1. Première rencontre

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-Narration Julien -


J'avançaisd'un pas déterminé mais discret à travers cet immeuble, monpistolet devant moi, prêt à descendre ce fils de pute de McJones.Je me dirigeais vers la source de musique, seule preuve de vie dansce putain d'immeuble.

Ilavait encore osé, lui et ses pions de merde, nous provoquer et ainsinous voler une victime juste devant le nez. Quand Raphaël et moiétions rentrés suite à cette mission échouée, les propos quenous avait porté notre boss face à notre incapacité, m'avaientclairement motivé à mettre son gang à genou. Et pour ainsi faire,je devais en tuer le dirigeant.

Jene savais pas exactement où le trouver mais j'avais réussi, avec unpeu de chantage et de torture, à obtenir quelques informations quantà son emploi du temps des jours à venir. Et ainsi j'avais réussi àsavoir sa présence à une partie de poker dans le quartier.

J'étaisentré dans le premier bâtiment qui m'était apparu apte à servirde planque pour éviter que les flics débarquent. Et j'arpentaismaintenant le deuxième étage de cet immeuble de misère. J'avançaien posant soigneusement un pied devant l'autre, parfaisant mondéplacement silencieux, jusqu'à la fameuse double porte qui étaitouverte. J'y jetai un coup d'œil pour y voir une fille quidansait, enchaînant des mouvements avec une souplesse hallucinanteet une grâce hors du commun. À la vue de ses mouvements apaisants,mon bras tendu devant moi s'abaissa. Je sentis mes muscles sedétendre, ma tête se vider et mon cœur accélérer ses battementsde façon totalement anormale. Je devins tel un pantin face à uncygne.

Soudainement,elle cessa tout mouvement. Pendant une folle seconde je crus qu'ellem'avait remarqué mais finalement, elle se laissa tomber lourdementsur le sol en ramenant ses genoux contre sa poitrine et enenfouissant sa tête dans ses bras. De là où j'étais, je pusentendre ses sanglots étouffés. Je me mordis nerveusement la lèvre,et alors que ma conscience me hurlait de déguerpir, mes jambes meportèrent silencieusement jusqu'à la danseuse dont les cheveuxétaient attachés en un chignon désordonné. Je glissai monpistolet à l'arrière de ma ceinture de pantalon, dans mon dos.Habituellement je n'aurai pas fait ça, mais une force inconnue etpresque douloureuse me poussait vers elle, pour l'aider en évitantde l'effrayer. J'avançai encore jusqu'à m'accroupir à côtéd'elle et poser une main sur son épaule en chuchotant :

«Ça va ? »



-Narration Marie -



Piqué,plié, retiré, relevé, révérence, piqué, plié, retiré, relevé,révérence...

J'enchaînaismes mouvements pour mon gala qui aura lieu en fin d'année. Monesprit vagabondait ici, là, ailleurs, partout sauf ici. Je savaisque je manquais de conviction dans chacun de mes mouvements, maisvoir par les fenêtres de la grande salle, la nuit déjà présenteet les étoiles brillant avec innocence, me décourageait. Jem'aventurais donc inconsciemment dans le monde parallèle quis'ouvrait à moi uniquement quand je portais mes pointes aux pieds.J'en oubliais presque ce qui m'attendait quand je rentrerai à mondomicile.

Unevive douleur me prit aux côtes, me ramenant à la soudaine réalité.Je cessai tous mes mouvements, sentant les larmes me monter aux yeux.Je m'assis à même le sol en ramenant mes genoux contre moi, etenfouis ma tête dans mes bras avant de fondre en larmes. Jusqu'à cequ'une main se pose sur mon épaule et qu'une voix inconnue me fassesursauter :

«Ça va ? »

Jeredressai brutalement la tête, honteuse d'avoir été surprise dansun tel moment de faiblesse. Un garçon se tenait là, accroupit àcôté de moi, sa lèvre inférieur coincée entre ses dents.

Ilavait un charme certain, ses yeux gris étaient incroyablementfroids, bien qu'une lueur amicale tentait de se montrer, une sorte deterrain mort y régnait, accompagné d'un vent glacial. Ses cheveux,d'un noir ébène, étaient redressés avec soin, et sa grande mainsur mon épaule ne semblait qu'à peine l'effleurer. L'œil qui yétait tatoué sur le dos n'avait rien de rassurant. La distanceentre nous était minime et je pouvais sentir son parfum fraischatouiller mes narines. Tous mes sens étaient aux aguets, il mesemblait même ressentir une chaleur anormale au niveau de notrepoint de connexion.

Jeremuai soudainement mon épaule pour briser ce lien qui semblaitmalsain. Il la retira, confus, avant de prendre une nouvelle fois salèvre inférieur entre ses dents. Cependant, ses iris ne mequittèrent pas et me firent me sentir légèrement mal à l'aise,comme jugée. Il tenta un sourire qui se voulait amical mais je mecontentai de baisser les yeux en m'appuyant sur une main pour merelever, balayant du revers de la main l'humidité de mes joues.

«Oui. »

Ilme tendit tout de même sa large main, s'étant rapidement redressersans même que je ne le vois. Je levai mon regard qui se voulaitfroid vers lui, mais à la rencontre des deux billes glaciales, jelaissai échapper un soupire inquiet d'entre mes dents en ignorant saproposition d'aide.

Unefois debout, je le détaillai une seconde fois en tentant d'être laplus discrète possible. Il portait un jean foncé accompagné d'unmaillot à col en V blanc, des plus basiques, accompagnés d'unepaire de Rangers noires et abîmées ainsi qu'une veste en cuir. Deson t-shirt émergeaient quelques dessins colorés dont on ne pouvaitclairement pas comprendre la signification.

Lorsqu'unsourire discret fendit sa barbe naissante au bas de son visage, mesjoues se tintèrent de rouge et instantanément je me dirigeai versle poste de musique dans le coin de la pièce. Je rassemblai mesquelques affaires en l'ignorant totalement, décidée à ne pas luiprêter plus d'attention qu'il n'en avait déjà eu. Non seulementparce que ses yeux, ses tatouages et ses piercings ne présagent riende bon mais aussi par l'effroi que m'avait procuré son touché.

Quandje me retournai, mon sac à baluchon sur l'épaule, l'étranger avaitdisparu.

The Opposites Attract Each OtherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant