L'embrouille de 14h00

588 109 16
                                    

C'est pas la joie, faut pas dire le contraire. On est lundi, il est 14h00 ou un truc dans le genre, j'ai 1h de trou alors je squatte une salle de travail du lycée pour faire genre de travailler. En vrai, je fixe mon cahier et j'ai dû relire au moins 6 fois l'énoncé d'un exo de maths dans mon livre qui doit bien peser 3 putains de tonnes. Je dois être sacrément conne pour pas avoir compris ce que je dois faire au bout de la 6e fois, il doit y avoir un truc pas très net dans mon cerveau.

Je suis seule avec mes écouteurs verts dans les oreilles sur une table en plein milieux de la salle, ouais y'a pas vraiment de place alors j'ai dû prendre la pire place du monde et je sais pas du tout où est Charlotte. Elle s'était cassée sans moi à la fin du cours et sans me dire où elle allait. Je sais pas si elle m'en veut encore pour jeudi aprem, mais y'a comme un froid entre nous.

J'arrête pas de penser à Élis et Igor qui se sont roulés des pelles dans ma propre baraque, y'a aussi cette nana qui doit avoir 3 ans de moins que lui. Je sais pas s'il s'en souvient, mais moi je m'en souviens bien et comme d'habitude je lui ai pas parlé depuis samedi soir. Pas de SMS, pas d'appel et pas de message sur messenger, vraiment quedal. Si ça se trouve il a rompu avec moi, mais je suis genre pas au courant. Une fois il m'avait raconté qu'il avait largué une de ses ex qui était tarée et qui lui cassait les couilles comme ça. C'est peut-être mon tour là, je crois bien que je lui casse les couilles en plus.

Alors je prends mon portable, sur l'écran de verrouillage c'est marqué qu'il est 14h07, je glisse mon doigt sur la flèche pour taper mon code et je précise que c'est pas la date de ma rencontre avec Élis où même le jour où on s'est mis ensemble. Je cherche son prénom dans mes conversation, y'a pas trop à chercher puisqu'en fait c'est le premier de la liste. Ouais personne m'a parlé depuis samedi soir et c'est un peu comme un échec pour ma vie sociale ou juste pour ma vie. Je relis le dernier message que je lui ai envoyé dans mon lit, c'était le vent qu'il m'avait foutu après que je lui ai dit que la soirée de mon frère était dans 1h.

Je soupire avec mon coude sur la table et ma joue dans la paume de ma main. Ça me saoule de pas lui parler, même s'il a fait un truc qui m'a pas trop plu. Et même si j'ai chialé comme une baleine et que j'ai pété la chaise de bureau de mon frère, je me vois déjà lui pardonner parce que je l'aime beaucoup trop pour lui faire la gueule trop longtemps.

14:09

Caro

« T'es où ? »

Tout ce que je veux c'est qu'il vienne ici pour pouvoir lui gueuler dessus et me défouler sur lui parce que j'ai que ça à foutre et façon faut bien qu'on parle de ça un jour ou l'autre et ce jour c'est aujourd'hui.

J'ai même pas le temps de reposer mon portable sur la table, qu'y'a la connasse de Magali qui arrive dans la salle de travail où je suis avec Lou et qui vient vers moi probablement pour me casser les couilles. Elle s'arrête devant moi et pose ses deux mains en mode tranquillou sur ma table comme pour me faire flipper où je sais pas quoi. Mais putain je trouve qu'elle a un petit air de mafieuse cette blondasse de merde, je paris que ses darons c'est des mafieux ou un truc dans le même genre.

Lou, elle, elle est juste derrière Magali, elle s'est pas trop approchée de ma table et tant mieux parce que ça sent déjà trop la tchoin par ici. Je suis pas en train de dire que Lou est une tchoin, mais après tout elles traîne qu'avec ce genre de gens. Sinon mis à part ça, elle a les mains dans la poche de sa veste, elle a l'air plus posée que Magali et moins conne et agressive aussi. Je crois que je commence à bien l'aimer, mais je sais pas pourquoi, peut-être parce que là, elle est en train de me faire un grand sourire et qu'on voit même plus ses yeux tellement son sourire il est grand.

Élis tu casses les burnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant