BONUS !

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Pour la énième fois cette semaine, Romain m'attend dans les jardins pour notre habituel cours. Mais hors de question que j'y aille aujourd'hui. Il peut toujours courir, je n'irai jamais me tremper sous une pluie pareille, pour lui donner la satisfaction qu'il est meilleur que moi dans chaque exercice que nous faisons. Même s'il n'a pas tord...

Alors malgré les incessants messages que je reçois de sa part, je ne réponds pas, et reste cachée dans ma chambre, attendant patiemment que la violente tempête déchaînant tous les arbres dehors se calme.
Quant à Jade, assise sur son lit à contempler le ciel orageux, elle ne cesse de rire, voyant l'air paniqué que je prends lorsque je reçois un nouveau message de menace de Romain:

— « Sophie, dépêche toi ! Ou tu risques de le regretter ! »

— « Sophie sors de ta cachette, et viens de suite !»

— « Je te jure que si je te trouve, tu auras intérêt à courir... »

Un vrai taré celui-là... avec un temps aussi glaciale, il faudrait un miracle pour que j'aille me mouiller !

De temps à autre, je glisse de légers coups d'œil par la fenêtre, l'observant. Mais il guète bien évidement ma fenêtre depuis un bon moment.

Alors que je l'avais perdu de mon champs de vision, des coups à la porte retentissent, dans ce silence de mort.

— Non ! Jade ! N'ouvre pas, c'est Roma....

Mais il est trop tard... Jade tente de refermer la porte, mais Romain la bloque d'un mouvement de bras. Il sourie ensuite hypocritement à Jade, qui se retire de la scène, riant certainement du triste sort que Romain me réserve.

Son uniforme trempé et collé à sa peau, épouse parfaitement chaque facette de sa musculature, plutôt généreuse pour son âge.
Ses cheveux dégoulinant d'eau, s'abaissent sur son front, cachant tel un masque une partie de ses yeux vert. Son visage pâle et ses lèvres bleue qu'il ne cesse de mordiller me font froid dans le dos : il va me tuer...

— Je vous laisse... ajoute Jade, se glissant hors de la chambre avec de lents gestes, tout en vérifiant l'attitude de Romain pour que celui-ci ne s'en prenne pas à elle.

Je tente de faire un pas en avant pour rejoindre Jade, mais Romain ferme la porte derrière elle, dessinant sur son visage un grand sourire de sadique. Il appuie tout son corps contre le mur, et sort enfin quelques mots :

— Tu ne veux donc pas aller t'entraîner sous la pluie ? Me demande t-il bien entendu ironiquement.

— Je... je... je voulais juste aller me doucher avant...

— Arrête tes âneries Sophie, s'exclame t-il s'approchant dangereusement de moi.

Je prends une grande inspiration, et tente de retenir les frissons qui parcourent mon corps lorsque Romain vient se placer derrière moi. La différence de température entre l'eau s'écoulant de ses cheveux, et son souffle chaud dans mon cou me rend dingue.

— Il ne faut pas trembler autant Sophie... je ne vais pas te faire de mal... continue t-il d'une voix si peux convaincante, que je n'ai qu'une envie : courir hors de cette chambre au plus vite.

J'arrive à devancer son action, et parviens à échapper de son étreinte. Ce fou a voulu me sauter dessus !

Je me mets à courir de toutes mes forces, quittant ma chambre et descendant au Rez de chaussé par les escaliers. Romain, d'une endurance incroyable, n'est pas loin derrière. Je tourne à gauche, et passe par la porte donnant sur l'extérieur. Continuant de courir le long du couloir extérieur, je regagne le bâtiment principale, ou j'enchaîne mon périple dans le CDI.

En me faufilant entre les rangées de livre, je parviens à prendre de l'avance sur lui, et à le perdre davantage. Je m'accroupis, et observe entre deux bouquins les mouvements en face.

Tout est calme, tellement calme, qu'il n'a pas vraiment l'air d'être encore là. C'est possible qu'il se soit fait attraper par mme Tirol, elle faisait cours de latin au CDI aujourd'hui. Elle déteste particulièrement les gens qui courent, qui crient, qui chantent, qui parlent... en fait elle déteste tout...

Mon cœur s'arrête de battre, et une boule nait dans mon estomac, lorsque je sens pour la seconde fois des gouttes d'eau s'écouler le long de ma nuque. Je me relève doucement, avalant difficilement ma salive, et me retourne.

Je n'ai pas le temps de réalisé ce qui se passe, que Romain me saisi, plongeant ses yeux profondément dans les miens, et m'hypnotisant, créant l'une de ses illusions.

Lorsque mes yeux clos s'ouvrent à nouveau, le paysage nous entourant a totalement changé. Nous sommes dans une salle blanche, composé de seulement quatre murs, et aucune sortie.

— Au moins je suis sûr que comme ça tu ne bougeras pas. Dit-il, fier de son idée de génie.

— Une chaise n'aurait pas été de trop au moins...

Une chaise en bois apparaît sous les fesses.
Je n'en reviens pas:

— Le dieu de l'illusion, en effet...

— Tu ne veux juste pas avouer que je suis plus doué que toi. Pourquoi as tu tant de mal à admettre que tu es plus faible ?

— Parce que ce n'est pas le cas.

— Vraiment ? Bien, prouve le moi.

Les bras croisés contre son ventre, il me regard de haut en bas, persuadé que je ne réussirai jamais à le surprendre. Il risque d'être bien déçu...

— Tu crois avoir le dessus, tu penses pouvoir tout contrôler ? Je lui demande

— Regarde où tu es, cela ne te suffi pas comme preuve ?

C'est à mon tour de faire naître sur mon visage un sourire digne de ce que je suis capable de faire. Il a réussi à m'avoir une fois, à moi de le rendre fou ! Je sais pertinemment que nos sentiments sont réciproques... alors attends toi à être surpris Romain...

À grande enjambées, je me rapproche de lui, jusqu'à ce qu'il ne reste plus d'espace entre nos corps. Je pause ma main sur sa joue, et laisse ce merveilleux échange d'énergies se faire. Et bien évidement que la magie opère : un frisson traverse mon corps, au même rythme que la décharge que j'ai senti à notre contact, et les yeux de Romain s'éclaire d'un bleu océan magnifique.

— Que fais-tu ? Demande t-il complètement perdu dans mes yeux, sans pouvoir détacher ce lien nous rapprochant dangereusement l'un de l'autre.

— Cessons ses bavardages inutiles, je lui assure, d'une grande confiance.

♦️♦️♦️

La proximité entre Sophie et moi me rend dingue. Son énergie se propageant dans mon corps pousse tous mes muscles à la tenir plus près de moi.

Je passe mes bras le long de ses hanches et les croises dans son dos. Et ne pouvant plus lutter, je pose mes lèvres sur les siennes

Alors que ce doux baiser aurait pu en être un, elle retire aussitôt sa tête, regardant mon visage se décomposer:

— À quoi tu joues ?

— Au plus fort... répond elle pleine d'assurance. Et je pense que j'ai gagné, assure t-elle.

— Je.. je ne comprend pas.., je lui avoue perplexe.

— Tu n'as qu'à regarder autour de toi!

La pièce vide que j'avais créé a disparu, laissant place au premier paysage dans lequel nous nous étions tous deux trouvés pour la première fois.

— Une illusion dans une autre... incroyable Sophie.

— Je te remercie !

— Je vais avoir le droit d'avoir mon bisou maintenant ?

— Certainement pas, affirme t-elle.

Elle disparaît d'un claquement de doigt, me laissant seul:

— Sophie ! Reviens ici !

LES HÉRITIERS DU CERCLE (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant