Nos océans de bonheur [T E R M I N É E]

Invisible

Théo arriva devant la maison de Archi. Sa maison semblait flambante neuve, ça le mettait mal à l'aise. Sa famille ne roulant pas sur l'or, ils n'auraient jamais l'occasion d'avoir une telle maison.

Il passa par dessus le portail habilement, et contourna la maison. Il passa la tête par la première fenêtre venue et vit une cuisine, mais complètement vide. Il continua son chemin et vit une grande baie vitrée à l'arrière du jardin, il se mit devant et l’aperçut.

Archi entendit toquer et sursauta en voyant Théo, le regardant une main posée sur le carreau. Il se précipita vers lui et ouvrit la baie.

- Tu es fou ! Mets pas la main sur les carreaux, ils sont propres ! Et puis, tu sais j'ai une porte d'entrée.

- Ouais, je sais, dit-il en souriant.

Il entra, les pieds pleins de terre et traversa la maison, regardant chaque recoin, prenant soin d'imprimer chaque détail.

Archi porta ses deux mains à la tête, et ouvrit grand la bouche.

- Théo ! Tes pieds...

- Oui, je sais. Tu as une belle maison.

Archi soupira et rejoignit Théo, l'attrapa et le mit sur le canapé. Il commença à enlever ses chaussures et il regarda Théo.

- J'ai passé la matinée à nettoyer Théo. Fais un effort, ok ? Tu as 17 ans ou 9 ans ?

- Je sais pas.

Théo haussa les épaules. C'est vrai, il n'en savait rien, il ne pouvait pas se rendre compte de son comportement, aussi puéril qu'il pouvait être.

- Bon, ça te dit de m'aider à vider mes cartons ? Et après, on pourra manger un petit truc si tu veux ?

- Ouais, d'accord.

Archi le regarda sans trop comprendre pourquoi il paraissait aussi stoïque. Aucune émotion ne traversait son visage. Peut-être était-ce lui l'extraterrestre ? Théo et Archi paraissaient tellement différents.

Une heure était déjà passée et Théo entreprit d'ouvrir un carton. Il en sortit un bloc géant, qui devait peser une tonne. Il était fait d'acier et dessus était gravé " Archibald ". Ça ressemblait à un simple cube. Théo se demanda à quoi ça pouvait bien servir. À s'asseoir peut-être ? Non, trop inconfortable. Peut-être que c'était seulement une déco, en tout cas il trouvait ça bien moche.

Archi se frotta l'arrière de la nuque.

- C'est mon père qui me l'a fabriqué, il travaille dans la métallurgie. C'est pas vraiment esthétique, mais c'est sentimental.

- C'est vraiment moche.

La franchise de Théo fit rire Archi. C'est vrai il fallait se l'avouer, c'était moche. Mais bon il ne pouvait pas le jeter, son père aurait été déçu.

- Ouais, laisse-le dans le carton, j'irai le mettre dans ma chambre après.

- Est-ce que ce soir on pourra aller à la plage ensemble ? Je veux pas rentrer chez moi.

Archi le regarda, intrigué, mais ne posa pas de question et lui fit un sourire en hochant la tête.

- Avec plaisir.

Le soleil s'était couché, et voilà qu'ils étaient tous les deux allongés dans le sable. Puis d'un coup Archi se leva, empoigna le bras de Théo et le força à se lever.

- Allez viens ! On va se baigner.

- Non j'ai pas envie.

- Ça fait la troisième fois qu'on se retrouve à la mer ensemble, et on s'est toujours pas baigné, alors viens, dépêche-toi !

Archi enleva vite ses vêtements et courut vers l'eau. Il entra et regretta quelques instants. Elle était gelée. Quelle idée de se baigner un mois de Janvier ?
Théo le rejoignit doucement en se frottant les bras.

- Bon alors, qu'est-ce qui te fait autant fuir de chez toi ?

- J'aime pas ma famille. Et je crois que c'est réciproque. Ils étaient la famille parfaite du quartier, et ils aimaient ça. Et puis y'a eu moi, dit-il en entrant doucement dans l'eau.

- Pourtant tu es quelqu'un de cool je trouve. Je suis sûr que ta famille t'aime mais c'est juste que toi, tu ne le vois pas.

- C'est vous qui ne voyez rien.