Partie 4

15 1 0
                                    

M.Lyrme me regardait froidement. Il alla s'asseoir sans un mot. Comme à chaque fois que je le voyais, un léger amusement me saisi. M.Lyrme, mon "patron", comme je l'appelais, était le chef du secteur 8. Il était plus intelligent que la moyenne des agents, et, même si j'avais essayé de l'amadouer, il se méfiait de moi. On peut comprendre pourquoi. Je décidai de passer à une manière un tout petit peu plus convaincante. Un masque enfantin et insolent se peignit sur mon visage.

_Bonjour patron !
M.Lyrme me répondit avec une voix digne de sa réputation de glaçon.
_0042. J'ai u..
_Bonjour patron ! Fis-je en insistant lourdement sur le bonjour.
Le regard se fit encore plus froid.
_Bonjour 0042. J'...
_Ah ça fait du bien un bonjour! Non parce que jusqu'ici, toutes les personnes que j'ai croisées étaient glaciales.
Je pris un temps de réflexion exagéré, tout en surveillant M.Lyrme d'un œil. Pile quand il rouvrit la bouche je lançai :
_En même temps, c'est vrai que vos subordonnés ont la réputation d'être presque aussi polis que vous, même si, je vous rassure, ils n'atteignent pas encore vos sommets! Après tout vous êtes maître en la matière ! Quoi que, c'est étrange, mais j'ai l'impression que votre politesse varie légèrement selon le grade de la personne avec qui vous êtes... Avec le pauvre gars de l'accueil par exemple, vous pourriez être plus agréable ; par contre avec le général on se demande si son grade ne vous intéresse pas. D'ailleurs il parait que votre prédécesseur est mort d'un assassinat, on a toujours pas trouvé le coupable d'ailleurs. Après n'y voyez aucun sous-entendu ! Oh pardon je vous ai interrompu, vous disiez?

Le visage de M.Lyrme avait pris une extraordinaire teinte rouge. Il s'exprimait d'une voix difficilement contenue.
_0042. J'ai un travail pour vous, il s'a...
_Nan.

M.Lyrme faillit exploser. Il se reprit d'une voix tremblante.
_Qu'est-ce que vous avez dit ?
_Vous avez très bien compris.
_Et on peut savoir pourquoi ?! C'est inacceptable ! Une gamine comme vous qui...
_Parce que je suis fatiguée.

Je jouais avec lui comme un enfant joue avec une poupée, je le mettais en colère puis le calmais, je le contrôlais complètement. Je devais lui faire sentir que je le tenais dans la paume de la main.
Il reprit de plus belle :
_Eh bien moi je vous jure que vous allez y aller! Sinon j'appelle le grand directeur !

Je fit tomber mon masque de gamine. C'est avec une voix gentiment méprisante et un sourire inquiétant que je lui répondis.

_Mais monsieur, je me fous du grand directeur ; il est comme vous, comme tout le monde d'ailleurs : vous ne pouvez pas vous passer de moi. Si je pars, vous tombez tous. Vous le savez très bien en plus. Donc je vous conseille fortement de me laisser faire ce que je veux.
Tout en parlant, je m'étais rapprochée de lui, de sorte à ce que nos visages n'étaient plus qu'à deux centimètres l'un de l'autre. J'eus une vue imprenable de son passage rouge tomate au blanc livide. De la terreur s'affichait sur son visage. Désormais, que j'accepte ce travail ou non, je ressortais gagnante. Mon but était atteint.

Il ouvrit une bouche plaintive:
_S'il-vous-plaît... C'est un agent de l'Ordre...

Alors que j'étais sur le point de partir, je me suis figée sur place. Les mots sortirent tout seuls de ma bouche.

_J'accepte.

Il resta immobile quelques secondes, la bouche grande ouverte, avant de reprendre contenance.
_Très bien, je vous enverrai toutes les informations nécessaires par notre réseau sécurisé.
Il hésita.
_Pourquoi avez-vous si soudainement accepté ?
Il me regardait d'un air apeuré, comme si cette question avait signé son arrêt de mort. Je l'ai laissé stresser quelques secondes avant de répondre :
_Les agents de l'Ordre me font faire plus de sport que les autres.

Et je me suis détournée. Arrivée sur le pas de la porte, un petit sourire se dessina sur mes lèvres.
_M.Lyrme... souvenez-vous vous bien de ce que je vous ai dit...

Non-officiels [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant