal, je voulais juste en faire à celui qui lui en avait fait. Et je ne pouvais pas non plus lui dire que j'allais le tuer. Je voulais savoir, je la voulais en sécurité, je la voulais hors d'atteinte ne n'importe quelle forme de malheur qu'il soit. Et pourtant j'étais là, à m’immiscer dans sa vie, sachant pertinemment que j'étais le Diable en personne.
« Alors ? » la relançai-je.
« Tu ne vas pas lâcher l'affaire bon sang ?
- Non, en effet, » et un rire s'échappa de moi alors qu'elle y répondit froidement.
« Mon père nous- » commença-t-elle avant de faire une pause en baissant les yeux. « Il nous bat, ma mère et moi. »
Sans même m'en rendre compte, je me mis à chercher sa main qui traînait près du levier de vitesse. C'était inimaginable, un père battant sa fille et sa femme, certainement les femmes de sa vie. J'avais pensé à beaucoup de choses, de nombreux scénarios avaient pu naître dans mon cerveau dérangé, mais pas celui là, certainement pas celui là. C'était irréaliste.
Je serrai le volant fort sans comprendre comment il pouvait s'en prendre à sa progéniture, alors que de mon autre main, je caressais ses phalanges doucement comme pour chercher à la rassurer. Je cherchais à la rassurer.
« Dis quelque chose... J'ai l'impression que tu me vois comme une... Je sais pas quoi, » dit-elle avec une voix triste et en triturant la couture de son t-shirt.
Je n'avais même pas remarqué que je m'étais fait silencieux, ou qu'elle pouvait attendre une réaction de ma part. C'était certainement rare, mais j'étais sur le cul. Et puis, j'essayais de canaliser cette colère dévastatrice au fond de moi, ce monstre grandissant en moi qui m'avait aidé dans mon métier. Je ne devais pas agir de travers, pas quand ça la concernait.
« Non, bien sûr que non je te verrai pas autrement, » la rassurai-je en lui caressant la joue du bout de l'index, libérant finalement ses doigts qui se sont immédiatement cachés entre ses genoux
