Chapitre Deux - Episode 3

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J'appris à mes dépends que sortir de l'Institut était une épreuve de force en soi. Après avoir fait nouveau crochet par ma chambre, j'avais eu la surprise de constater que ma colocataire avait de tout évidence décidé de pointer le bout de son nez. J'en voulais pour preuve, le nombre de malles et de bibelots qui traînaient dans le salon, encore parfaitement rangé quelques heures plus tôt. Aucune trace d'êtres vivants pour autant. Elle devait très certainement passer ses tests ou ses entretiens.

Sans traîner, j'enfilai une tenue un peu plus décontractée et filai vers la sortie. Ce fut-là que je tombai sur un os, particulièrement épais. Le mage de garde n'était pas enclin à me laisser vaquer à mes occupations nocturnes. Persuadé que je tentais de fuir après des résultats désastreux, il tenta à plusieurs reprises de me repousser vers l'intérieur, ne tarissant pas d'éloges sur la « lâcheté des personnes comme moi ». Je dus faire appel à un trésor de patience afin de lui faire comprendre que je rejoignais simplement mon grand-frère en ville. Évoquer mon nom de famille eut l'air de le faire réfléchir, rappeler que je n'avais aucun endroit où aller, aucune ressource ou statut si je quittais l'Institut fini par le convaincre.

L'Institut ne fermait presque jamais ses portes, elle servait souvent de refuge aux personnes dans le besoin et aux mages guerriers en mission. Malgré cela, les élèves, bien que considérés comme adultes et par extension, responsables de leurs actions se devaient de respecter un minimum de règles. Ainsi, durant la semaine, le couvre-feu était établit à une heure du matin et les élèves étaient priés de s'y tenir. La plupart des cours demandait une certaine concentration et forme physique. Venir à ces cours affaiblit d'une quelconque manière : fatigue, maladie, gueule de bois, risquait d'être dangereux. Au sein de l'Institut, dans la froidure de sa chambre, chacun était cependant libre de faire ce que bon lui semblait.

Je m'engageai donc dans les rues de la capitale d'un pas décidé avant de me rendre compte d'un détail sensible. Je ne connaissais ni la ville, ni l'emplacement du bar, si ce n'était qu'il se trouvait en centre-ville. Sauf que, de mon point de vue, toutes les rues se ressemblaient.

J'avais mis les pieds à Irillium pour la première fois l'avant-veille et étrangement, je n'étais pas des plus enchantée par cette perspective. Nous avions logé dans l'une des auberges de la ville en attendant de pouvoir faire notre rentrée, et je m'étais moi-même enfermée dans ma morosité dans la chambre que je partageai avec Thad pendant que ce dernier partait rejoindre ses amis en ville.

La capitale tenait son nom de son architecture iridescente. Protégée par un bouclier énergétique reflétant la lumière des deux soleils et de leurs trois lunes, la ville était toujours baignée d'une lueur vive. Les pierres polies des bâtiments réfléchissaient la lumière en projetant des éclats de lumière opaline autour d'elle. De l'extérieur, Irillium ressemblait à un diamant géant protégé au cœur de la forêt sacrée d'Almor. Au fils des saisons, les arbres et les fleurs prenaient des couleurs différentes, rosées au printemps, jaunes en été, rouges en automne et bleutés en hiver, ces couleurs imprégnaient totalement les rues. En cette fin d'été, les couleurs viraient progressivement au rouge, le cuivré dominait et m'éblouissait. Les Gardiens avaient la particularité de Voir sur les deux plans, celui de la vie et celui de la mort, nos yeux étaient donc fragiles aux lumières vives.

En ville, on reconnaissait les mages, des simples citoyens ou membres d'une grande famille à leurs tenus. Les guerriers étaient tous vêtus de leur uniforme près du corps, gravé sur la poitrine de leur sceau (montrant à quel type de magie l'on était maître), ainsi que leur troupe de rattachement, de leurs rangs et leurs galons. A leur ceinture, leurs armes étaient mises en évidence, afin que personne n'ai l'idiotie de leur marcher sur les pieds. Si les citoyens s'habillaient comme tout un chacun, les Grandes Familles elles, aimaient à se rappeler l'époque où leur statut avait une réelle importance dans l'organisation des Sept Mondes. Ainsi, ils continuaient à porter les tenues traditionnelles de leurs royaumes.

Psychopompe - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant