Chapitre Deux - Episode 1

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Je venais de vivre une des pires journées de ma vie. Ces tests avaient épuisé tout le self contrôle si durement gagné par des années d'entraînements physiques et je n'avais même pas encore passé mes entretiens personnels. Je n'avais pas besoin de faire preuve d'une grande imagination pour en connaître le résultat : « votre niveau de magie élémentaire est insuffisant, vos connaissances manquent de justesses : vous aurez donc des cours de rattrapages » ! La quantité de travail qui m'attendait me donnait déjà envie de pleurer.

Malgré mes révisions acharnées durant tout l'été — ces tests ayant été l'occasion rêvée pour moi de tenter d'oublier la mélancolie dans laquelle m'avait plongée la mort de mon grand-père —, je n'étais pas certaine d'avoir réussi. La dernière année de secondaire était marquée par les examens sur Prior, j'avais été heureuse de retrouver ma routine de révision, apprentissage, fiches, révisions, fiches de nouveau, cela avait quelque chose de rassurant, mais face aux questions retorses et précises, aux milliers d'années d'histoire et de personnages importants des Sept Mondes, l'exercice s'était révélé bien plus périlleux que ce que je ne l'avais escompté.

Les tests physiques m'avaient demandé bien moins d'effort. J'avais eu le choix entre, un combat à mains nues, un à l'arme légère ou à l'arme lourde. Mon choix s'était porté sur une arme légère qui ressemblait à s'y méprendre à ma lame d'entrainement, fine, souple et légère. Le combat avait été brutal et rapide, j'avais touché mon adversaire à plusieurs reprises, usant de toute l'agilité et la ruse qui étaient miennes. Ensuite, l'on m'avait prié de traverser plusieurs parcours du combattant pour lesquels j'avais été chronométrée et évaluée par plusieurs professeurs.

Quant à la magie, chère Némésis à mon cœur, cela m'avait évidemment porté préjudice. J'avais été pratiquement incapable de me servir de ma magie des Eaux, autre que pour arroser le jury d'un jet intempestif après qu'elle ait échappé à mon contrôle. A contrario, mon contrôle spiritique était parfait et même sans mon cristal (pierre essentielle à notre fonction, nous permettant, non seulement de garder notre pouvoir sous contrôle, mais nous avertissant aussi de la présence d'une âme à faucher), j'avais été capable d'exorciser un poltergeist avec une facilité déconcertante. Voilà toute la difficulté d'être née avec un double pouvoir et d'avoir vécu sur Prior, j'étais la risée du monde magique. Ici, si l'on n'était pas élémental, nous n'étions pas considérés comme des mages à part entière. Seule la magie des Quatre Royaumes avec de la valeur.

Mon cristal se trouvait en sécurité, enfermé dans une boîte hermétique sous mon matelas. D'un commun accord avec mon père et mon frère, nous étions arrivés à la conclusion que ce n'était pas à moi de me charger des âmes à faucher lors de mon passage à l'école. J'avais donc l'autorisation de m'en séparer afin de me concentrer sur mes études. Plus d'une mission, c'était un véritable sacerdoce, dont j'avais pris la pleine mesure durant mon adolescence lorsque mon grand-père avait décrété qu'il était temps de me former. À cette époque-là, même si sa jeunesse lui faisait déjà défaut, il s'était amusé, dans un premier temps à m'expliquer ce qu'était la Mort et quel était notre rôle, puis, il m'avait demandé de l'accompagner à chacun de ses fauchages, rapidement, j'avais agi en son nom.

Chacun d'entre nous choisissait le type de divinité psychopompe qu'il souhaitait être : faucheur, guerrier, messager, protecteur, juge, bourreau. Le choix nous revenait pleinement. Ainsi, pour sauvegarder notre pouvoir, les hommes du clan se mariaient tous avec des médiums, des voyants ou des chamanes. Oui, les hommes, parce qu'aucune femme n'était née chez les Kincaid depuis près de deux mille ans, j'étais la première. Être une femme m'imposait presque le rôle de Valkyrie, célèbre guerrière en armure de la mythologie nordique, chevauchant un cheval ailé, dirigeant les soldats sur le champ de bataille, décidant de leurs morts et récupérant l'âme des héros. Pour cela, il avait fallu que mon père choisisse de briser des siècles de traditions pour se marier avec la femme dont il était amoureux. Après cela, ils avaient fui le Royaume des Eaux et le déshonneur de la famille royale pour venir s'installer sur Prior, loin de tout, mais apparemment pas assez pour nous protéger.

Psychopompe - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant