Soul Mate

Futur (Elle)

Cela faisait huit ans. Huit ans qu'elle est coincée dans ce trou perdu. Huit ans qu'elle vivait un enfer intérieurement. Elle ne pu cacher ni sa joie ni son excitation quand on lui annonça qu'elle a obtenu le travail qu'elle convoitait tant. Enfin, sa chance est apparue. Fini les études supérieures, fini les cours d'économie sans fin, fini les heures assommantes à supporter les discours de bienvenue, les discours de félicitations, les discours à moral de deux balles où on nous incite à agir alors qu'eux-mêmes ne font rien. Fini les restrictions, désormais elle a la voie libre. Fini le lycée, fini l'université, fini... les souvenirs douloureux. C'est exact, cela faisait huit ans... depuis ce jour où tout a basculé.

Quelque chose s'est éteint, quelque chose s'est brisé. Elle n'est plus la même. Pas depuis son abandon. Elle s'est convaincue maintes et maintes fois à elle-même que tout ira bien.

Au début, elle s'est dit "Il reviendra".
Puis, "Il me donnera de ses nouvelles".
Ensuite, "Impossible qu'il m'oublie... pas vrai ?".
Pour finir en "Il m'a abandonné".

Elle tomba en profonde dépression. Plus rien n'avait d'importance. Elle voyait tout en noir. Elle ne souriait plus, elle ne mangeait plus. Elle avait même pensé à mettre fin à ses jours. Heureusement, ses amis étaient là pour lui redonner courage. D'ailleurs, étaient-ils ses amis ou ses amis à lui ?

Malgré tout, sans ces personnes, elle n'en serait pas là aujourd'hui. Ils lui ont donné la volonté de vivre et d'accomplir des choses. Elle s'est mise en tête un objectif et elle est en chemin pour le réaliser.

C'était le jour de son départ. Elle avait fini de tout emballer la veille, il ne lui restait plus qu'à attendre son taxi qui l'emmènera à l'aéroport. Elle dit au revoir à ses parents ainsi qu'à ses amis. Quelques-uns n'ont pas pu retenir leurs larmes. Mais c'est un départ qui fera du bien à Camille. Elle s'en va vers l'inconnu, mais n'a nullement peur. Elle est même impatiente de faire de nouvelles découvertes et de nouvelles rencontres.

Finalement installée dans l'avion, Camille devient songeuse. Elle pense à tout ce qu'elle a traversé ces dernières années pour en arriver là. À cet instant, elle est dans un vol en direction de Seattle afin de réaliser ses rêves. Les affaires de son père n'ayant plus jamais décollées, elle s'est mise en tête de créer sa propre entreprise. C'était la première fois qu'elle s'engageait dans quelque chose qui lui tenait à cœur. C'est un mélange d'excitation, de peur mais également de fierté. D'un côté, elle voulait montrer qu'elle a changé, qu'elle n'est plus aussi dépendante des autres. De l'autre, elle voulait à tout prix aider son père et le rendre fier d'elle à son tour. Elle n'aurait jamais cru cela possible et pourtant c'est le cas. Il y a quelques mois, elle a trouvé une annonce en ligne venant d'une grande entreprise de commerce. Et maintenant, elle est engagée en tant qu'assistante de direction -pour le moment- chez Sport Equipment Inc.

Grande était sa joie en voyant l'e-mail disant qu'elle fut retenue. Et bien sûr, elle espère que tout ceci n'est pas à cause de son nom de famille. C'est de l'histoire passée, son nom n'a plus aucune valeur depuis des années. C'est ainsi qu'avec les poings serrés et le torse bombé, elle s'en va tête haute, affronter le monde.

~***~

Elle s'est préparée à l'avance avant son départ. Elle a trouvé un studio sympa avec le strict minimum. La cuisine, le salon et sa chambre sont dans la pièce principale. Les toilettes et la salle de bain sont les seules pièces à part, la porte y menant se trouve entre la cuisine et l'emplacement du canapé. Pour une personne, il y avait assez d'espace. À peine entrée, Camille inspecta les lieux.

À sa gauche, la cuisine. Elle était composée de plusieurs comptoirs ébènes, un réfrigérateur et une cuisinière. Il n'y avait pas de table à manger, juste un îlot central avec de hauts tabourets. Juste en face, de l'entrée, une baie vitrée laissant apercevoir la beauté des buildings de Seattle. Le lit de trouvait juste à droite de la baie tandis que le canapé était à l'opposé.