Chapitre I

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CHAPITRE I

J'ouvrai calmement les yeux, mon regard balaya le sol, l'herbe qui le recouvrait était grasse et d'un vert très sombre. Je relevai la tête, une douce pleine lune éclairait la clairière dans laquelle j'étais accroupie, dubitative. Je sentais presque sa lumière illuminer mon visage.

À une dizaine de mètres sur ma droite se trouvait une petite marre qui semblait m'attendre.

Je me levai prudemment, marchant lentement jusqu'à elle avant de m'agenouiller près de l'eau qui était en fin de compte bien plus claire que ce que l'on aurait pu croire.

Je me penchai rapidement au dessus de la surface bleutée à fin d'observer mon reflet, non sans percevoir de petits clapotis provoqués par quelques grenouilles en mouvement.

Je fus très étonnée de distinguer chaque détails de mon visage aussi clairement, mes perceptions semblaient accrues.

Je remarquai donc que mes cheveux étaient devenus aussi sombres que le plumage d'un corbeau, et aussi lisses que des lames tranchantes.

Alors que je les caressais de la paume de la main, je vis qu'ils m'arrivaient jusqu'aux hanches.

Mes yeux étaient grands et profonds, embellis par de longs cils courbés. Mes iris, quant à eux, semblaient luire légèrement dans la semi-obscurité lunaire.

Ils étaient d'une étrange couleur jaunâtre, comme teintés de reflets rougeoyants légèrement perceptibles. Mes lèvres étaient fines et dures, d'une couleur pâle et naturelle.

Mon nez, lui, était fin et bien taillé. C'est en plissant les paupières que je remarquai soudain un détail important qui m'avait échappé jusque là, ma peau était lisse comme de la porcelaine, et légèrement grise. Mes oreilles elles, dépassaient fièrement de mon épaisse tignasse, leurs bouts pointus semblaient frémir sous le vent. Je ne saurai réellement définir l'aspect général de ma personne à ce moment précis, mon visage semblait dure comme de la pierre, pourtant, ce fut la première fois de ma vie, si je puis dire que cela en faisait partie, que je me trouvais belle. Je me redressai maladroitement.

Mon reflet semblait imposant de par sa carrure, j'étais mince et élancée, mes jambes paraissaient quant à elles fermes et musclées.

Une voix douce et lointaine, cependant parfaitement audible, résonna dans mon esprit, comme quelques coups que l'on m'aurait donné sur le crâne. Celle-ci m'expliqua que SERAM m'avait nommée Almad, et que ma nouvelle vie venait de commencer.

J'inspirai profondément avant de me diriger vers un arbre, il semblait être d'une espèce nouvelle, je n'en avais jamais vu d'aussi beau auparavant.

Je posai ma main sur l'écorce, comme si ce fut la seule chose que j'avais à faire, mes yeux s'écarquillèrent lorsque je sentis l'arbre bouger.

Non, il ne bougeait pas, c'était plutôt comme si je sentais le flux de la vie qui était en lui, je sentais battre le cœur qu'il n'avait pas réellement, c'était si bon, si beau. Le mouvement des branches ployant sous le vent faisaient s'accroître mes sens.

La voix se fit entendre à nouveau :

- '' Almad, tu es une elfe noire et quelques soient tes capacités, tu devras apprendre à rester proche de la nature. ''

Elle disparut dès sa courte phrase achevée. Une elfe noire, c'était donc cette race que SERAM avait vu en moi.. Je me demandais à cet instant précis quelles seraient les capacités dont avait parlé la voix de synthèse.

Quelques sons étranges attirèrent soudain mon attention. Je retirai vivement ma main du tronc épais avant de marcher dans leur direction. La clairière dans laquelle je me trouvais n'était pas des plus vastes, il ne fut pas très compliqué d'en sortir. L'obscurité de la nuit se retirait lentement à mesure que j'avançai entre les arbres et les hautes herbes. Les sons se faisaient de plus en plus audibles, je reconnu des voix, des rires.

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