12. Les Ailes Blanches

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Quand je sors du passage, je suis émerveillée par la beauté des lieux.
Le plafond, couvert de dorures à moitié effacé me donne l'impression d'avoir fait un saut dans le temps. Le trou dans la toiture, baigne l'entrée du palais, d'une douce lumière. La poussière volant dans l'air, mise en évidence par les rayons de soleil, donne à cet endroit un aspect mystique et irréel, comme tout droit sorti d'un conte de fée. Les murs sont décorés de vielles tapisseries rouges couvertes de poussière et partiellement mangées par les mites. Seul le sol laisse entrevoir le passage du temps. Le bois, qui devait se trouver au sol à presque disparu, laissant voir, de temps en temps, touffes d'herbes et buissons.

Parallèlement à l'entrée, se trouve un grand et massif escalier fait de bois pourri et de pierre noire polie. À gauche et à droite de l'escalier deux couloirs, baignés dans l'obscurité totale, doivent être l'accès aux cuisines et aux chambres des serviteurs.

Je reste plusieurs minutes à regarder l'entrée du palais, émerveillée par sa beauté hors du temps. Tout est calme et silencieux, rien ne viens déranger ce lieux. Mon œil se lève seul vers l'accès à l'étage. Je sais d'instinct que c'est là-bas qu'il faut que je me rende.

Je traverse le couloir et m'arrête quand mes chaussures touchent le bout de la première marche du grand escalier. J'appréhende le moment de monter car j'ai peur qu'il ne se casse. Je me vois déjà tomber dans un trou de l'escalier.

Je pose doucement mon pied sur la première marche et attends. L'escalier ne craque pas, tout reste obstinément silencieux. J'avance, marche après marche, pied après pied. Arrivée au milieu, je me fige brusquement. Un long craquement, semblable à un râle d'agonie me fais frissonner. Je suis au milieu de l'escalier, j'ai trop peur de redescendre et je ne veux pas monter.

En trois mots : je suis coincée.

- Aller ma vieille, tu peux le faire !

Je prends une grande inspiration, pose le bout de ma chaussure sur la marche suivante et appuie dessus pour tester sa stabilité. Soudain, un craquement terrible se fait entendre.

Quatre marches devant moi se détachent de l'escalier et s'écroulent violemment au sol. Je me cramponne comme je peux à la rampe d'escalier et attends, des sueurs froides courant le long de mon dos.

Mon œil se pose sur les marches brisées, à quelques mètres en-dessous de moi. Je regarde la suite de l'escalier, il me semble en bon état.

Du moins je l'espère... Je n'ai pas envie de faire le saut de l'ange.

Je n'ai plus aucun moyen de passer de l'autre côté. À ce niveau de l'escalier, je vois partiellement l'étage. Les mêmes tapisseries couvrent les murs et le plafond. Heureusement pour moi, le sol semble toujours en bon état.

J'examine les quelques mètres qui me séparent de la suite de l'escalier. Je devrais pouvoir passer en sautant.

À condition de ne pas me rater.

C'est à ce moment précis que je regrette de ne pas posséder la magie de Sirielle qui lui permet de contrôler l'air. Il m'aurait suffi de m'élever tranquillement au-dessus du vide et d'atterrir sans problème à l'étage. Parce que moi, à part mettre le feu au bois qu'il reste à l'escalier, je ne peux pas faire grand-chose.

Je mets de côté toutes mes peurs et interrogations, je prends mon courage à deux mains, recule de quelques marches et me met à courir pour effectuer le saut qui me sépare du souvenir. Les quelques secondes passé en l'air me paraissent magistrale, mais ma réception beaucoup moins...

J'atterri lourdement - et sans aucune grâce - sur la deuxième moitié de l'escalier. Je reste quelques secondes sans bouger.

Je sais que si je me voyais quelques mois plus tôt, je ne reconnaîtrai pas la fille en face de moi. Je sais que j'aurai été incapable de faire ce que je viens de faire. La question que je me pose c'est : Qu'es ce qu'il m'a autant changé ?
L'entraînement de Gardienne ? La possibilité de devenir puissante ? L'attaque du château ? La mort prématurée de ma professeure ?
Peut-être tout cela en même temps... J'ai déjà beaucoup changé mais je sais que ce qu'il m'attend est bien pire. Comment est-ce que cela pourrait en être autrement ?

Gardienne ImmortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant