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De retour au lycée le lundi matin Natasha ne pu s'empêcher de chercher Hugo absolument partout, dans tous les couloirs, dans la foule de la récréation, dans les salles de classe, dans le moindre petit recoin en somme. Elle sondait la foule avec son détachement habituel mais cette fois-ci il était artificiel, simplement pour ne pas éveiller les soupçons.

— D'habitude t'essaie d'éviter les mecs qui tu portes dans ton lit Nat, lui fit remarquer Alix à la fin de la journée. Qu'est-ce qui change cette fois ?

— Qu'est-ce qui te dit que je le cherche pour le voir, si ça se trouve je chercher juste à mieux l'éviter, dit Natasha d'un ton bien peu convainquant.

Sa tentative de convaincre sa meilleure amie fut bien vaine et pathétique. Alix la regarda avec un air désolé.

— T'étais pas une adversaire de l'amour ?

Natasha se figea à la remarque de son amie. Elle ne croyait absolument à cette chose stupide qu'était l'amour depuis que ses parents l'avaient abandonnée à son propre sort.

— Il m'intrigue, lâcha-t-elle plus froidement qu'elle ne l'aurait voulu.

Alix soupira et tourna les talons pour rentrer chez elle. Ce fut à ce moment là qu'il lui apparu. Il souriait, un sourire mielleux, un sourire qui ne lui était pas destiné. Elle avait attendu ce visage toute la journée et lorsqu'elle le croisait à la sortie, elle le voyait sourire à Mathilde Seigner, une des filles les plus populaires de son lycée. Elle sentit son cœur se serrer et détourna son regarde immédiatement. Même si elle savait que Mathilde était la meilleure amie de Hugo, elle ne pouvait pas s'empêcher de l'imaginer entre les draps de ce dernier. Ces draps où elle n'avait passé qu'une seule nuit mais qui la hantaient plus qu'ils ne l'auraient dû.

— Alors il est comment ? dit soudainement une voix derrière elle.

Elle se tourna, surprise, et se retrouva nez à nez avec Clara, une de ses amies les plus proches.

— Qui ça ? demanda Natasha, faussement perdue.

— Tu vois très bien de qui je parle, rétorqua Clara avec un sourire coquin sur les lèvres. Ne fait pas la fausse quiche.

Natasha se mit alors à rire. Clara était une très bonne amie de Hugo Lambert. Ils se connaissaient depuis le primaire et étaient restés aussi proches que pendant leur enfance.

— Au pire je vais plutôt lui demander comme toi t'a été, reprit Clara. Lambert ! cria la jeune fille.

La moitié des personnes qui s'étaient amassées devant leur lycée se tournèrent vers les deux jeunes filles tandis que la blonde ne rêvait que de s'enterrer. Malheureusement pour elle, ledit Lambert arrivait à grands pas vers elles. Lorsqu'il fut à leur hauteur et qu'il planta ses iris verts dans ceux de Natasha elle senti ses joues s'empourprer. Elle ne rougissait jamais et sûrement pas à cause d'un garçon.

— Tu veux quoi Jourdain ? demanda-t-il à Clara sans quitter Natasha des yeux.

— Je voulais savoir comment à été cette délicieuse petite russe au lit ... dit Clara Jourdain avec mesquinerie.

Hugo tourna son visage vers son amie et ses lèvres s'etirèrent en un immense sourire qui valait bien plus que des mots. Natasha senti un poid quitter son estomac, elle avait bien trop peur qu'il dise quelque chose de négatif sur elle.

— Si tu veux un indice, je suis prêt à recommencer dès que possible, avoua le jeune homme.

Clara mima une grimace de dégoût, comme si elle ne connaissait pas la vie sexuelle de son ami.

— Je vous laisse à vos cochonneries, dit cette dernière en tournant les talons et en sortant de la foule.

Natasha était elle aussi prête à rentrer chez elle, se disant qu'elle n'avait plus rien à faire au lycée quand elle entendit Hugo s'éclaircir la gorge derrière elle.

— Et si le dès que possible était maintenant ? Juste une hypothèse, lança le jeune homme avec un sourire plus qu'éloquent.

— J'ai des devoirs et demain c'est mardi je préfère rentrer chez moi, dit-elle avec détachement et suffisance.

Elle avait repris son masque habituel, sans même savoir pourquoi. Par dessus tout elle ne rêvait que de retourner chez Hugo.

— On pourrait peut être juste aller prendre un café ? Juste quinze minutes.

Le ton de Hugo se faisait presque suppliant. Natasha aurait voulu avoir la volonté de résister à ce regard émeraude mais cela lui était impossible. Elle capitula en haussant les épaules, mais accompagna ce geste d'un grand sourire. Hugo afficha un air de vainqueur, comme si Natasha Melnikov venait de lui déceler une médaille d'or.

Assise face à son prince charmant à la table du vieux café près de leur lycée, Natasha sentait son cœur battre bien trop vite. Elle avait chaud, ses joues étaient pourpres.

— Ça va Nat ? s'enquit le jeune qui trempait ses lèvres dans son café brûlant.

— Oui oui, mentit la jeune fille.

Ils avaient déjà beaucoup parlé, mais Natasha avait besoin d'en savoir toujours plus sur le garçon en face d'elle. Prise d'un soudain élan de courage, elle clama :

— Est-ce que tu sors avec Mathilde Seigner ?

Hugo sembla s'étouffer avec sa boisson. Il toussa quelques coups puis se mit à rire, les yeux larmoyants à cause de ses quintes de toux.

— Mathilde et moi ? Jamais ! C'est sûrement la fille la plus infidèle que je connaisse. Non, juste on couche ensemble de temps en temps.

S'en était déjà trop pour Natasha. Elle était déjà terriblement jalouse de Mathilde, qu'elle trouvait bien plus belle qu'elle. Mais elle comptait bien riposter.

— Il paraît que t'es pas un saint non plus Hugo.

Le jeune homme sourit, prenant la pique qu'elle lui avait lancé plutôt bien.

— Pourquoi t'a accepté ce café ? Je veux dire d'habitude tu revois jamais les gars avec qui tu couches, changea alors de sujet Hugo.

Natasha haussa les épaules. Elle gardait son air distant habituel, ce qui exaspérait Hugo.

— Je suis sur que derrière cette fille aux airs suffisants on y trouve quelqu'un de bien et je suis déterminé à la chercher jusqu'au bout, poursuivi le brun. Et au moins je suis sur que je serais le premier à la trouver.

Natasha ne releva pas, regarda sa montrer et se leva en déposant quelques pièces sur la table.

— Bonne chance alors, parce que t'es pas le premier à essayer, lança-t-elle en tournant les talons.

Elle aurait rêvé elle même trouver une personne bien sous toutes ces couches d'hypocrisie et de détachement mais elle n'y était jamais parvenue. Seule Alix savait la percer à jour et cela la dérangeait plus que tout. Elle aimait sa carapace qu'elle s'était construite contre ses parents.

Larmes glacéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant