Dystopia 2036 [MxM]

23 - Transformé

          Alexandre sortit d'un long sommeil. La seule chose dont il se souvenait, c'était l'intervention de Léopard dans le bureau de la Présidente. À présent, il était allongé dans le lit le plus moelleux qu'il n'avait jamais connu. Il s'enfonçait dans le matelas et dans les oreillers comme dans un nuage, et l'épaisse couverture qui le recouvrait sentait bon le propre. Il ne savait pas depuis combien de temps il avait respiré une odeur aussi agréable. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait détendu, calme et relaxé. Il savait également, par expérience, que cela ne durerait pas.

          Il s'estima heureux ; aucun de ses membres ne lui faisaient mal. Il cligna de l'œil droit plusieurs fois. Certes, il n'avait plus mal, mais il avait également l'impression que sa vue s'était améliorée. La chambre dans laquelle il se trouvait était plongée dans la pénombre, pourtant son œil droit y voyait aussi bien que si elle avait été éclairé. Il alterna entre œil gauche et œil droit, s'amusant un peu de la différence subite, puis il se sentit soudain très bête et il arrêta.

          Il se redressa et il regarda autour de lui. La pièce était blanche, et le fait qu'elle soit peu meublée (il ne voyait qu'une chaise avec ses vêtements posés dessus car il ne portait que son sous-vêtement, une plante verte synthétique dans un coin et un petit placard) le fit penser qu'il se trouvait dans un hôpital ou une clinique. La porte de sa chambre s'ouvrit et il vit Gazelle rentrer à l'intérieur. Quand elle le vit assit en tailleur sur son lit, elle se figea avant de lui adresser un grand sourire.

« Bonjour, le dormeur ! lui dit-elle, tu te réveilles enfin !

— Bonjour... Euh, j'ai dormit longtemps ?

          Elle pinça ses lèvres.

— Tu es resté environ un mois dans le coma. Il était temps que tu te réveilles. Et il faudrait que tu perdes cette habitude de te blesser, j'en ai marre de te raccommoder à chaque fois !

         Alexandre sourit un peu. Puis il se souvint qu'il avait craché des dents, la dernière fois. Il fit passer sa langue sur ses dents. Elles étaient toutes là. Il avait peut-être rêvé, finalement...

— Euh, dit Gazelle, écoute Alexandre, ce n'est pas très simple, mais... Tu... Comment dire, tu... Tu as... Le sérum qu'on t'a injecté, il... Il a eut des conséquences, et, hum...

— Apporte-moi un miroir.

          Son ton était froid. Gazelle soupira. Elle tira les rideaux, révélant un ciel bleu éblouissant et quelques bâtiments de la Capitale. Elle ouvrit le petit placard, et elle en retira un miroir de pied.

— Tu... Tu es sûr ? »

          Alexandre soupira d'agacement, se leva de son lit. Gazelle recula un peu. Il se planta devant le miroir.

          Son bras droit était recouvert d'écailles, ses ongles n'étant que des griffes noires et acérées. La pupille de son œil droit n'était qu'une fente verticale dans son iris d'un jaune presque vert.

          Il hurla.

          Gazelle se rapprocha de lui et essaya de lui parler pour le calmer, mais elle se recula vers la porte quand il donna un coup de poing sur le miroir, le brisant en morceaux.

          Gazelle essaya de dire quelque chose, mais les hurlements d'Alexandre la poussèrent à quitter la chambre en courant.

          Alexandre attrapa un morceau de miroir brisé pour observer son œil d'un air paniqué. Sa pupille était horriblement fine. Il lança le morceau de miroir en hurlant de rage. Il s'arrêta un instant pour se laisser tomber à terre. Son regard se porta sur ses écailles, vertes, et il commença à les gratter, en espérant les enlever. De sa main gauche il réussi à glisser une écaille sous son ongle, qu'il commença à tirer. Il vit une goutte de sang couler et tomber sur la moquette grise. Ça lui faisait horriblement mal et il se remit à hurler, de douleur cette fois-ci.